Crédits bancaires : 55,7 MMDH accordés en 2020
C’est ce qui ressort du rapport annuel de Bank Al Maghrib sur la supervision bancaire. A fin 2020, Damane Relance a couvert 35.245 crédits, pour un encours de 35,3 MMDH, Damane Oxygène un total de 49.489 crédits représentant 17,7 MMDH avec un taux de transformation qui avoisine 44%. Intelaka a accordé un montant de 2,7 MMDH à 15.085 bénéficiaires. Les détails.
L’année dernière, l’État a accordé 55,7 MMDH de crédits aux opérateurs économiques, via les banques, les sociétés de crédit à la consommation et les sociétés de crédit-bail. L’information a été rendue publique par Bank Al Maghrib, ce mardi, lors de la publication de son rapport annuel sur la supervision bancaire. A cet effet, l’État s’est servi de trois de ses leviers, en l’occurrence les programmes Damane Oxygène, Damane Relance et Intelaka. Les deux formules de prêts garantis par l’État, à savoir Damane Oxygène et Damane Relance, mis en place par la Caisse centrale de garantie (CCG), l’année dernière en pleine crise sanitaire, ont distribué 53 MMDH, représentant plus de 95% de l’encours des crédits accordés l’année dernière.
Damane Relance : 59% de PME bénéficiaires
Damane Relance a ainsi couvert 35.245 crédits pour un encours de 35,3 MMDH, à fin 2020, Par type d’entreprise, les PME en ont bénéficié à hauteur de 59%, les TPE 17%, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) 10% et les Grandes Entreprises 13%. Par secteur d’activité, un tiers du volume des crédits autorisés a été octroyé aux entreprises opérant dans l’industrie, 23% le commerce et 16% les BTP. Le taux de déblocage de ces prêts s’est établi à 60%, à fin 2020.
Pour ce qui est de Damane Oxygène, il a couvert, à la même date, un total de 49.489 crédits, représentant un encours de 17,7 MMDH, avec un taux de transformation qui avoisine les 44%. Ce taux a progressé à 94% à fin mai 2021, après l’accomplissement des formalités de mise en place. Les PME en ont bénéficié à hauteur de 63%, les TPE 24% et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) 13%.
Par secteur d’activité, un quart du volume des crédits autorisés a été octroyé aux entreprises opérant dans le secteur des industries, 20% le commerce et 19% les BTP. Pour rappel, le prêt de trésorerie, dit «Damane Oxygène», a été mis en place pendant la phase de confinement, pour répondre aux besoins de trésorerie des TPME et des entreprises de taille intermédiaire ayant connu une baisse d’activité en raison de la crise sanitaire Covid-19. La garantie de l’État couvre, à hauteur de 95%, les découverts exceptionnels destinés à faire face aux charges courantes des entreprises ne pouvant pas être reportées ou suspendues.
Le crédit Damane Oxygène est accordé au taux directeur, augmenté de 200 points de base maximum . Il était remboursable, in fine, au 31 décembre 2020. A cette date, l’entreprise bénéficiaire avait la possibilité de convertir le découvert en crédit moyen terme. Idem pour le prêt de trésorerie «Damane Relance», qui a également été mis en place au cours de la période post-confinement, pour permettre aux entreprises, toutes catégories confondues, de relancer leurs activités. La garantie de l’État varie entre 80 et 90% du montant du crédit accordé, selon la taille des entreprises. Le crédit Damane Relance est octroyé au taux directeur, majoré de 200 points de base maximum. Il est remboursable sur une période n’excédant pas sept ans, dont deux de différé maximum. Des produits spécifiques ont été mis au point pour les secteurs de l’hôtellerie et de la promotion immobilière.
Intelaka : 82% des projets ont émané des villes
L’État a utilisé un troisième levier, conçu avant la pandémie, pour répondre également aux besoins de trésorerie des entreprises affectées par la crise sanitaire. Il s’agit des prêts garantis à l’entrepreneuriat, Intelaka, qui ont représenté près de 5% des crédits distribués l’année dernière. En effet, à fin décembre 2020, le montant des crédits accordés dans le cadre de cette formule, s’est établi à 2,7 MMDH, alloués à 15.085 bénéficiaires, dont 16% de femmes. Les projets en milieu urbain ont représenté 82% du total, contre 18% en milieu rural. Par montant, 59% des financements accordés sont inférieur ou égal à 100.000 DH, 27% se situent entre 100.000 et 300.000 DH et le reliquat de 14% des prêts est supérieur à 300.000 DH. Par type d’entreprise, les TPE en ont bénéficié à hauteur de 55%, les entrepreneurs individuels et autres personnes physiques pour 45%.
Par objet, les crédits d’investissement ont représenté 90% des financements accordés et les crédits de fonctionnement 10%, seulement. Par secteur d’activité, 25% des prêts concernent le commerce, 14% l’agriculture… (Voir graphique). Par région, Casablanca-Settat a représenté 27% des crédits accordés, Rabat-Salé-Kénitra 17%, Tanger-Tétouan-Al Hoceima 12%, Fès-Meknès 10%, Marrakech-Safi 9%, l’Oriental 8%, Souss-Massa 7%, Béni Mellal-Khenifra 4%, Drâa –Tafilalet 3%, Laayoune – Sakia Al Hamra 2%, Guelmim-Oued Noun 0,7% et Dakhla-Oued Eddahab 0,3%. Rappelons que le programme national intégré d’accompagnement et de financement des petites entreprises et porteurs de projets Intelaka, a été mis en place par le ministère de l’Économie, des finances et de la réforme de l’administration, Bank Al-Maghrib et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), avant la crise sanitaire, en exécution des hautes orientations royales, contenues dans le discours du 11 octobre 2019, prononcé lors de l’ouverture de la session parlementaire d’automne. C’est une offre de financement, destinée à soutenir la création d’entreprises, qui cible notamment les porteurs de projets d’auto emploi et d’insertion professionnelle, les jeunes entreprises et les activités des TPME exportatrices vers l’Afrique, pour couvrir leurs besoins d’investissement et d’exploitation. Elle fait l’objet d’une garantie par un fonds d’appui au financement de l’entreprise, d’un montant de 6 MMDH, dont trois apportés par l’Etat et autant par les banques. Un financement de deux MMDH a été également alloué par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, à destination de l’entrepreneuriat dans le milieu rural.
Le crédit Intelaka est assorti d’une garantie à hauteur de 80%. Le montant du crédit est plafonné à 1,2 MDH. Il est accordé à un taux fixé à 2% pour les projets en milieu urbain et 1,75% en milieu rural. Cette offre est notamment dédiée aux entreprises créées depuis cinq ans maximum, à la date de la présentation de la demande de prêt (à l’exception des entreprises exportatrices vers l’Afrique), avec un CA qui n’excède pas 10 MDH.
Crédits reportés : 116 MMDH en attente à fin 2020
Signalons enfin, qu’en plus de ces efforts de soutien aux opérateurs économiques, à travers ces trois programmes de crédits, le Comité de veille avait préconisé aux banques, sociétés de crédit à la consommation et sociétés de crédit-bail, la mise en place d’un mécanisme de report des échéances de crédits amortissables et de leasing de trois à quatre mois, exempté de frais et pénalités, au bénéfice des entreprises du secteur privé et public, aux particuliers résidents et aux Marocains Résidant à l’Etranger (MRE), connaissant des difficultés liées à la Covid-19, et ceci, dès le début de la crise. Cette mesure a été, par la suite, prolongée pour certains secteurs, notamment suite à la signature de contrats-programmes dédiés avec l’État. Ces moratoires ont concerné, à fin décembre 2020, un encours de crédits totalisant un capital restant dû de 116 MMDH, soit 11,2% des encours de crédits distribués par les différents établissements de crédit. Le montant des échéances reportées, à ce titre, a cumulé 9,6 MMDH. Ces moratoires ont bénéficié à hauteur de 58% aux ménages et 42% aux entreprises. Pour ces dernières, les crédits ayant bénéficié de moratoires concernent des très petites et moyennes entreprises (TPME), à hauteur de 78% et des grandes entreprises à hauteur de 22%. Par secteur d’activité, l’industrie, l’hôtellerie et la restauration ont représenté chacun 13% des crédits reportés, suivies des transports et communication (11%), du commerce (10%) et des BTP (9%).
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO