Semaine du développement de l’Afrique : La question du Sahara perturbe les travaux

L’ouverture hier à Addis Abeba de la Semaine du développement de l’Afrique a été marquée par de chaudes empoignades entre le Maroc-soutenu par ses alliés d’Afrique francophone – et le bloc anglophone mené par l’Afrique du Sud. Compte rendu.
Climat tendu à Addis Abeba ! La première journée de la Semaine du développement de l’Afrique a failli tourner au fiasco en raison de la question du Sahara. Pendant toute la matinée du jeudi 31 mars, les travaux ont été marqués par un véritable bras de fer entre le Maroc, soutenu par ses alliés d’Afrique francophone (Sénégal, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Îles Comores) et le bloc anglophone mené par l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, avec la bénédiction de l’Algérie.
À l’origine de ce quiproquo, figurent deux points essentiels. La première raison est d’ordre technique : le Maroc n’aurait pas reçu à temps (soit 42 jours avant) les documents relatifs à l’ordre du jour de la neuvième réunion du Comité d’experts sur les affaires financières et économiques, qui donne le coup d’envoi de la Semaine du développement de l’Afrique. Cette anomalie a été soulignée dès le début de la rencontre par la délégation du royaume constituée de l’ambassadeur du Maroc en Éthiopie, Abdeljebbar Brahime, du Secrétaire général du ministère du Commerce extérieur, Mohamed Benayad, et de Zakia El Midaoui, directeur de la Coopération multilatérale et des affaires économiques internationales au ministère des Affaires étrangères et de la coopération. Dès lors, les délégués marocains demandent la suspension de la séance (cf vidéo: www.leseco.ma).
De son perchoir, la présidente de la réunion admet devant la centaine de responsables présents dans la salle qu’il s’agit bien d’une violation des règles de la Commission économiques des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA) et que le Maroc était dans son droit de protester. Seulement, lance-t-elle, «dans la présente réunion qui nous concerne, cette disposition n’est pas forcément valable car la rencontre est co-organisée par la CEA et l’Union Africaine». Bémol, le Maroc n’est plus membre de l’UA (ex : OUA) depuis 1984, suite à la reconnaissance par celle-ci de la pseudo «RASD».
Le Sénégal boude
Plus que cela, la colère du Maroc vient du fait de la présence même d’une entité fantôme à cette rencontre. «Comment une entité non reconnue par les Nations-Unies et par la majorité des pays présents à cette rencontre peut-elle siéger dans la salle ?», a lancé un membre de la délégation marocaine. À cette interrogation, le bloc anglophone ainsi que l’Algérie, répondront que cette réunion n’était pas le cadre approprié pour évoquer cette question, d’autant plus que l’UA admet être «pro-RASD». C’est là que le Sénégal reprend alors l’initiative en exigeant que la requête marocaine soit prise en compte. Face au refus de la présidence de séance, la délégation sénégalaise traduit son appui à la position marocaine en actes et quitte la salle. Pour calmer les ardeurs, une pause déjeuner est ensuite sifflée. Toutefois, à la reprise des travaux, la partie marocaine quitte à son tour la salle. Pour les habitués de ce rendez-vous annuel, cette tournure des évènements n’est pas la première de son genre, mais le niveau et la durée de la confrontation atteints cette année semblent être une première.
Afrique du Nord : le prix de la division
Lors des travaux jeudi à Addis-Abeba, il était également question de choisir un nouveau président du Comité des experts dans les affaires financières et économiques. Cette année, c’était au tour de l’Afrique du Nord d’assumer ce poste. Hélas, les pays de la région n’ont pu s’entendre pour désigner un représentant. La région perdit ainsi son siège à la présidence au profit de l’Afrique du Sud. Cette désunion de l’Afrique du Nord a joué en faveur du bloc anglophone, opposé au Maroc. En effet, après la séance inaugurale, les travaux ont été dirigés par un Sud-africain. Ce dernier a davantage tranché en faveur des positions de la partie adverse au Maroc.