Agriculture. Brahim Hafidi : « Les indicateurs sont en nette amélioration »
Brahim Hafidi. Directeur général de l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA)
Comment se portent les principaux indicateurs dans les zones d’intervention de l’ANDZOA dans le cadre de sa stratégie d’intervention ?
Les résultats et le bilan enregistrés au cours de la période 2012-2019 affichent une amélioration notable au niveau de la plupart des indicateurs, approchant et dépassant parfois les ratios établis et ciblés. Ainsi, le taux de la pauvreté monétaire est passé de 13,4 en 2007 à 6,8% à fin 2019, soit une réduction de près de la moitié, ce qui traduit les efforts considérables déployés par les pouvoirs publics. Le PIB de la zone d’action de l’Agence a enregistré en 2018 une valeur de près de 129 MMDH, soit près de 45 MMDH de plus par rapport à la situation de référence de 2009. Quant au PIB par habitant, il s’est amélioré de 17.000 DH en 2009 à près de 24.000 DH en 2018. Concernant l’emploi, la création nette d’emplois entre 2009 et 2018 s’est élevée à 92.624, soit un taux d’atteinte des objectifs à l’horizon 2020 de 58%. Concernant l’accès aux services de base, à savoir les routes, l’eau potable et l’électrification, le bilan est plus que satisfaisant. En effet, le taux d’accès à l’eau potable, dans la zone d’action de l’Agence, a atteint 94,3% en 2019 portant ainsi le taux d’achèvement de cet indicateur par rapport à l’objectif fixé en 2020 à 99%. Pour ce qui est de l’électrification rurale, le taux d’accès à l’électricité a connu une forte croissance durant les dernières années à la suite des différents plans et programmes mis en place pour le développement de ce secteur dans le milieu rural pour atteindre 98,83% pour l’année 2019. De même, le taux d’accès aux routes en milieu rural s’est amélioré de 13 points entre 2012 et 2019 atteignant ainsi 83,45% contre 93% pour l’objectif fixé en 2020.
Qu’en est-il de l’éducation et la santé ?
Le secteur de l’éducation a connu une forte amélioration par rapport à la situation de base des taux de scolarisation qui sont passés de 93 à 100% au cycle primaire et de 68 à 96% au cycle secondaire collégial entre 2012 et 2019, portant ainsi les taux d’achèvement respectivement à 100 et 107% par rapport aux objectifs stratégiques visés en 2020. Toutefois, beaucoup de chemin reste à parcourir pour l’amélioration du taux de scolarisation au cycle secondaire qualifiant qui n’était que de 56% en 2019 alors que l’objectif visé est de 90%. Pour le secteur de la santé, les efforts doivent être également redoublés pour absorber le gap qui sépare la zone d’action de l’Agence des standards internationaux en termes du nombre de médecins et de lits hospitaliers qui ne sont respectivement que de 3 et 6 pour 10.000 habitants, bien loin des 15 et 26 recommandés par l’OMS. Pour pallier ce déficit, les départements concernés, en collaboration avec les collectivités territoriales, ont mis en place des solutions appropriées, à travers le renforcement de l’offre sanitaire mobile.
En termes de ressources en eau, l’objectif de mobiliser un volume supplémentaire de 1.100 millions de m3 sera-t-il atteint ?
Sur ce registre de l’optimisation de la gestion des ressources en eau, l’objectif de mobiliser ce volume supplémentaire de 1.100 millions de m3 sera largement dépassé une fois que les 16 barrages actuellement en cours de construction, et la station de dessalement de l’eau de mer à Chtouka sont mis en service. Le volume qui sera mobilisé à terme atteindra 1.450 millions de m3 représentant 132% de l’objectif visé. En termes d’économie d’eau à la suite de la conversion des systèmes d’irrigation du gravitaire au goutte à goutte, les objectifs fixés pour le volume des ressources en eau préservées, soit 289 millions de m3, ont été dépassés de près de 37%.
Comment qualifiez-vous l’attractivité de ces deux territoires en fonction de leur potentiel naturel et culturel ?
Comme vous le savez, les zones oasiennes et de l’arganier constituent un patrimoine naturel et socioculturel d’une importance capitale pour le développement durable de notre pays. Ces zones ont bénéficié d’une priorité dans la politique nationale, et tout particulièrement avec l’instauration du processus de la régionalisation et l’institutionnalisation du concept de développement humain intégré et durable. Ainsi, la zone d’intervention de l’Agence demeure particulière et jouit de plusieurs spécificités puisqu’elle englobe deux réserves de biosphères parmi les quatre classées par l’UNESCO au Maroc. Ces deux réserves concernent deux aires géographiques importantes, à savoir l’Arganeraie et les Oasis du Sud du Maroc. Ces espaces sont caractérisés par leurs potentialités naturelles et culturelles considérables, mais dont les écosystèmes sont fragiles et très vulnérables. De ce fait, ces deux écosystèmes disposent de potentialités énormes en matière de développement aussi bien naturelles, paysagères que culturelles qui pourraient être bien valorisées dans le cadre d’un tourisme responsable et respectueux de l’environnement et des spécificités de ces milieux. De plus, les écosystèmes oasien et de l’arganier recèlent un riche savoir-faire à mettre en avant et à valoriser davantage par la promotion des produits de ces espaces et de leur artisanat.
Quels sont les obstacles qui freinent encore le développement intégré de ces zones, en l’occurrence l’exécution des programmes de développement ?
Le diagnostic stratégique a bien spécifié la zone d’intervention de l’Agence qui est constituée d’écosystèmes à écologie fragile et des populations-cibles vulnérables et à faible revenu. Des difficultés et enjeux sont rencontrés pour intégrer la stratégie dans la gestion d’un contexte d’organisation complexe et qui s’articule autour tout d’abord de l’étendue de l’espace de la zone d’action de l’Agence qui représente 40% de la superficie nationale caractérisée. A cela s’ajoute la déficience accrue en ressources naturelles avec une population galopante et dont les besoins encore insatisfaits ne cessent d’augmenter avec le temps dans un paysage politique du pays en perpétuelle mutation en matière de gouvernance territoriale. Malgré ces difficultés, n’ayant pas permis à l’Agence de mettre en place tous les outils prévus dans le cadre de l’étude stratégique, l’Agence, avec sa stratégie, a été un cas d’école, en matière d’approche de développement territorial intégré des espaces vulnérables à écologie fragile, en veillant sur l’application, à tous les niveaux d’intervention, des principes fondamentaux du développement durable, notamment les principes de l’intégration et de la territorialité. Ce qui n’a pas empêché l’Agence de réaliser les objectifs de sa stratégie au bénéfice des populations locales. Outre le nombre, la consistance et les groupes cibles, les projets territoriaux ont constitué un véritable levier pour créer une dynamique inclusive et catalyser le développement dans les territoires oasiens et de l’arganier.
Yassine Saber / Les Inspirations Éco Docs