Carburants : la consommation se redresse
Après sa contraction entre janvier et avril, par rapport à la même période de l’an dernier, la consommation de carburants augmente jusqu’à légèrement dépasser son niveau de mai et juin 2021. Comment expliquer cette tendance ?
Dans Les Inspirations Éco n°3109 du 30 mai 2022, nous annoncions, chiffres à l’appui, que les ventes de carburants par les distributeurs étaient en légère baisse entre janvier et avril 2022, alors que les prix à la pompe augmentaient. À la faveur de la saison estivale, et malgré la hausse récente de ces derniers, le constat est que les volumes consommés en mai et juin se redressent pour atteindre les niveaux enregistrés à la même période en 2021. Cette tendance apparaît à l’analyse des chiffres publiés dans le bulletin mensuel de statistiques des finances publiques (BMSFP) de la Trésorerie générale du Royaume (TGR) au titre du mois de juin 2022.
Pour une TIC sur le gasoil à 2,42 DH/litre et à 3,76 DH/litre pour l’essence super, le Trésor indique avoir collecté 6,697 MMDH de recettes brutes au mois de mai et 8,109 MMDH en juin. Soulignons qu’à la différence de la TVA sur les produits énergétiques, la TIC est fixe dans la structure de prix des carburants que les distributeurs nous servent à la pompe, quelle que soit la variation des prix observés sur le marché.
Du coup, la variation des recettes de la TIC ne dépend que des volumes consommés par les automobilistes. Vu que les recettes brutes de mai et juin 2022 affichent, respectivement, de légères hausses de 0,96% (+64 MDH) et 0,90% (+72 MDH) par rapport à la même période en 2021, l’on déduit aisément que les volumes consommés se redressent, pour ne pas dire qu’ils rattrapent et dépassent ceux de la même période de l’an dernier.
Sur la base de cette tendance, qui se dégage malgré la hausse des prix des carburants, et tenant compte des prévisions à la baisse des prix à la pompe pour la prochaine quinzaine, il faudrait s’attendre à une augmentation des volumes consommés, sachant que la saison estivale est connue pour ses pics de consommation. Dans un tel contexte, c’est l’État qui se frotte les mains, puisque les recettes collectées dépassent de loin celles attendues dans le PLF 2022.
Les recettes de la TVA à l’import sur les produits énergétiques ont augmenté de 92,3% à fin juin !
En mai 2022, le prix en dollar du baril de pétrole brut de la mer du Nord (Brent) a nettement rebondi de 7,8% après une baisse de 10,5%, s’établissant en moyenne à 113,1 dollars. Conséquence : pour le mois de mai, les recettes de la TVA sur les produits énergétiques ont enregistré une hausse de 85,7% ou +2,147 MMDH. Pire encore, en juin, la moyenne mensuelle du prix spot du Brent s’est établie à 123 $/b.
Ce qui est le plus haut niveau atteint depuis le début du conflit en Ukraine. Pour comprendre l’évolution du prix du brut en juin, il faut se pencher non seulement sur les facteurs qui l’impactent traditionnellement, mais également sur les éléments de contexte, notamment diverses taxes et charges liées au raffinage, au stockage, à la distribution, et sur le contexte géopolitique actuel marqué par la guerre Russie-Ukraine, qui a une incidence significative sur le marché et notamment sur l’offre.
Résultat : en juin, les recettes TVA sur les produits énergétiques ont enregistré une hausse de 92,3% ou +2,851 MMDH.
Les remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux se poursuivent
En mai, les recettes nettes de la TIC sur les produits énergétiques ont atteint 6.572 MDH contre 6.614 MDH, en diminution de 0,6% par rapport à leur niveau de fin mai 2021 ou -42 MDH, compte tenu de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux de 125 MDH à fin mai 2022 contre 19 MDH un an auparavant. En juin, les recettes nettes de la TIC sur les produits énergétiques ont atteint 7,981 MMDH contre 8,011 MMDH, en diminution de 0,4% par rapport à leur niveau de fin juin 2021 ou -30 MDH, compte tenu, là aussi, de remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux de 128 MDH à fin juin 2022 contre 26 MDH un an auparavant.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO
