Éco-Business

Casablanca-Settat : les travers de l’écosystème TPME ont la peau dure

Le rapport 2025 de l’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME) sur le tissu entrepreneurial au niveau de la région Casablanca-Settat pointe du doigt les fragilités des entreprises jeunes et la hausse des dissolutions. Par ailleurs, les disparités provinciales et salariales, ainsi que les défis spécifiques à l’entrepreneuriat féminin et à l’accès au crédit pour certaines catégories d’entreprises subsistent.

L’Observatoire marocain de la TPME (OMTPME) a levé le voile sur la santé économique du tissu entrepreneurial de la région Casablanca-Settat dans son rapport 2025. C’est dans le cadre de sa mission de production de statistiques et d’indicateurs sur le tissu productif national que cette entité a publié la quatrième édition de ses rapports régionaux.

Objectif : fournir un diagnostic du système productif de chaque région et analyser le tissu des entreprises personnes morales actives (EPMA). L’étude a été enrichie par une analyse comparative avec la période pré-covid (de 2017 à 2019). Le rapport révèle une certaine résilience du tissu EPMA, qui affiche un retour à un rythme de croissance des créations d’entreprises et de l’emploi proche de celui d’avant la pandémie.

Cependant, cette dynamique s’est accompagnée d’une hausse sensible des dissolutions et de disparités significatives selon les provinces, les secteurs et la taille des entreprises, soulignant à la fois les forces concentrées de la région et les défis qui persistent.

Dans ce sens, la période 2017-2023 a connu une croissance des créations d’entreprises personnes morales, passant de 15.057 à 23.934, soit une augmentation de 59%, atteignant un pic avec 24.403 créations d’entreprises en 2021, probablement en raison du report des projets initialement prévus en 2020.

Les entreprises de moins de 5 ans plus vulnérables
Le rapport pointe également du doigt une augmentation «sensible» des dissolutions, avec une moyenne annuelle de plus de 3.000 entreprises sur 2022-2023, contre environ 2.500 avant la crise. Cette hausse, observée dans l’ensemble des provinces de la région, bien qu’à des degrés divers, touche particulièrement les entreprises les plus jeunes (moins de 5 ans), dont le taux de dissolution a bondi de 1,4% en moyenne pré-covid à 23,4% post-covid.

Le secteur de l’enseignement fait figure d’exception, étant le seul à avoir vu son rythme de dissolutions baisser. En chiffres, les dissolutions d’entreprises personnes morales ont bondi dans les années post-covid atteignant un pic de 3.349 en 2023.

Après avoir augmenté en moyenne annuelle de près de 2% entre 2017 et 2019, les dissolutions de PME se sont accrues de 29% entre 2021 et 2023. Leur baisse significative observée en 2020 résulte de la fermeture des tribunaux à cause de la pandémie. En se référant à la répartition et l’évolution provinciale des dissolutions, toutes les provinces sont touchées par l’augmentation du nombre de dissolutions observée entre 2017 et 2023, mais cette hausse est inégale.

La préfecture de Casablanca concentre 83% des dissolutions de PME en 2023 et enregistre une augmentation de près de 23% par rapport à 2017. Quant à la répartition et l’évolution sectorielle des dissolutions, le rythme par secteur d’activités a connu des fluctuations inégales. Seul le secteur de l’enseignement, comme il a été signalé, a enregistré une baisse du rythme des dissolutions des entreprises après la pandémie.

Aussi, pour l’âge des entreprises en cours de dissolution, les entreprises de moins de 5 ans d’âge ont été les plus vulnérables à ces chocs, le taux de dissolution les concernant est passé d’une moyenne de 1,4% avant la crise de covid à 23,4% dans la période post-covid.

La croissance des TPME plus rapide que celle des grandes entreprises
En 2023, les EPMA de Casablanca-Settat ont généré un chiffre d’affaires cumulé de près de 1.399 MMDH et une valeur ajoutée de 269,113 MMDH. Si ces chiffres représentent des hausses par rapport à 2017 (48% pour le CA, 37,4% pour la VA), le rapport note que le rythme de croissance annuel en 2023 (1,3% pour le CA, 2,3% pour la VA) est redevenu inférieur à celui des années pré-covid, après le rebond économique observé en 2021. Aussi, les grandes entreprises (GE) continuent de dominer largement ces indicateurs, réalisant 69% du CA et 67% de la VA en 2023.

Néanmoins, le rapport souligne que les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) ont affiché un rythme de croissance de leur chiffre d’affaires plus rapide que celui des GE dans la période post-covid.

Sur le plan sectoriel, le commerce, l’industrie manufacturière et la construction restent les principaux contributeurs au CA et à la VA, bien que leur part relative ait légèrement diminué au profit d’autres secteurs comme les activités spécialisées scientifiques et techniques ou la production/distribution d’électricité et de gaz. La préfecture de Casablanca concentre l’essentiel de l’activité. 86% des EPMA y sont basées, générant 92% du CA et 94% de la VA régionale en 2023. Elle accueille également 80% des entreprises déclarantes à la CNSS, employant 88% des salariés déclarés.

Cependant, l’analyse provinciale des dynamiques démographiques et économiques révèle des évolutions différenciées. Les provinces de Berrechid et Benslimane se distinguent par des hausses notables du nombre d’EPMA, du CA, de la VA et de l’emploi, témoignant d’une expansion en dehors du cœur historique de la métropole. El Jadida montre aussi une concentration de l’emploi dans l’agriculture et la sylviculture, tandis que Berrechid se positionne sur l’industrie manufacturière. Les provinces de Sidi-Bennour, Ben Slimane et Settat voient le commerce dominer l’emploi déclaré.

Par ailleurs, le nombre de salariés déclarés à la CNSS dans la région a significativement augmenté, atteignant 1,825 million en 2023. Le rythme de croissance de l’emploi s’est même accéléré dans la période post-Covid (5,7% en moyenne annuelle) par rapport à la période pré-Covid (3,2%).

Malgré cette croissance globale, des disparités importantes apparaissent, notamment en termes de salaires. Près de 65% des employés déclarés percevaient un salaire inférieur à 4.000 DH en 2023, une proportion qui atteint 81% dans les entreprises et près de 56% dans les très jeunes entreprises (moins de 2 ans). L’étude met également en évidence des écarts de genre plus marqués dans les tranches de bas salaires, bien que les femmes soient majoritaires dans certains secteurs comme la santé humaine et l’enseignement.

Entrepreneuriat féminin et accès au financement
L’étude consacre un volet spécifique à l’entrepreneuriat féminin, révélant qu’en 2023, 15,6% des EPMA de la région sont dirigées par des femmes, un chiffre proche de la moyenne nationale. Cette proportion est plus élevée dans les micros entreprises (16,1%) et les jeunes entreprises (moins de 5 ans).

Géographiquement, la province de Nouasser affiche la part la plus forte (22,7%), tandis que Sidi-Bennour se situe en queue de peloton (près de 9%). Les secteurs de la santé humaine, autres services et enseignement montrent les proportions les plus élevées de dirigeantes. Concernant l’accès au financement bancaire en 2023, 51.912 EPMA non financières ont bénéficié d’un crédit.

L’encours total de ces crédits s’élève à 314,4 MMDH avec une concentration de 93,1% de l’encours qui est détenu par des entreprises basées à Casablanca. Les entreprises dirigées par des femmes, bien que représentant 15,2% des bénéficiaires étudiés, ne représentent que 12,7% de l’encours total des crédits. Les entreprises de plus de 10 ans et les grandes entreprises captent la majeure partie des encours.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



Bourse : le MASI recule pour mieux rebondir


Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp Suivez les dernières actualités de LESECO.ma sur Google Actualités

Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters




Bouton retour en haut de la page