CIH Bank. Parée à un nouveau décollage stratégique
Il y a quelques jours, CIH Bank ouvrait le bal des présentations de résultats semestriels. L’occasion pour son président, Ahmed Rahhou, de revenir sur les chantiers essentiels du développement du groupe, qui a réussi au terme du premier semestre 2018 à enregistrer une croissance à deux chiffres de ses principaux indicateurs.
Impact de l’IFRS9
La mise en place de la norme IFRS9 a été très gourmande en fonds propres pour l’ensemble des banques. Si pour le secteur, l’impact a été chiffré à 10 voire 15%, pour CIH Bank, il a été limité à 3%. La banque s’est rattrapée grâce à l’émission obligataire de 1 MMDH initiée en mai dernier. Au niveau des provisions, l’impact a également été «extrêmement faible» sur les deux trimestres. La banque aurait à peine enregistré 40 MDH de provisions additionnelles découlant de la norme IFRS9. «Ce qui montre que la qualité de la production est bonne et surtout que le stock ne s’est pas dégradé», souligne Rahhou, en rappelant que «de toute façon, il faudra attendre encore trois ou quatre trimestres, le temps que la mécanique se rôde et de pouvoir effectivement apprécier l’impact de la norme». En revanche, le passage à la nouvelle norme sera pressenti sur le volet commercial puisque la procédure nécessite désormais d’attribuer une notation client avant la prise de décision, ce qui pourra entraîner le rallongement du processus et donc du délai de réponse ainsi qu’une «légère» hausse de la rémunération du crédit.
Tunisie/International
CIH Bank est en lice avec le groupe BCP pour la reprise des actifs de la banque tunisienne Zitouna. Si le dossier de la banque rouge et bleue est toujours en cours d’instruction, son PDG, lui, paraît confiant. Pour Rahhou, CIH Bank s’est longtemps concentrée sur le raffermissement et la consolidation de son positionnement sur le marché local avec une stratégie de développement conforme aux besoins du marché national. Désormais, Rahhou voit grand : «Nous pensons que nous sommes mûrs pour aller concourir d’autres marchés à l’étranger», affirme-t-il. Pour Rahhou, la banque Zitouna dispose d’un bon niveau de valorisation et représenterait du coup un bon point d’entrée pour le marché tunisien qui, au passage, «ressemble beaucoup au marché marocain», ce qui procure à la banque beaucoup de facilité pour s’y projeter.
Umnia Bank
La filiale participative de CIH Bank a démarré son activité en octobre 2017. La banque qui dispose aujourd’hui de 18 agences affiche un dynamisme certain. En moins d’un an, la filiale contribue à hauteur de 5 MDH dans le PNB de la maison-mère avec des ressources de 288 MDH et un total financement de 524 MDH, ce qui démontre l’attrait du consommateur pour cette nouvelle industrie. «Désormais 1 client sur 10 finance son logement par financement participatif», souligne Rahhou, chiffres de Bank Al-Maghrib à l’appui. L’encours des financements Mourabaha immobilier dans le secteur dépasse les 1,1 MMDH et représente donc 10% du marché du crédit immobilier. Si aujourd’hui, la croissance des financements est plus forte que la croissance des dépôts, le problème du refinancement se pose toujours. Le chantier des sukuks qui représente un maillon déterminant de l’écosystème de la finance participative n’ayant pas encore abouti, une alternative a été mise en place par le Conseil supérieur des Oulémas (CSO) et Bank Al-Maghrib. «Le marché a aujourd’hui l’autorisation du CSO et BKAM pour se financer par le biais de la mise à disposition des fonds par le secteur bancaire conventionnel avec des règles de rémunération qui ont été établies par le CSO», explique Rahhou. Toutefois, «pour le moment , nous disposons d’un capital de 600 MDH alors que le niveau des exigences initiales est de 200 MDH. Nous avons encore de la marge»
Banque digitale
En quelques années seulement, CIH Bank semble avoir réussi sa transformation digitale. C’était d’ailleurs l’un des défis du top management depuis le dernier lifting de la banque. Le pari du digital banking semble avoir porté ses fruits avec, aujourd’hui, ses 2 millions de connexions (contre à peine 20.000 il y a encore quelques mois). D’ailleurs, l’agence française de notation D-rating avait cité CIH Bank en tant que banque la plus digitalisée au Maroc. Pour l’agence, la banque se positionne comme étant l’établissement ayant le plus fort niveau d’utilisation des canaux digitaux dans sa relation avec ses prospects et ses clients. Outre cet aspect, le groupe s’est également positionné sur le paiement mobile. L’application a été lancée cet été et concerne pour l’instant le transfert d’argent uniquement. La banque travaille sur le paiement auprès des commerçants pour que cela soit opérationnel avant la fin de cette année. Des négociations seraient également en cours avec l’Office des changes pour le paiement à l’étranger. Rahhou se réjouit d’avance de la mise en place de ces services mobiles et s’impatiente de la mise en place de l’interopérabilité. Le marché s’attend à une mise en place imminente. «Avec l’interopérabilité, le Maroc disposera du meilleur système de paiement de la région», lance le PDG.
Ahmed Rahhou
PDG de CIH Bank
Avec l’IFRS 9, les banques seront de plus en plus sélectives pour l’octroi de crédits. Cela ne lèse-t-il pas l’entreprise en difficulité ?
La relation entre l’entreprise et sa banque ne changera pas. Ce n’est pas IFRS 9 qui nous amenera à émettre un avis favorable ou non pour l’octroi de crédits. Cette décision est basée en général sur des caractéristiques dépendant de la santé financière de la société, de la crédibilité et la soutenabilité du projet. Tout cela ne changera pas. D’un autre côté, ceci aura un impact sur nos comptes, dans la mesure où le crédit ne se dénouera pas aussi facilement que par le passé, puisque nous devons le provisionner dès le départ. Mais d’après nos calculs, cet impact reste soutenable pour les banques. Désormais, l’analyse initiale du dossier sera appuyée de la notation du client. Celle-ci devient une exigence. Aujourd’hui, elle influe fortement sur la décision, puisque c’est sur cette base qu’est calculée la provision.
Vous offrez désormais des produits gratuits. Y a-t-il un manque à gagner ?
Nous évoluons avec un nouveau modèle bancaire que nous voulons de plus en plus digital. Je considère que quand le client ouvre un compte chez CIH et qu’il dispose d’une application sur son smartphone, il effectue lui-même ses propres opérations sans se déplacer à l’agence. Il ne coûte donc rien à la banque. Pourquoi alors le faire payer? Nous facturons uniquement les opérations effectuées en agence. Aussi, j’estime que la carte bancaire ne doit pas être payante non plus. Pour nous, ce qui est gratuit pour la banque doit l’être pour le client.
Ajar Invest apparaît déjà dans les comptes consolidés. A-t-elle démarré son activité ?
Nous attendons toujours les textes d’application relatifs à la loi sur les OPCI. De notre côté, nous essayons de de faire avancer les choses… Nous espérons que cela se débloquera bientôt.