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AMO : les pharmaciens enfin couverts !

Après plusieurs rounds de discussions, les pharmaciens et la Caisse nationale de sécurité sociale ont trouvé un terrain d’entente sur le montant des cotisations et contributions dont devront s’acquitter les membres de cette communauté professionnelle pour bénéficier de la couverture sociale. L’objectif étant de permettre au plus grand nombre d’y adhérer, supporter les cotisations et honorer leurs engagements.

Ouf de soulagement pour plus de 12.000 pharmaciens ! Enfin, la majorité d’entre eux pourront bénéficier de l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Jusqu’à présent, ces prestataires de soins, qui constituent un maillon important du dispositif de soin et de pharmacovigilance du Maroc, ne bénéficiaient pas de couverture médicale. Du moins, «à peine 10% de la corporation a souscrit à une assurance privée sur une population globale de 12.000 pharmaciens officinaux», nous explique Souad Motaouakkil, docteur en pharmacie, et présidente du Conseil régional des pharmaciens d’officine du Sud.

En septembre 2020, lors d’une interview accordée à un confrère, Hamza Guedira, président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), dressait un tableau peu reluisant de cette communauté professionnelle lourdement affectée par la crise sanitaire.

«Le secteur se porte mal. Le niveau d’activité est faible et bon nombre de pharmaciens sont dans une situation délicate en termes de rentabilité. Il est donc nécessaire pour nous d’avancer sur le chantier de l’AMO», avait-il déploré.

Après le discours royal prononcé à l’occasion de la Fête du Trône en 2020, appelant à la généralisation de l’AMO pour tous les Marocains sans exception, puis une lettre du président du CNOP adressé au patron de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), sollicitant ce dernier pour convenir rapidement d’une cotisation des pharmaciens, plusieurs rounds de discussions ont eu lieu. Cette aberration a été enfin corrigée, mercredi 26 mai, par la signature d’un accord, qui a réuni, autour de la table, le CNOP, les Conseils régionaux des pharmaciens d’officine du Sud (CRPOS) et du Nord (CRPON), la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM), l’Union nationale des pharmaciens du Maroc (UNPM), la Confédération nationale des pharmaciens du Maroc (CNPM), le ministère de l’Emploi, l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et la CNSS. «Nous avons enfin réussi à trouver un accord», déclare Souad Motaouakkil, jointe par la rédaction.

«Le PV de cette entente vient d’être signé par toutes les parties. Nous sommes tombés d’accord sur un montant de cotisation, sur la base d’un revenu forfaitaire de 2,75 fois le SMIC pour les pharmaciens et 5,5 fois le SMIC pour les pharmaciens biologistes», nous a-t-elle confié, quelques instants après la signature du document.

Le principal sujet qui a freiné, jusqu’ici, la signature de l’accord sur la couverture médicale des pharmaciens était la prime de cotisation. Il fallait négocier un revenu forfaitaire sur la base duquel il y aurait une «cotisation juste et équitable», qui assure la couverture médicale des pharmaciens. L’enjeu étant de permettre au plus grand nombre d’adhérer à cette couverture, supporter les cotisations et honorer leurs engagements. Pour que les négociations aboutissent, il a fallu déployer des données économiques et officielles de la Direction générale des impôts (DGI) ainsi que des statistiques collectées sur la base de sondages.

«Nous nous sommes basés sur les données économiques et officielles de la DGI, et aussi une étude menée par le CRPOS auprès des pharmaciens et portant sur les pathologies dont souffrent les professionnels de notre corporation, pour développer notre argumentaire. Le sondage que nous avons réalisé a mis en exergue le profil de la population pharmaceutique, les tranches d’âge, le pourcentage que représente chaque tranche, le nombre d’années d’exercice, la prévalence des affections longue durée (ALD) et affections lourdes et coûteuses (ALC), sachant que 10% des pharmaciens souffrent de ces deux types d’affections, ou encore le taux de couverture par une assurance privée. Toutes ces données obtenues via le sondage ont servi de base de négociation et ont appuyé l’argumentaire de la profession pour convaincre le ministère de l’Emploi», explique Souad Motaouakkil.

Pour les représentants de la corporation, les principaux objectifs sont d’assurer la couverture des soins des 12.000 pharmaciens officinaux, une assiette de cotisation relativement importante. Il faut dire que cette assiette de cotisation représente des enjeux économiques non négligeables. Mais aussi, l’initiative royale visant la généralisation de la couverture sociale a joué en faveur de ce dénouement heureux.

Dans l’interview citée plus haut, Hamza Guedira soulignait l’intérêt que la décision du roi suscitait auprès de la communauté pharmaceutique, dans la mesure où celle-ci lui permettrait de bénéficier de l’AMO. Le dilemme pour les pharmaciens d’officine est que plusieurs d’entre eux sont amenés à détenir une petite entreprise, et ne cotisent donc pas la CNSS pour leurs employés. Ainsi, ils n’en bénéficient pas, et ce, sachant que «beaucoup de pharmaciens ont des soucis de santé et ne bénéficient malheureusement pas de couverture maladie», expliquait le président du CNOP.

S’exprimant sur les attentes de la corporations, il soulignait que les pharmaciens souhaitent bénéficier, comme tout citoyen marocain, du droit à la couverture maladie, exhortant le gouvernement à mettre en place une organisation dotée d’une gouvernance à la hauteur de la vision royale. Il exhortait, enfin, à «faire converger l’ensemble des Caisses vers la création d’une seule structure qui prendra en charge l’AMO pour tous les pharmaciens, avec les mêmes paniers de soins pour tout le monde, et ce, afin qu’il n’y ait pas de disparités entre les fonctionnaires qui sont dans la CNOPS (Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale) et le privé». 

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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