Éco-Business

Crédit à la consommation : le verre à moitié plein

Le pouvoir d’achat des consommateurs a subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire. Cette situation a été accentuée par les tensions inflationnistes et les relèvements du taux directeur, impactant directement l’évolution du crédit à la consommation. Banques et sociétés de financement ne ménagent pas leurs efforts pour contrer cette conjoncture et répondre aux besoins pressants des clients. Comment jugez-vous la croissance du crédit à la consommation depuis le déclenchement de la crise ?

La crise sanitaire a eu un impact significatif sur l’économie marocaine, y compris sur les finances des ménages. Nombre d’entre eux ont été touchés par la perte de leur emploi, des réductions de salaire et des difficultés financières. Le gouvernement a entrepris plusieurs mesures pour soutenir les ménages pendant la pandémie, notamment en offrant des subventions pour le loyer, en reportant les paiements des factures d’eau et d’électricité et en fournissant des aides financières aux familles vulnérables.

En outre, Bank Al-Maghrib a adopté des mesures pour soutenir les emprunteurs, notamment en permettant aux particuliers de suspendre temporairement leurs paiements de prêts sans frais supplémentaires. Les sociétés de financement ainsi que les banques de la place ont également mis en place des dispositifs importants en termes de financement de crédits à la consommation.

L’accès au crédit devient un élément important pour les ménages, surtout dans un contexte de hausse de l’inflation, de baisse du pouvoir d’achat, mais aussi de hausses du taux directeur, rendant le coût du financement plus élevé. Pour atténuer cette tendance morose, les banques et sociétés de financement continuent leur mobilisation pour aider les ménages.

Les taux se durcissent
Pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, la Banque centrale a relevé son taux directeur en mars dernier, pour la troisième fois consécutive, depuis le Conseil de septembre 2022. Cependant, les banques et les sociétés de financement n’ont pas répercuté ces hausses successives immédiatement.

Au quatrième trimestre 2022, les banques déclaraient – dans le cadre de l’enquête menée par BAM – des critères d’octroi inchangés pour les prêts à la consommation, mais durcis pour les prêts à l’habitat. Toutefois, concernant la demande, elle aurait baissé pour ces deux catégories de crédit. En outre, pour ce qui est des taux appliqués aux nouveaux crédits aux ménages, ils ressortent, au premier trimestre 2023, à 4,36% contre 4,32% au quatrième trimestre 2022 pour les crédits à l’habitat, et à 6,95% contre 6,4% un trimestre auparavant pour ceux à la consommation.

D’un autre côté, et selon le tableau de bord de BAM de mars 2023, les concours aux ménages ont enregistré une hausse annuelle de 3,6%, recouvrant principalement une progression de 2,6% des prêts à l’habitat et de 2,7% pour les crédits à la consommation.

Fitch rating optimiste pour le secteur
Fitch Ratings s’attend à ce que les performances des sociétés de crédit à la consommation marocaines enregistrent une croissance en 2023, malgré des coûts de financement plus élevés et une croissance modeste qui pèse sur la rentabilité. L’agence de notation internationale rappelle que les sociétés en question – qui sont principalement détenues par de grandes banques nationales ou internationales – bénéficient de ce soutien dans leur position en capital et leur accès au financement. Le secteur marocain du crédit à la consommation est petit et concentré, selon Fitch Ratings, malgré une croissance récente, avec des actifs totaux (fin 2021 :

61 MMH) représentant seulement 3,8% du secteur bancaire. Selon l’analyse de l’agence, quatre prêteurs à la consommation, tous détenus par des banques, accaparent 80% du marché.

«Nous nous attendons à ce que les taux d’intérêt augmentent encore, ralentissant la croissance des prêts, qui a atteint en moyenne 25% entre 2017 et 2021», précise Fitch Ratings.

En outre, l’agence affirme que la tendance inflationniste au Maroc pourrait provoquer une croissance des prêts personnels. Elle estime en outre que «les pressions inflationnistes sur les revenus des ménages soutiendront une certaine croissance des prêts personnels (fin 2021 : environ 41% des prêts du secteur), mais la croissance du financement automobile (58% des crédits du secteur) restera modérée».

De ce fait, les coûts de financement pourraient être revus à la hausse en 2023, principalement suite aux hausses successives des taux directeurs de BAM. L’agence note aussi que le financement serait principalement à court terme, puisqu’à fin 2022, 49% des financements du secteur devaient arriver à échéance dans un délai d’un an.

2022  sous le signe de la résilience

Le secteur du financement du crédit à la consommation a fait montre de sa résilience en 2022. L’encours sain de cette catégorie de crédit  a progressé de 5,5% entre 2021 et 2022 pour atteindre 114,7 MMDH. L’encours sain des banques a atteint 57,7 MMDH en 2022 contre 55,7 MMDH en 2021, soit une hausse de 3,8%. Quant aux sociétés de financement, leur encours sain a atteint 56,9 MMDH en 2022 contre 53 MMDH en 2021 (+7,4%). L’encours des crédits non affectés des sociétés spécialisées dans le financement des crédits a augmenté de 5,3% et s’établit désormais à 22,5 MMDH.

Pour les crédits affectés, l’encours des établissements de crédit a connu une progression de 9% pour atteindre 33,8 MMDH en 2022. La production du marché a enregistré une évolution de 1,3% au cours de cet exercice, avec une hausse de 2,7% de la production des crédits affectés et une baisse de 3,5% de la production nette des crédits non affectés. L’encours des créances en souffrance a évolué de 5,7% entre 2021 et 2022 avec cependant un taux de sinistralité en baisse de 0,2 point (de 13,8% en 2021 à 13,6% en 2022).

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page