Bourse de Casablanca. Un bouclier anti-crise inédit
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles..Pour faire face à la volatilité exacerbée à laquelle font face de nombreuses places financières, le coupe-circuit semble le dispositif le plus efficace. La Bourse de Casablanca n’est pas en reste. Elle détaille, dans une note, les spécificités de ses propres instruments.
En ces temps de crise sanitaire mondiale, la panique est de mise au sein des marchés financiers. Ce qui génère des baisses conséquentes de l’ensemble des indices. Pour éviter toute hémorragie, les places financières déclenchent un mécanisme appelé coupe-circuit et qui permet de suspendre temporairement toutes les transactions.
Ce dispositif est activé dans des moments de panique et d’extrême volatilité et peut durer quelques minutes ou toute une séance de bourse. L’objectif étant de permettre aux différents intervenants de réévaluer les conditions et paramètres de marché (risque, liquidité, flux d’informations) et de revoir leurs décisions. Ces coupe-circuits ont été adoptés pour la première fois après le fameux crash boursier d’octobre 1987, connu sous le nom de «Lundi noir». Le Dow Jones avait chuté ce jour-là de 508 points, soit près de 23%. Les coupe-circuits ont également été utilisé au niveau des places anglosaxones suite à l’onde de choc asiatique en 1997. Le Dow Jones a encore une fois flanché de 554 points, soit 7,2%.
Aujourd’hui, et depuis le mois de mars, la bourse de New York n’a cessé d’enclencher ses coupe-circuits pour limiter une ruée vers les actifs risqués et atténuer la volatilité.
Le cas du Maroc
«À la différence du NYSE (New York Stock Exchange) et d’autres bourses de renommée mondiale, la Bourse de Casablanca a fait le choix de ne pas conditionner la suspension ou l’arrêt complet du marché au comportement de son indice phare (MASI)», explique la Bourse de Casablanca dans une note. Les coupe-circuits au Maroc sont donc activés au niveau de chaque instrument financier. Ce mode de fonctionnement plus précis et flexible permet également d’adresser des situations de panique qui concerneraient les titres d’une seule société ou d’un secteur en particulier. De cette manière, le marché casablancais continue de fonctionner normalement pour les valeurs qui ne seraient pas concernées par le mouvement de panique et évite ainsi de les pénaliser.
Resserrement de seuils de variation
À la Bourse de Casablanca, les coupe-circuits sont déclinés en seuils de variation statiques et dynamiques. Le premier fixe la variation maximale ou minimale du cours d’un instrument financier par rapport à son cours de référence (cours de clôture ajusté de la veille). Le second, quant à lui, concerne la variation maximale ou minimale du cours d’un instrument financier par rapport à son dernier cours traité (cours de la dernière transaction durant la même séance de bourse). «Si la confrontation des ordres d’achat et de vente est susceptible de mener à un cours d’exécution franchissant les seuils statique ou dynamique, la négociation de l’instrument en question est alors suspendue momentanément. On parle dans ces cas d’une réservation à la hausse ou d’une réservation à la baisse (en fonction du sens de franchissement des seuils)», explique la Bourse de Casablanca.
Pour rappel, après que le Masi ait perdu plus de 20% en une semaine, il a été décidé de modifier les seuils de variations des valeurs cotées. Ainsi, depuis le 17 mars 2020, la variation maximale, à la hausse et à la baisse, du cours d’un instrument financier pendant une même séance ne peut excéder 4% du cours de référence pour les titres de capital dont la cotation est en mode continu. Ce seuil a été limité à 2% des cours de référence pour les titres de capital dont la cotation est en mode fixing et les titres de créance.
Techniquement, comment ça marche ?
«Ces fixing et extensions arrêtent temporairement les transactions tout en en permettant aux investisseurs de transmettre au marché des ordres d’achat ou de vente et ainsi équilibrer le marché. Ceci permet également de donner plus de temps aux investisseurs pour traiter l’information, analyser la situation et ne pas céder à la panique», précise la Bourse de Casablanca. Dans le cas d’une réservation lors du fixing d’ouverture, des extensions de 10 min chacune du fixing d’ouverture sont programmées jusqu’à ce que le cours du fixing de l’instrument en question revienne dans la fourchette tolérée. À défaut, aucune exécution n’est effectuée et l’instrument bascule au fixing de clôture. Dans le cas de d’une réservation lors de la phase de négociation en continu, un fixing de réouverture de 5 min est organisé pour l’instrument en question. Si le cours reste en dehors de la fourchette tolérée, des extensions de 10 min chacune du fixing de réouverture sont programmées jusqu’à ce que le cours revienne dans les seuils. À défaut, aucune exécution n’est effectuée et l’instrument bascule au fixing de clôture.
