Éco-Business

Baisse du prix du lait : Les efforts de Centrale Danone salués

Le PDG de Centrale Danone, Emmanuel Faber, a annoncé, mercredi 5 septembre, une série de mesures devant permettre à son entreprise de se ressaisir. Un nouveau modèle économique basé sur des prix «bas», «abordables» pour les consommateurs marocains, à condition que les ventes reviennent à un niveau élevé. Des actions largement saluées par les professionnels du secteur.

Baisse de 0,30 DH sur le lait frais, lancement d’un nouveau produit à 2,50 DH… le groupe français, durement frappé par le mouvement de boycott avec une baisse de 40% de ses parts de marché, veut ainsi regagner la confiance des Marocains. Mais qu’en pensent les acteurs de la filière? Pour Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER), les mesures prises par le groupe français s’inscrivent dans la bonne direction. «Nous saluons les engagements de Centrale Danone. C’est une approche responsable dans la mesure où il est prévu d’améliorer les conditions des éleveurs, durement frappés par le mouvement de boycott, et la qualité de leur production», a-t-il soutenu dans une interview téléphonique accordée aux Inspirations ECO.

Une décision «responsable»
Cette série de mesures, poursuit-t-il, est également une «bonne nouvelle» pour les consommateurs puisque les prix ont été revus à la baisse. Très optimiste quant à l’avenir de la filière, il soutient que les engagements pris par Emmanuel Faber vont stimuler la croissance du secteur. «Sincèrement, nous saluons les actions de Centrale Danone, et nous estimons que la filière va prochainement retrouver des couleurs, se ressaisir», dit-il. Concernant le possible revirement de Centrale Danone et l’ arrêt de tous les contrats du personnel sous statut «intérimaire», mesure radicale qui aurait impacté 1/7e des 6.200 personnes travaillant dans les différents sites de Centrale Danone, soit 886 employés, le patron de la COMADER affiche sa confiance vis-à-vis du PDG du géant de l’agroalimentaire. Sans aucun doute, si la consommation reprend, la stabilité reviendra: «Je crois que Centrale Danone va respecter ses engagements de réintégrer les intérimaires qui ont été écartés du circuit. Là-dessus, je n’ai aucune inquiétude, les choses vont s’améliorer».

Et le dégoût du lait au Maroc…
Embouchant la même trompette, les défenseurs des droits des consommateurs appellent les Marocains à refaire confiance aux produits du laitier français. «Maintenant que Centrale Danone a joué le jeu, les boycotteurs doivent en faire autant», a souligné Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA). Selon lui, il en va de l’intérêt de tout le monde, à savoir les épiciers, les éleveurs et les consommateurs eux-mêmes. «N’oublions pas que la crise a touché beaucoup de Marocains et que le groupe français emploie aujourd’hui un bon nombre de nos compatriotes. Il faut que la consommation de lait reprenne car elle a considérablement baissé dans le pays ces dernières années». Et pour cause, explique le patron de la FISA, bien avant la campagne de boycott des produits de Centrale Danone, beaucoup de contrevérités ont été propagées sur le lait. «On a entendu ici et là des professeurs charlatans raconter n’importe quoi sur le lait, ce qui a poussé le consommateur marocain à se détourner des produits laitiers». L’urgence, selon notre interlocuteur, réside dans «un véritable travail de pédagogie et de sensibilisation pour réexpliquer aux Marocains que les produits laitiers qu’on leur propose sont bons, de bonne qualité et qu’ils ne représentent aucun danger pour leur santé».

Prise d’otage ?
Le secteur agricole marocain a été durement frappé par le boycott, indique-t-on, et c’est le portefeuille des éleveurs qui a été le plus touché par la crise. Si aujourd’hui, Centrale Danone décide de faire des «efforts louables», allant même jusqu’à renoncer à faire des marges sur certains produits pour sauver la filière, tout le monde, y compris les pouvoirs publics, doit se lever pour l’accompagner, soutient le patron de la FISA. C’est d’ailleurs la condition que semble avoir émis la société française. Une condition qui s’apparenterait à une prise d’otage? C’est tout à fait normal: une entreprise ne peut travailler à perte continuellement. Il faut qu’elle fasse des bénéfices. Si elle renonce à faire des marges sur certains produits, elle doit cependant pouvoir amortir ses dépenses en gagnant (ou en récupérant, dans le cas de Centrale Danone) ses parts de marché, soutiennent nos deux interlocuteurs. C’est tout à fait logique, il n’y a aucune prise en otage du consommateur marocain. «La logique de la marge zéro n’existe pas dans le monde de l’entreprise», a conclu Youssef Alaoui.


Ahmed Ouayach
Président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER)

Le gouvernement accompagne le secteur du lait depuis plus de 40 ans. Il faut souligner que ce sont les pouvoirs publics qui ont restructuré le secteur, ce qui a permis à l’agriculture marocaine d’accomplir de grands projets de modernisation et de diversification. L’État est présent en force, et j’espère qu’il va continuer à accompagner les éleveurs qui sont, en général, de petits agriculteurs».


Quelques chiffres clés du secteur du lait au Maroc

Il faut rappeler que, depuis plus de trois ans, les éleveurs sont confrontés à de nombreuses difficultés. Les exportations sont en baisse constante depuis 2014. Une véritable hémorragie représentant à peine 6% du CA de la filière, laquelle emploie pourtant 474.000 personnes et agrège la production de 400.000 producteurs autour de 82 industriels laitiers. Les pouvoirs publics qui tentent de colmater la brèche comptent atteindre, à l’horizon 2020, 490.000 emplois dans le secteur.


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