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Politique économique : Sajid charge Benkirane

La problématique du redressement de l’économie nationale a été au centre des débats à l’occasion de la 3e édition des «Jeudi de l’UC». Le parti du cheval n’est pas allé par quatre chemins pour faire endosser la responsabilité de la conjoncture actuelle au gouvernement Benkirane.

À quelques mois des prochaines élections législatives, la campagne électorale semble bien commencer avant l’heure et pour les partis politiques, toutes les occasions sont bonnes pour marquer des points. «Les Jeudis de l’UC», initiative de l’Union constitutionnelle de Mohamed Sajid, n’échappent pas à cette tendance et pour la troisième édition de ces débats qui se veulent «des plateformes d’échanges permettant de mettre le citoyen au cœur de l’action politique et publique», il a été question de tout et surtout de politique. Le sujet du jour était d’actualité et a certainement constitué un motif sérieux ayant attiré un large auditoire, mais il faur dire aussi que le panel en valait la chandelle. Jeudi dernier à Casablanca, il y avait autour de Mohamed Sajid, secrétaire général de l’UC, l’ancien ministre Adil Douiri qui n’est autre que l’économiste en chef de l’Istiqlal qui intervenait en tant que spécialiste et l’homme d’affaires Hachim Marrakchi, également vice-président de la CGEM.

La thématique du jour entre dans la droite ligne de ce qui risquerait de cristalliser la campagne électorale entre majorité et opposition puisqu’il a trait au mandat de Benkirane ou pour être encore plus explicite, à la partie sombre du tableau. «De 7,5% à 1,5%, où est donc passée la croissance ?», c’est à cette question que les intervenants devraient répondre avant que l’assistance ne soit invitée à donner son point de vue. La problématique posée est loin d’être fortuite puisqu’elle mettait en exergue les promesses de campagne du PJD en 2011, et la réalité des faits en cette année électorale 2016.

Précampagne électorale
En politique on dit que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent! Pour l’ancien maire de Casablanca, chef de file d’un parti d’opposition, l’occasion était des plus opportunes pour charger le gouvernement et mettre en relief l’étendue «de son échec sur le plan économique». Les prévisions de Sajid pour le reste de l’année s’annoncent en tout cas de mauvais augure pour l’économie nationale puisque selon lui, «aussi mauvaise que fut l’économie marocaine durant ce premier trimestre de 2016, la vérité est que le reste de l’année promet d’être bien pire !» La principale raison, selon Sajid, est que le gouvernement semble naviguer à vue car rien n’explique le délitement de la croissance nationale alors que le contexte national et international est des plus favorables. «Nous avons pourtant un parti dominant qui est représenté au sein de toutes les instances nationales, mais le grand problème avec ce gouvernement c’est le manque de vision, de stratégie et d’ambitions», a martelé le secrétaire général de l’UC.

Il faut dire qu’il a été bien dans son rôle et le débat aurait pris une autre tournure si les autres intervenants avaient joué le jeu. Sauf que Adil Douiri, contrairement à son habitude, s’est montré très prudent sur le sujet tout comme Hakim Marakchi, ce qui s’explique en grande partie par le contexte de l’événement. En cette période de veille électorale, la prudence est de mise et ce n’est surtout pas dans n’importe quel auditoire qu’il faut abattre ses cartes surtout que les prochains mois promettent de chaudes polémiques. L’un dans l’autre, Sajid ne s’est pas fait prier pour acculer le gouvernement au point où on se croyait dans un vrai meeting politique avec des applaudissements bien placés des militants du parti présents dans la salle.

«Nous sommes passés d’une croissance moyenne de 5% entre 2000 et 2010 à 3% sous ce mandat», rappelle le chef de file du parti du cheval en s’appuyant sur les chiffres officielles avant de virer en analyste comme lorsqu’il dresse le constat que les Marocains ont de plus en plus peur pour leurs économies, leur emploi et leur pouvoir d’achat. «La peur est source de tensions sociales et représente de fait, la principale menace qui pèse sur notre économie et notre pays», réitère Sajid qui pourtant est moins prolixe lorsqu’il s’agit d’évoquer les recettes de l’UC pour faire face à la situation. Il va falloir certainement attendre le début de la campagne électorale mais l’UC a eu au moins le mérite d’avoir posé le débat… ­­­«Il nous faut réinventer un modèle économique marocain et passer définitivement de la logique à court terme actuelle, à une logique économique globalisante et durable».

Mohamed Sajid
Président de l’UC

Il nous faut réinventer un modèle économique marocain et passer définitivement de la logique à court terme actuelle, à une logique économique globalisante et durable».

Adil Douiri
Économiste, ancien ministre (Istiqlal)

Nous assistons à une croissance de plus en plus faible malgré l’amélioration de la conjoncture nationale et internationale, ce qui se traduit entre autres par une forte baisse de la création annuelle d’emplois depuis 2012 surtout en milieu urbain. La problématique actuelle, c’est celle de la compétence et de la gouvernance qui constitue les facteurs clés de succès ou de l’échec».

Hakim Marrakchi
Vice-président CGEM

En dépit des mesures prises comme le maintien de la dynamique des investissements, nous n’avons pas pu profiter de la conjoncture actuelle en raison d’autres critères comme la revalorisation des salaires ou le rallongement des délais des paiements. Les effets n’ont pas été compensés et la conclusion, c’est qu’on ne peut pas dire qu’il y a véritablement une politique économique».


 

L’emploi, l’autre motif d’inquiétude
Comparaison n’est sans doute pas raison mais s’il y a un autre sujet qui fera également l’affaire des partis de l’actuelle opposition durant la campagne qui se profile, c’est celle de l’emploi. Il est vrai que la création des postes d’emplois est intimement liée à la dynamique économique du pays comme l’a rappelé Adil Douiri, mais pour le président de l’UC, sur ce plan aussi le tableau est sombre sur le bilan du gouvernement. Le parti a déjà compilé ses chiffres et Sajid n’a pas manqué de relever que le fait que le ministre de l’Emploi reconnaisse la création de 30.000 emplois à la veille d’un premier mai, constitue à lui seul un aveu d’échec de l’Exécutif ! Dans un document préalablement préparé par le parti et distribué à l’assistance, l’UC s’est basée sur les chiffres du HCP pour faire ressortir que 140.000 emplois ont été jusque-là perdus dans l’économie nationale sous l’ère Benkirane, «une première sans doute dans l’histoire économique du royaume». À titre de comparaison, de 2002 à 2007, le gouvernement Jettou a créé en moyenne 191.000 emplois, et de 2007 à 2011, celui d’Abass El Fassi 135.000 emplois annuellement.


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