Révolution du roi et du peuple : Un discours plein de messages forts
Il a expliqué que le modèle d’ouverture économique et sociale du royaume sur son prolongement africain est basé sur le respect et le partage. Le roi a remis les pendules à l’heure en ce qui concerne le jihad que des personnes et des groupes s’arrogent indûment pour des raisons obscures.
C’est avec le même engagement fort et constant que le souverain s’est emparé des questions saillantes qui secouent la région et taraudent le monde. Des thématiques d’actualité brûlante ont rythmé le discours royal de la 63e commémoration de la Révolution du roi et du peuple. Le souverain a mis les points sur les «i» concernant les sujets de l’immigration, du développement du continent et des relations privilégiés et uniques que le Maroc a tissées au fil des ans avec ses partenaires de l’Afrique subsaharienne. Sans oublier le terrorisme et ses idéologies fallacieuses, basées sur l’ignorance.
L’approche marocaine en Afrique
C’est d’abord un message plein de connotations que le roi a adressé aux peuples marocain et algérien pour relever ensemble les défis qui se posent dans le continent africain et servir les causes maghrébines et arabes. Comme ils l’avaient d’ailleurs montré au deuxième anniversaire du 20 août lorsque la résistance marocaine n’a pas lésiné sur les moyens pour apporter son soutien à celle algérienne en butte à la machine de guerre coloniale. Cette exhortation royale sonne comme un énième appel à l’ouverture pour un espace maghrébin économiquement et socialement viable, basé sur les aspirations des peuples. Nonobstant donc les stratagèmes ourdis par le colonisateur, l’Afrique, réitère le souverain, saura se redresser pour aller de l’avant. C’est une conviction que le Maroc a montrée en réintégrant l’Union africaine après l’avoir quittée pendant 32 ans pour protester contre la reconnaissance de la RASD (Polisario).
Aujourd’hui, l’Afrique figure en pôle position dans la politique étrangère du royaume et s’érige comme un choix stratégique de partenariat économique. Car, souligne le souverain, le progrès doit être commun et partagé ou ne pas être. Sans fioritures, le discours royal a expliqué que l’approche marocaine vis-à-vis de l’Afrique n’est pas hautaine et mercantile comme c’est le cas pour certains et le fut pour le colonisateur. Le continent n’est pas un marché pour écouler les produits marocains. Loin de là. Exemples à l’appui, le souverain a expliqué que le Maroc ne se contente pas d’exporter des médicaments en Afrique. Il construit des laboratoires pharmaceutiques et des centres de santé. Autre démonstration, «la protection et la valorisation de la Baie de Cocody à Abidjan, dans le cadre d’un modèle original de coopération entre les entreprises publiques concernées, au Maroc et en Côte d’Ivoire, avec l’adhésion active du secteur privé dans les deux pays».
Politique migratoire à visage humain
Dans le prolongement de l’approche intégrée du Maroc envers l’Afrique, le discours royal est revenu sur la politique migratoire novatrice initiée il y a quelques années et qui donne aujourd’hui ses fruits. Toujours avec le même franc-parler, le roi a mis en exergue le traitement équitable sans condescendance ni arrogance des immigrés subsahariens au Maroc. Il n’a pas manqué de leur rendre hommage pour le sérieux dont ils font preuve et leur respect des valeurs et des constantes du pays. La politique humanitaire qui octroie les mêmes droits aux immigrés et leur garantit les conditions de pleine intégration, dont la scolarité des enfants, a habilité le Maroc à coprésider, avec l’Allemagne, le Forum mondial pour la migration et le développement, en 2017 et 2018. Le souverain a exprimé aussi son regret face aux dérives que la gestion de la question migratoire a connues dans le pourtour méditerranéen. Confrontés à des critères de plus en plus durs pour accéder à l’emploi, les migrants trouvent beaucoup de mal à se faire une place dans plusieurs pays méditerranéens. Ce qui n’est pas le cas au Maroc.
Les terroristes ne sont pas des musulmans
Le souverain a donné, par ailleurs, des conseils précieux aux MRE qui se trouvent confrontés à un contexte des plus difficiles. Il les a appelés à rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à l’extrémisme. «Nous mesurons les difficultés qu’ils endurent du fait de la perversion de l’image de l’islam et des attentats terroristes qui ont coûté la vie à bon nombre d’entre eux», a souligné le roi qui a qualifié le meurtre d’un prêtre dans l’enceinte de l’église de folie impardonnable. Tout en rappelant le respect, dû par les préceptes de l’islam, aux autres religions, le souverain a expliqué que les terroristes ne sont pas des musulmans mais plutôt des égarés condamnés à l’enfer pour toujours. Venant du commandeur des croyants, le message est fort et doit donner matière à réfléchir aux jeunes susceptibles d’être séduits par les thèses de l’extrémisme religieux.
Par la voix de la raison, le souverain a posé cette question : «Est-il concevable que Dieu, le Tout-Clément, le Miséricordieux, puisse ordonner à un individu de se faire exploser ou d’assassiner des innocents ?». Et d’enchaîner que «pourtant, l’islam, comme on le sait, n’autorise aucune forme de suicide». Dans la même logique, il a rappelé aussi que l’appel au jihad doit suivre des règles strictes et qu’il est du ressort de la commanderie des croyants.
S’appuyant sur des versets coraniques sans ambiguïté ainsi que sur les hadiths du prophète, le souverain a dévoilé les mensonges et les mystifications des takfiristes, qui excommunient à tout-va et utilisent le Coran et la Sunna à des fins condamnables. Aucune civilisation n’a pu voir le jour sur la base de l’exclusion et l’extrémisme. Par contre des exemples rayonnants à travers l’histoire montrent que la compréhension et le respect de l’autre peuvent donner des sociétés ouvertes et harmonieuses, comme ce fut le cas à Bagdad et à Al Andalouss.