Ciment : une reprise en béton

L’industrie du ciment entame l’année 2025 sous les meilleurs auspices. Après une reprise progressive en 2023 et une nette accélération en 2024, les livraisons ont poursuivi leur ascension en ce début d’année. Ce dynamisme est porté par une demande croissante, stimulée par les grands chantiers d’infrastructure et le développement du béton prêt à l’emploi. Entre relance économique, investissements stratégiques et maintien des prix, le secteur du ciment semble engagé sur une trajectoire solide.
C’est un début d’année prometteur pour l’industrie du ciment. Après une période de morosité prolongée, notamment depuis la crise pandémique, l’industrie marocaine du ciment affiche des signes tangibles de reprise. Depuis la légère croissance enregistrée en 2023, la courbe a commencé à s’inverser pour noter en 2024 une augmentation notable des livraisons atteignant environ 13,7 millions de tonnes, soit une hausse de 9,45% par rapport à l’année précédente. Une dynamique qui s’est poursuivie, voire s’est améliorée durant les deux premiers mois de l’année 2025.
Un démarrage prometteur
Après un démarrage en beauté avec une progression de 13,75% en janvier dernier, à fin février, les livraisons de ciment se sont élevées à plus de 2,48 millions de tonnes, enregistrant une hausse de 12,63% par rapport à la même période de 2024, selon le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville. Cette hausse est principalement soutenue par les projets d’infrastructures d’envergure lancés.
Pour David Toledano, président de la Fédération des industries des matériaux de construction (FIMC), le trend que suit l’industrie du ciment confirme l’élan entamé par le pays en termes d’infrastructures.
«Les chantiers sont bien lancés et la demande est de plus en plus importante. La situation actuelle reflète la reprise du secteur, laquelle est principalement stimulée par le développement des infrastructures et l’essor du béton prêt à l’emploi. L’engouement de ce segment renseigne sur la modernisation des chantiers qui s’opère. De plus, ce dernier requiert des avantages non des moindres tels que le gain du temps pour l’entrepreneur corrélé à un travail plus efficient.» L’autre indicateur de l’état d’avancement des chantiers reste la forte régression de la demande pour les enduits, selon le professionnel.
En effet, le dynamisme du secteur est également visible dans la répartition des livraisons par segment. La distribution représente la part la plus importante avec 1,37 million de tonnes. Le béton prêt à l’emploi (BPE) suit avec 601.590 tonnes, puis le béton préfabriqué (PREFA) à 264.425 tonnes. Le segment du bâtiment a absorbé 76.160 tonnes, tandis que les infrastructures ont nécessité 162.735 tonnes, ce qui représente près de 46%. Enfin, les mortiers ont enregistré des livraisons de 9.722 tonnes.
L’immobilier en difficulté
Concernant le secteur du bâtiment, le constat est sans équivoque, la reprise du marché du bâtiment peine à décoller. Pour Toledano, ce segment connaît une faible progression. Un constat corroboré par des opérateurs de la promotion immobilière, lesquels indiquent que l’évolution des ventes du ciment ne reflète en aucun cas l’évolution systématique du secteur du bâtiment.
Pour eux, c’est le nombre de logements construits et autorisés qui peuvent refléter la bonne santé du secteur de l’immobilier. Une donne qui permettrait de disposer d’une visibilité sur l’évolution des constructions. Pour le professionnel, cet indicateur demeure le plus révélateur de la situation du marché. Or, au grand dam des professionnels, ces données ne sont pas disponibles. Ce qui est certain, c’est qu’ils confirmeront cette tendance à la baisse.
En effet, rappelons que le nombre de transactions immobilières demeure en chute, comme le conteste les derniers chiffres officiels qui renseignent sur les transactions immobilières au titre du troisième trimestre de l’année 2024. Ces dernières ont dégringolé de 28,9% en glissement trimestriel. Des chiffres qui suscitent l’inquiétude des promoteurs qui n’arrivent pas à sortir la tête de l’eau.
Selon certains acteurs de la profession, tant que le circuit administratif relève du parcours du combattant, la situation n’est pas près de s’améliorer. Dans ce sens, les promoteurs immobiliers ne cessent d’exhorter le département de tutelle pour simplifier ces démarches qui peuvent durer plus d’un an pour obtenir une autorisation de construction.
De plus, la cherté du foncier est une autre paire de manches. Pour pouvoir répondre à une demande grandissante, le prix du foncier devrait être réduit.
Par ailleurs, les industriels du ciment affichent un optimisme quant aux perspectives à court terme. Le lancement du programme d’aide directe au logement devrait libérer davantage le potentiel du secteur du bâtiment et maintenir la demande en ciment. En somme, l’industrie du ciment au Maroc semble sur une trajectoire ascendante, portée par des projets d’infrastructures ambitieux et une reprise économique robuste.
Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO