Éco-Business

Cahiers scolaires. L’effet vertueux de la protection étatique

Les mesures de défense commerciale prises contre les cahiers tunisiens a redonné des couleurs à l’industrie marocaine, dont les représentants réfutent toute possibilité de pénurie sur le marché.

La mise en place des mesures anti-dumping contre les cahiers scolaires tunisiens a enflammé les relations commerciales entre le Maroc et le pays du jasmin. Ce dernier, mécontent de la décision des autorités marocaines, a décidé d’ouvrir une demande de consultation auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En parallèle, les importateurs marocains pointent du doigt un risque de pénurie des cahiers due à l’insuffisance de la protection nationale. Une éventualité qui a engendré un vent de panique sur le marché, et qui est surtout écartée d’un revers de la main par l’Association des fabricants des cahiers au Maroc (AFCM).

«Aucune pénurie de cahier scolaire n’a été et ne sera enregistrée. À ce jour, l’achalandage de tous les points de vente (grandes et moyennes surfaces, librairies, papeteries…) est assuré et les producteurs locaux couvrent le besoin national en cahiers de manière régulière et constante, les besoins prévisionnels de la prochaine rentrée scolaire 2019/2020 sont largement anticipés, la capacité de production des industriels nationaux ainsi que le rythme de production permettent aisément de faire face aux 22.000 tonnes des besoins du marché marocain», assure Nabil Tber, président de l’instance professionnelle.

Ainsi, les mesures étatiques ont eu un effet positif sur l’industrie. Les industriels du secteur ont considérablement amélioré leur outils de production afin de pouvoir offre au consommateur un cahier de qualité à un prix attractif. À fi n 2018, le secteur a porté des investissements de modernisation de l’ordre de 250 millions de DH. Ils assurent ainsi que si augmentation du prix il y a, elle est due à la conjoncture internationale. «Bien que le cours mondial du papier ait connu une hausse de 40%, passant de 760 euros en janvier à 1050 euros par tonne à fin juin 2018 impactant ainsi le prix au kilo du papier à 10,30 DH, l’impact de cette hausse sur le prix du cahier sur le marché marocain est non significative et est en deçà du prix des intrants », continue Tber, qui assure qu’il n’existe «aucun lien de cause à effet entre l’instauration de mesures antidumping contre le cahier tunisien par le gouvernement marocain et la hausse constatée sur le prix du cahier et il ne faut en aucun cas leurrer le consommateur marocain en insinuant le contraire». Les importateurs font l’objet de critiques.

Selon les producteurs, les importateurs sont principalement à l’origine de ce quiproquo car «voulant induire à la confusion l’opinion», indique de son côté Mohsine Sefrioui, de Med Paper. Et d’ajouter : «N’oublions pas que les sociétés adhérentes à l’AFCM emploient directement plus de 1200 personnes et font travailler indirectement plus de 5000 personnes. Il s’agit donc d’une réelle filière industrielle contrairement aux importateurs qui emploient chacun pas plus de 5 ou 6 personnes tout en faisant le même chiffre d’affaires. Seulement, en achetant le produit fini de Tunisie, l’emploi et la plus-value sont tunisiens». C’est ainsi que la notion de «patriotisme économique» ressort encore une fois, alors que le Maroc demeure défi citaire dans quasiment tous les accords de libre-échange signés. Les producteurs de cahiers indiquent ainsi que la majorité de ces accords ont été signés pour des «raisons politiques» et non en fonction des intérêts des professionnels. Un état des lieux partagé par le ministère des Finances. «Les résultats obtenus jusque-là ne semblent pas être à la hauteur de l’effort de libéralisation tarifaire consenti», indiquent les analystes du DEPF qui expliquent que pour redresser cette situation défavorable, le Maroc gagnerait, sans se soustraire à ses engagements commerciaux, «à oeuvrer activement en faveur de l’optimisation de sa politique commerciale extérieure à travers une triple action». Une révision globale des accords de libre-échange conclus est donc souhaitable, tout comme un rééquilibrage des relations commerciales avec les partenaires. Pour cela, rien n’empêche de faire du protectionnisme en renforçant le dispositif de défense commerciale dans le but de «lutter vigoureusement contre la concurrence étrangère déloyale, notamment à travers un contrôle plus strict à la frontière (fraude, contrebande, sous-facturation…) de sorte à préserver l’intégrité du marché intérieur et favoriser son développement harmonieux ».



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