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Banque mondiale : La bonne gouvernance fait défaut

Le manque de confiance des citoyens dans les pouvoirs publics résulte d’une gouvernance défaillante. Aussi faut-il améliorer les outils de la bonne gouvernance, afin d’atteindre le niveau escompté de croissance et de développement. Le Maroc est fortement concerné par les recommandations de la Banque mondiale sur cette question.

L’amélioration de la gouvernance des politiques publiques est un sujet d’une actualité brûlante. Il faut dire que sans bonne gouvernance, aucun pays ne peut atteindre le niveau de développement escompté. Le débat autour de cette question mérite d’être enrichi afin que les décideurs puissent mettre en œuvre les recommandations émises par les institutions internationales telles que la Banque mondiale. Tous les acteurs sont concernés par ce sujet de haute importance, à commencer par les universitaires. C’est ainsi qu’en partenariat avec l’OCP Policy Center et l’Université Mohammed V de Rabat, la Banque mondiale vient de présenter, hier à Rabat, son rapport sur le développement dans le monde 2017, «La gouvernance et le droit», qui suscite l’intention aussi bien des responsables gouvernementaux et des décideurs que de la société civile et des universitaires. Depuis son lancement au début de cette année, cette publication a été téléchargée des dizaines de milliers de fois. Ce qui démontre l’importance de la question de la gouvernance dans le contexte actuel marqué par bon nombre de pressions comme la démographie galopante, l’épuisement rapide des ressources naturelles, le réchauffement du climat, la révolution technologique… Des fragilités qui pourraient engendrer des risques de conflits économiques et sociaux, comme le souligne si bien Deborah Wetzel, directrice principale de la pratique mondiale Gouvernance de la Banque mondiale. Cette experte n’a pas manqué de signaler, à plusieurs reprises, le rôle central de la bonne gouvernance dans la mise en œuvre de politiques publiques efficaces.

Crise de confiance
Aujourd’hui plus que jamais, il s’avère nécessaire de répondre efficacement aux besoins des citoyens et de restaurer la confiance dans les pouvoirs publics. Le Maroc est fortement concerné par cette question à tous les niveaux, même sur le plan politique. En effet, la Banque mondiale rapporte que les citoyens ordinaires et les groupes marginalisés constatent parfois que les partis politiques sont peu enclins à représenter et relayer leurs exigences, et qu’ils ne cherchent qu’ à protéger leurs intérêts acquis et les structures de pouvoir existantes. «Cela pourrait expliquer le désenchantement des citoyens à l’égard des partis politiques, considérés dans le monde entier comme l’institution politique la moins digne de confiance». Deborah Wetzel fait référence au discours du souverain sur les inégalités dans le Rif. Décideurs et politiciens sont appelés à regagner la confiance des citoyens afin de résoudre les problématiques les plus complexes. La concrétisation de cet objectif passe inéluctablement, de l’avis de la responsable de la Banque mondiale, par la bonne gouvernance des politiques publiques. L’idée est d’éviter que des pressions multiples mettent en péril la cohésion et l’efficacité des politiques publiques. «La bonne gouvernance réduit les incertitudes», précise Wetzel. L’amélioration de ce mécanisme au niveau de toutes les politiques est essentielle pour garantir une croissance équitable dans les pays en développement. Une révision radicale de la manière dont les pays en développement et les organisations internationales de développement envisagent la gouvernance s’impose afin de résoudre les défis de sécurité, de croissance et d’équité. La répartition inégale du pouvoir dans une société donnée a des effets néfastes sur l’efficacité des politiques, selon la Banque mondiale. Le changement demeure possible.

Le Maroc peut mieux faire
S’agissant du cas du Maroc, rappelons que la Banque mondiale, dans son mémorandum sur le royaume à l’horizon 2040, a insisté sur la gouvernance des services publics à travers notamment le renforcement de la participation citoyenne dans la gestion publique par la concrétisation de nouveaux droits constitutionnels (pétitions, motions législatives, consultations publiques…) et l’instauration d’un système complet de recueil et de gestion des doléances des usagers. À cet égard, des efforts ont été déployés par le gouvernement au cours des derniers mois. Le Maroc est aussi appelé à renforcer la transparence et la reddition des comptes internes et externes de l’administration au niveau national et local par, notamment, la mise en œuvre effective de la réforme de l’accès à l’information qui tarde à voir le jour. Le projet de loi est, en effet, toujours bloqué à la Chambre des conseillers et nécessite des débats approfondis en vue d’atteindre le consensus des parties concernées autour de ses dispositions, notamment la liste des exceptions. Il s’agit également de mettre en place une nouvelle gestion budgétaire axée sur la performance et le développement de l’administration électronique ainsi que la lutte contre la corruption. Tous les efforts seront vains si le gouvernement n’accélère pas la cadence pour la mise en œuvre effective du processus de décentralisation dans le contexte de régionalisation avancée. Plus de deux ans après la tenue des élections régionales, les régions n’exercent pas encore pleinement leurs attributions. Nombre de décrets d’application n’ont été adoptés que récemment et devraient permettre de changer progressivement la situation. À cela s’ajoute la nécessité de mettre dans le circuit législatif la très attendue Charte de la déconcentration qui permettra de donner un véritable coup de fouet à la bonne gouvernance sur le plan régional.



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