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Bank Al-Maghrib donne le feu vert

La parité du dirham est désormais déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation de 2,5%, contre ±0,3%. Une démarche «voulue» et non «imposée» par les pourvoyeurs de fonds, selon BAM. C’est un premier pas vers le flottement intégral de la monnaie nationale.

C’est officiel. À partir d’aujourd’hui, un nouveau régime de change, plus flexible, a été adopté par les autorités financières du royaume, où la parité du dirham est déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation de ±2,5%, contre ±0,3% actuellement, par rapport à un cours central fixé par Bank Al-Maghrib sur la base d’un panier de devises composé de l’euro et du dollar américain à hauteur, respectivement, de 60% et 40%. Dans le cadre de ce nouveau régime, Bank Al-Maghrib continuera à intervenir sur le marché des changes en vue d’assurer sa liquidité.

Cette réforme est entamée dans des conditions favorables marquées par la solidité du secteur financier et la consolidation des fondamentaux macroéconomiques, notamment un niveau approprié des réserves de change et une inflation maîtrisée. Elle sera également soutenue par la poursuite des réformes structurelles et sectorielles. Cette flexibilisation du régime de change a pour objectif de renforcer la résilience de l’économie nationale aux «chocs exogènes, de soutenir sa compétitivité et d’améliorer son niveau de croissance», expliquent les experts de Bank Al-Maghrib. Ces derniers indiquent que, contrairement aux cas de l’Égypte, du Soudan ou encore de l’Angola, cette mesure n’est pas une décision prise dans l’urgence et ne conditionne pas la réception d’une aide financière, mais vise justement, selon BAM, à prévenir ce genre de scénario catastrophe. «La réforme devrait accompagner les mutations structurelles qu’a connues l’économie marocaine durant ces dernières années, notamment en termes de diversification, d’ouverture et d’intégration dans l’économie mondiale», explique-t-on du côté de la tutelle. Selon les analystes internationaux, la transition vers un régime de change entièrement libéralisé devrait se faire en douceur, vu que «le Maroc jouit d’une cote de solvabilité de première qualité et d’un secteur privé en expansion».

La croissance économique devrait atteindre 4,1% pour 2017, et l’inflation se situer à 0,7% pour l’exercice précédent contre 1,6% en 2016. Avant cette mesure, le Maroc faisait partie des États à régime de change dit «fixe». Ce sont donc les autorités qui mettent en place la valeur de la monnaie. Dans ce système, la Banque centrale satisfait l’ensemble des besoins en devises, sans limite et sans ajustement sur les prix. «En cas de choc externe, ce système montre toute ses limites puisqu’il exerce de la pression sur les réserves, et débouche sur un passage forcé au régime de change flottant», explique aux Inspirations ÉCO Mounir Razki, directeur des opérations monétaires et de change. Ce dernier cite ainsi le passif de 1983, lorsque le Maroc n’avait plus que 6 jours de réserves de changes, suite à la hausse des prix pétroliers et des matières premières. Les bailleurs de fonds internationaux ont ainsi requis la mise en place du fameux Plan d’ajustement structurel, qui a eu un impact social historique. Et c’est justement là que résident les inquiétudes des industriels, qui devront ainsi s’aligner sur le marché international pour acquérir de la devise, qui ne sera plus l’apanage de Bank Al-Maghrib. En effet, le régime de change flottant est basé sur la détermination du cours de change de chaque monnaie par rapport aux autres, via la confrontation de l’offre et la demande des diverses devises sur le marché des changes. Toutefois, en cas de forte instabilité du cours de change, Bank Al Maghrib peut intervenir sur le marché de change, soit en vendant ou en achetant une ou des devises, soit en instaurant le contrôle de change.  


Le cas égyptien hante les esprits

Dans l’imaginaire collectif économique, le passage d’un système fixe à un système flexible de change renvoie aux exemples chaotiques de la Turquie et de l’Égypte. Ces deux pays avaient connu une dépréciation soudaine de leur monnaie, avec des conséquences catastrophiques sur leur économie. Mais pour les experts de Bank Al-Maghrib, la situation n’est en rien comparable. «Ces deux pays se sont vus imposer ce régime du fait de la fragilité de leur situation économique. Or, pour le Maroc il s’agit d’une démarche voulue, basée sur l’importance des pré-requis: une dette soutenue, une faible intrusion des investissements spéculatifs, une inflation largement maîtrisée, une réglementation de change rigide, et un budget global de moins en moins déficitaire», explique-t-on du côté de Bank Al-Maghrib. Pour comparaison, l’inflation se situe à 2% au Maroc, tandis qu’elle frôle la barre des 20% en Égypte. 


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