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Résorption de l’informel : Un modèle de développement global est nécessaire

La résorption du secteur de l’informel qui emploie 2,4 millions de personnes devra se réaliser dans le cadre de la transformation globale des structures productives nationales et du relèvement de la productivité globale. C’est ce que souligne le Haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, qui fait le point sur les principales conclusions de l’enquête nationale sur le secteur informel, réalisée en 2013/2014.

Il ne faut pas appréhender le secteur informel uniquement avec la motivation de le soumettre à la fiscalité, car le manque à gagner n’est pas si grand. Le constat est dressé par le Haut-commissaire au Plan, Ahmel Lahlimi Alami, lors de la présentation des résultats de l’enquête nationale sur le secteur informel, réalisée en 2013/2014 pour approfondir les connaissances sur les unités de production opérant dans cette sphère d’activités, sur son mode d’insertion dans l’économie nationale et sa contribution à la création de la richesse nationale et de l’emploi. Cette conclusion s’appuie sur les revenus mixtes des Unités de production informelles (UPI) qui dépasseraient un montant de 10.000 dirhams par mois, uniquement pour moins de 20.000 unités sur un total de 1,68 million d’unités. Plus de la moitié des UPI réalisent annuellement un montant unitaire de moins de 100.000 dirhams, 35,3 % moins de 60.000 dirhams et 16,2 % uniquement plus de 360.000 dirhams. De l’avis du Haut-commissaire au Plan, la véritable réflexion doit plutôt porter sur l’absorption de ce secteur par un modèle de développement global qui élève la productivité de l’économie nationale et crée les conditions d’insertion des ressources de ce secteur. Lahlimi est, on ne peut plus, clair : le secteur de l’informel décline, à travers l’analyse de ses fonctions, sa nature structurelle, d’un phénomène en rapport avec l’absence ou le retard d’un processus de transformation des structures productives d’une économie nationale et de sa faible productivité globale. Dès lors, la sphère informelle s’avère comme le milieu adéquat des activités d’aubaine profitant à la demande de consommation et de services d’une société traditionnelle en transition et de la précarité de l’offre et de la qualité de la main-d’œuvre sur le marché de travail, comme le précise l’enquête. La résorption du secteur ne va, ainsi, se réaliser que dans le cadre de la productivité globale. En attendant le développement de l’économie nationale, les unités de production informelles continuent de progresser de 19.000 unités par an. C’est le secteur des BTP qui arrive en tête avec un pourcentage de 51,4 %.  Ils ne disposent pas d’un local fixe. Les activités domiciliées dans les locaux professionnels ou travaillants à domicile sont plus présentes dans le secteur de l’Industrie. Plus de 80% de l’ensemble des UPI et moins de 40% de celles qui disposent d’un local déclarent ne pas s’acquitter de la taxe professionnelle.

Profil des entrepreneurs informels
Sur le plan du niveau d’instruction des entrepreneurs informels, bien qu’il se soit notablement amélioré depuis 2007, il n’en demeure pas moins qu’il reste faible. 3,3% uniquement de ces entrepreneurs ont un niveau d’instruction d’enseignement supérieur alors que plus des deux tiers ont fréquenté l’enseignement préscolaire ou primaire et 28,4% l’enseignement secondaire. La création des UPI résulte souvent d’une initiative individuelle (83%). Elle est dans 5% des cas le fruit d’un concours familial. Et dans 10,6% des cas, elle relève d’une initiative collaborative. Avant la création de leurs projets, 75% des entrepreneurs étaient actifs occupés (salariés et indépendants), 12% étudiants, 8,3% chômeurs et 3% femmes au foyer. La plupart des dirigeants des unités informelles sont des hommes. Les femmes ne représentent que 9%.

Un chiffre d’affaires de près de 410 MMDH
Selon Lahlimi, la sphère informelle est d’abord celle du petit commerce et de la micro-entreprise. Les activités commerciales représentent près de 70% du chiffre d’affaires total, suivies des activités de l’industrie (13,1%), des services (9%) et du BTP (8,1%). Avec une moyenne annuelle de près de 245.000 dirhams, les UPI ont, dans leur ensemble, brassé un chiffre d’affaires de près de 410 MMDH en 2013, en accroissement annuel moyen de 6,5%, depuis 2017. Elles étaient à l’origine de la production de 185 MMDH de biens et services. L’auto-approvisionnement pour la production s’élève à 71%, alors que le reste des besoins est procuré par le secteur formel (18%), les ménages (7%) et le secteur public (1,4%). Ce sont principalement les ménages (80%) qui constituent la clientèle des unités de production informelle. La clientèle est constituée aussi d’entreprises formelles (0,5%).

Concrètement, quelle est la contribution de la sphère informelle à l’économie nationale ? Elle aurait contribué selon l’enquête nationale du HCP à hauteur de 11,5% au PIB national en 2013. Au cours de cette année, les UPI ont investi 3,366 MMDH, en accroissement annuel de 3,2% depuis 2007. Ce qui constitue une contribution de 1,1% à la formation brut du capital fixe national. En 2013, les UPI ont réalisé 12,2% de la production nationale après 10,9% en 2007. C’est le secteur commercial qui arrive en tête de la contribution à la production, avec un pourcentage de 56,8%, suivi du bâtiment (27%), de l’industrie (10%) et des activités de services hors administrations publiques (8%). La valeur ajoutée créée par les UPI (103,346 MMDH) en 2013 s’élève à 12,6% de la valeur ajoutée nationale. Cette valeur passe à 60% dans le commerce, 29,3% dans la construction, 13,3% dans l’industrie alors qu’elle est uniquement de 6,4% dans les services. Au niveau de l’emploi, 2,4 millions de personnes travaillent dans l’informel, représentant 36,3% de l’emploi non-agricole à l’échelle nationale. 233.000 indépendants employeurs ont recruté 420.000 salariés et distribué 11,4 MMDH de salaires, correspondant à près de 4% de la rémunération salariale à l’échelle nationale et représentant 11% de la valeur ajoutée global du secteur informel. 


Faible poids du salariat
L’enquête nationale du HCP révèle que le secteur informel se caractérise par un faible poids du salariat. En effet, les salariés ne représentent que 17,2% de l’emploi du secteur contre 64,4% dans l’emploi non-agricole global en 2013. L’emploi sa caractérise aussi par la précarité : 98% de la main d’œuvre dans le secteur informel n’ont pas une couverture médicale et plus de 97% des employés du secteur informel ne disposent d’aucun contrat écrit Le taux de féminisation de l’emploi du secteur informel est faible. Il s’est établi en 2013 à 10,5%, au lieu de 17,4% pour l’ensemble de l’emploi non-agricole global. Avec des disparités par secteur, les femmes occupent un emploi sur 5 dans l’industrie, tandis qu’elles sont quasiment absentes dans le BTP. Par ailleurs, la productivité du secteur informel se caractérise par sa faiblesse. Un actif occupé du secteur informel crée, en moyenne, une valeur ajoutée annuelle de 43 497 DH, largement en dessous de la moyenne nationale qui est de l’ordre de 76 393 DH en 2013. Les chefs d’unités de production informelles font avancer plusieurs obstacles dont le manque de liquidité, l’exiguïté de leur marché et la concurrence. S’agissant du financement, 82,2% des patrons ont eu recours à l’autofinancement, 9,6% à l’emprunt bancaire pour les nouvelles créations. Près de 9% des chefs d’UPI déclarent avoir eu recours aux crédits bancaires pour le financement de leurs activités actuelles. Seulement 58,3% des demandeurs de crédit ont pu l’obtenir.



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