Agriculture : Une bonne saison, mais pas de record
Niveau de remplissage des barrages satisfaisant, nette amélioration de l’élevage et des pâturages, absence de dégâts dans les zones inondables… l’année agricole s’annonce bonne, selon les professionnels.
Tout porte à croire que la saison agricole 2016-2017 sera «bonne». À quelques exceptions près (Oriental, Rhamna), les différentes régions du royaume ont profité des pluies. Mais gare à l’excès d’optimisme, nuance un membre de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement durable (COMADER): «l’année sera moyenne à bonne, pas au point d’atteindre de nouveaux records». La situation est satisfaisante, dit-il, quoiqu’il faut compter avec l’effet de la vague de froid, jugée à la fois sévère et longue, outre le retard accusé par les pluies en début de saison.
Bons scores pour l’eau
Une chose est sûre et mesurable: les récentes précipitations ont eu le mérite d’enrichir les stocks des nappes phréatiques, au même titre que ceux contenus dans les différents barrages. Les statistiques disponibles font état d’un bilan pluviométrique excédentaire. Jeudi 16 février, le jour même où la ministre déléguée chargée de l’Eau et de l’environnement, Charafat Afailal, donnait le coup d’envoi de la construction d’un nouveau barrage près de la ville de Guelmim, les services de son département ont affiché une situation pour le moins satisfaisante du côté des barrages, notamment ceux à usage agricole. Le taux de remplissage s’élève à 55,1% avec une réserve globale de l’ordre de 8,38 milliards de mètres cubes, contre un taux de 60,8% pour une capacité théorique remplie d’environ 9,25 milliards de mètres cubes une année auparavant.
Ces niveaux devraient s’améliorer davantage sous l’effet attendu de la fonte des neiges, principalement au niveau du barrage Bin El Ouidane (région de Beni Mellal-Khénifra). Les effets positifs des récentes précipitations ne se limitent pas aux seules terres bour, s’étendant jusqu’aux zones irriguées. L’eau étant gratuite, les agriculteurs auront tendance à réaliser des économies en lien avec la facture énergétique associée au pompage d’eau. Les pluies intenses tombées au cours des dernières semaines bénéficient à tout type de culture et à l’ensemble des surfaces, y compris les zones montagneuses (plantations d’oliviers, etc). Par ailleurs, les professionnels notent avec beaucoup de satisfaction l’absence de dégâts au niveau des zones dites inondables, comme cela a été le cas il y a quelques années dans la région du Gharb. De même, les effets de la grêle sur les plantations (particulièrement la canne à sucre) restent minimes et, là encore, soutient notre interlocuteur à la COMADER, il n’y a rien de grave à signaler.
Céréaliculture: le seuil de sécurité réalisable
S’agissant de la céréaliculture, une filière liée étroitement aux aléas climatiques, la saison s’annonce bonne, sans pour autant s’attendre à un record. Mais l’on s’accorde à dire que le seuil de sécurité prévu dans la loi de Finances 2017, fixé à une moyenne de 70 millions de quintaux, demeure réalisable dans les conditions actuelles. Il reste maintenant à confirmer cette tendance à l’optimisme en suivant de près l’évolution de la météo durant les semaines à venir.
Aïd El Adha sera bon !
Une bonne saison s’annonce aussi pour les filières de l’élevage, portées par une nette amélioration des parcours et des pâturages. Aux yeux du président de l’Association nationale ovine et caprine (ANOC), Ben M’barek Fenniri, la situation se résume en deux mots: «Le bonheur». Contrairement à la saison précédente, constate-t-il, les pâturages ont régénéré dans l’ensemble des zones d’élevage, exception faite de celles limitrophes au sud de Oued Oum Errabia (Rhamna en particulier), marquées par un niveau insuffisant de précipitations. Mais ce qui conforte le président de l’ANOC dans son optimisme, c’est surtout le niveau bas (inférieur à 4%) du taux de mortalité constaté lors de la saison de reproduction. Nettement en hausse, la production ovine culmine à 18 millions de brebis et à 8 millions d’agneaux, estime Fenniri. «Le Maroc ne manquera pas de viande», rassure Fenniri, ce qui laisse augurer un bon futur Aïd El Adha, en termes de quantité, mais aussi de qualité des moutons à sacrifier.