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Céréales. La France veut (re)conquérir le marché marocain

La période d’importation du blé au Maroc démarre le 1er novembre prochain, ce qui ouvre les hostilités entre les pays exportateurs du blé dans le monde. La France et les pays d’Europe de l’Est se disputent le marché marocain.

Ils étaient plus de 60 acteurs de l’écosystème céréalier français à faire le déplacement à Casablanca, hier mardi, pour vanter les mérites du blé tendre made in France. «La France, 4e exportateur mondial de blé meunier entretient des relations exemplaires avec le Maroc, tant sur le plan politique qu’économique. Les céréaliers français souhaitent que la campagne de commercialisation qui démarre soit l’occasion de consolider et de renforcer encore ces échanges commerciaux», espère Phillipe Heusele, président de France Export Céréales, association pour la promotion internationale des céréales françaises. Cet organisme invite chaque année des traders internationaux, minotiers et institutionnels marocains avec, en ligne de mire, la reconquête du marché des céréales au Maroc.

Le Maroc séduit par le blé russe
En dépit d’une bonne campagne agricole (103 Mqx), le royaume demeure un importateur structurel de céréales et devra cette année encore importer une large partie de ses besoins. Les céréales françaises constituaient 50% des importations marocaines de blé tendre. Cela étant, depuis 2010, les agriculteurs de l’Hexagone sont en train de perdre le marché marocain. Le tournant était la récolte 2016/17 qui avait constitué un coup dur pour la filière française. Les parts du marché au Maroc avaient chuté à moins de 10%, une première historique. «La qualité du blé français avait souffert des aléas climatiques», explique Benoit Meleard, de l’Institut français du végétal.

«La France n’a plus le même poids dans la structure d’importation au Maroc. Avant, la France représentait 60 à 70% de nos importations. Aujourd’hui, elle est entre 30% à 40%», nous indiquait Chakib Alj, président de la Fédération nationale des minotiers (FNM), dans une précédente interview. Le recul de la France a été compensé par des importations des marchés de la Mer noire (Roumanie, Ukraine et Russie). Ces pays dépassent désormais les importations françaises qui se situaient à moins de 40% durant l’année 2017-18, soit 900.000 tonnes. Dans ce cadre, les Russes affichent de grandes ambitions sur le marché marocain, comme en témoigne la demande du ministre russe de l’Agriculture qui avait souhaité en septembre dernier «que le royaume réduise sa taxe sur le blé de 135 à 30% d’ici à la fin de 2018». «Le marché marocain fait certes confiance de plus en plus à la mariée russe et ukrainienne. La mariée française se présente cette année sous de meilleures conditions», affirme Thierry de Boussac, du Syndicat national du commerce extérieur des grains de France.

Pour l’année prochaine, la France table sur une importation en hausse qui devrait se situer à 1,4 million de tonnes. «Les pays de la Mer noire récoltent les fruits d’années de travail. Aujourd’hui, ils sont des acteurs incontournables du marché céréalier mondial», analyse Jamal M’hamdi, président de la Fédération de négociants en céréales et légumineuses (FNCL). Et d’ajouter : «Le blé français demeure une source d’approvisionnement sûr que le marché marocain utilise comme un appoint à l’importation». Pour convaincre les importateurs marocains d’acheter le blé tendre Made in France, France Export Céréales compte aussi sur la coopération technique pour regagner la confiance des Marocains. Au cours de cette journée, la FNM et France Export Céréales ont signé une nouvelle convention-cadre de coopération technique. «Les actions prévues à ce stade des discussions sont des formations en management de laboratoires d’analyses, un accueil de techniciens en France pour des formations de formateur ou encore un don d’ouvrages pédagogiques pour les étudiants de l’Institut de formation de l’industrie meunière (IFIM)». Cet établissement de formation est dirigé par la FNM. Pour les importations de maïs, le Maroc privilégie le marché américain, suivi de l’Argentine et du Brésil. La France dispose d’une très faible part de marché sur ce produit.


La Russie fait le marché mondial

La production de blé tendre est marquée par une «forte baisse des productions en particulier en Europe et Mer noire», note France Céréales Export. La plus forte baisse sera en Russie (-15,5 Mqx) et UE-28 (14 Mqx). Résultat : le déficit mondial de blé tendre sera autour de 10 millions de tonnes. C’est le disponible exportable russe qui préservera les équilibres mondiaux du blé. L’année est aussi marquée par une mauvaise récolte en Australie. Côté importateurs, le Maghreb continue à être un importateur à hauteur de 23 Mqx.


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