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Bourse de Casablanca : les industriels reprennent en force

Après une période de stagnation, les sociétés industrielles cotées à la Bourse de Casablanca connaissent un regain de dynamisme au second trimestre 2024. Portées par une hausse significative des investissements et une gestion rigoureuse de leur endettement, ces entreprises retrouvent le chemin de la croissance. Cependant, des disparités sectorielles subsistent, reflétant tant les défis que les opportunités, dans un environnement économique en mutation.

La Bourse de Casablanca, après avoir traversé une période marquée par l’incertitude économique et les fluctuations sectorielles, observe un redressement notable des sociétés industrielles au cours du second trimestre 2024. Ce regain d’activité témoigne de la résilience du secteur industriel, soutenu par des investissements stratégiques et une gestion rigoureuse des risques.

Un premier semestre sous tension
Au premier semestre 2024, les sociétés cotées à la Bourse de Casablanca ont globalement connu une progression de leur chiffre d’affaires de 4,3%, atteignant 153 milliards de dirhams (MMDH). Cette croissance a été principalement portée par les performances robustes des institutions financières, dont le produit net bancaire (PNB) a augmenté de 12,7% pour s’établir à 46,3 MMDH. En revanche, les sociétés industrielles ont présenté un chiffre d’affaires en quasi-stagnation, avec une légère hausse de 0,6%, atteignant 93,8 milliards.

Reprise des industries au second trimestre
Le second trimestre a marqué une inversion de tendance pour le secteur industriel, avec une hausse de 4,2% de son chiffre d’affaires, qui a atteint 48,2 MMDH. Cette reprise a été d’autant plus remarquable que le premier trimestre avait été caractérisé par un recul (-3%). Les performances de plusieurs sociétés industrielles ont été particulièrement notables, notamment dans les secteurs pétrolier, gazier et minier.

Selon les analystes de BMCE Capital Global Research (BKGR), «la reprise observée au T2 – 2024, malgré un calendrier défavorable incluant les effets de l’Aïd El Adha, pourrait augurer d’une poursuite de l’accélération de l’activité commerciale au second semestre». Cette observation met en lumière une dynamique positive qui, si elle se confirme, pourrait renforcer la position des sociétés industrielles à la Bourse de Casablanca.

Performances contrastées au sein des industries
Parmi les entreprises industrielles, certaines ont su tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Managem, dont le chiffre d’affaires a progressé de 26% pour atteindre 2,473 MMDH, grâce à une contribution accrue de l’or, favorisée par une hausse des volumes vendus et une amélioration des cours du métal précieux.

D’autres sociétés ont également affiché des performances solides, telles que TGCC et JET Contractors, qui ont respectivement enregistré des augmentations de 30% et 46,6% de leur chiffre d’affaires. TGCC a bénéficié de la dynamique favorable du secteur de la construction, soutenue par des projets stratégiques dans les secteurs de la santé et de l’éducation, tandis que JET Contractors a capitalisé sur son expansion internationale, qui représente près de 43% de son portefeuille à fin juin 2024.

Cependant, la reprise n’a pas été uniforme. Des entreprises comme Taqa Morocco, Lafargeholcim Maroc, et Lesieur Cristal ont subi des contreperformances notables. En effet, Taqa a vu son chiffre d’affaires reculer de 24,1%, un repli attribué à la baisse des frais d’énergie et à celle des prix du charbon sur le marché international. De même, Lafargeholcim Maroc a enregistré une contraction de 10,6% de son chiffre d’affaires, en raison d’une demande en baisse pour le clinker à l’export et d’une surproduction sur le marché national.

Des investissements en forte progression
En parallèle, les sociétés industrielles ont intensifié leurs investissements, avec une augmentation des CAPEX (dépenses en capital) de +18,9% à 8,6 MMDH. Cette hausse est principalement due à l’important programme d’investissement de Managem, qui a multiplié ses CAPEX par 2,3 pour atteindre 2,684 milliards. D’autres sociétés, comme Maroc Telecom et Oulmes, ont également contribué à cette dynamique, avec des augmentations respectives de 9,7% et 33% de leurs enveloppes d’investissement.

Une légère baisse de l’endettement net
Malgré ces investissements conséquents, les sociétés industrielles ont réussi à réduire légèrement leur endettement net de 1,9%, à 57,8 milliards, comparativement à fin 2023. Cette réduction est principalement attribuée à Managem, qui a bénéficié d’une augmentation de capital de 3 MMDH, ainsi qu’à Afriquia Gaz. Le secteur des télécommunications reste le principal contributeur à l’endettement global, représentant 26% de l’encours total de la dette, suivi par les secteurs du BTP (14%) et des mines (13%).

Perspectives pour le second semestre
À l’aube du second semestre 2024, les perspectives pour les sociétés industrielles cotées à la Bourse de Casablanca restent encourageantes. La dynamique positive observée au second trimestre pourrait se poursuivre, soutenue par des investissements stratégiques et une gestion prudente de l’endettement.

Cependant, les entreprises devront rester vigilantes face aux fluctuations des marchés internationaux, notamment dans les secteurs énergétiques et des matières premières.

En conclusion, la reprise des sociétés industrielles à la Bourse de Casablanca au T2 – 2024 marque un tournant important après une période de stagnation. Les investissements soutenus et une gestion rigoureuse des risques ont permis à ces entreprises de retrouver le chemin de la croissance.

Toutefois, des défis subsistent, et la capacité à naviguer dans un environnement économique incertain sera déterminante pour maintenir cette dynamique positive.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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