Éco-Business

Benoit Ganzmann : “Le tissu local reste dominé par des structures fragiles”

Benoit Ganzmann
Directeur Général de Coface Maghreb et ACO

Face à l’instabilité persistante des marchés, l’exercice de la prévision économique devient de plus en plus incertain. Loin des modèles linéaires et des projections figées, les entreprises sont contraintes de s’adapter en temps réel à une conjoncture en perpétuelle mutation. C’est le constat dressé par Xavier Durand, directeur général du groupe d’assurance-crédit Coface, lors d’une rencontre à Casablanca avec la presse. Au Maroc, où 90 % du tissu entrepreneurial repose sur de très petites structures, peu capitalisées et souvent exclues du crédit bancaire, cette incertitude révèle, selon lui, une vulnérabilité de nature structurelle.

Comment qualifiez-vous le profil de risque des entreprises marocaines ?
Le tissu entrepreneurial marocain reste très fragmenté et essentiellement constitué de petites structures. Environ 90% des entreprises réalisent moins de 3 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Ce sont des entités vulnérables, souvent peu capitalisées, qui évoluent en marge du circuit bancaire classique. Le recours au crédit fournisseur est quasi systématique, faute d’alternatives viables, ce qui renforce leur exposition au moindre choc de trésorerie.

La situation s’est-elle dégradée en termes de défaillances ?
La tendance est clairement orientée à la hausse. Depuis 2022, le nombre de défaillances progresse à un rythme soutenu, avec environ 13.000 cas recensés en 2023. Ce mouvement ne reflète pas tant une conjoncture dégradée qu’une vulnérabilité structurelle. Les mécanismes de soutien sont limités, et l’accès au crédit reste concentré sur les grandes entreprises, au détriment de la majorité du tissu productif.

Quels secteurs sont aujourd’hui les plus exposés ?
Le secteur de la construction est particulièrement surveillé. Les marges y sont faibles, les prix des matériaux instables et les délais de paiement importants. L’ensemble de la chaîne, des fournisseurs aux sous-traitants, subit cette tension. À cela s’ajoute le fait que certaines entreprises opérant dans les marchés publics peinent à se faire régler dans des délais compatibles avec leurs équilibres de trésorerie. Il n’est pas rare que ces délais dépassent 120 jours, voire 150 dans certains cas.

Pourquoi Coface maintient-elle une évaluation prudente du risque-pays ?
La lecture du risque-pays repose sur une méthodologie précise et comparée. L’expression “risque assez élevé” peut paraître rigide, mais elle s’inscrit dans une grille d’analyse harmonisée à l’échelle internationale. Elle prend en compte l’environnement économique, politique, social, ainsi que la qualité de l’information financière disponible. Il ne s’agit jamais d’un jugement d’opportunité, mais d’un positionnement analytique nourri par des indicateurs solides et mis à jour régulièrement.

Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO



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