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Marques territoriales : Peu de visibilité pour les régions

La réflexion autour du développement des marques régionales en est encore à un stade embryonnaire. Peu de choses ont été faites à ce niveau par les 12 régions du royaume.

La problématique du développement des marques régionales a été largement débattue dans le cadre d’une conférence-débat organisée jeudi dernier à Casablanca par Maroc Export. Force est de constater que la réflexion en est encore aujourd’hui à un stade embryonnaire. «En dehors de la question -somme toute classique- du logo, nous ne constatons toujours pas de vrai développement concernant le sujet de la marque régionale, notamment en ce qui concerne les moyens de développer un tel concept», tranche d’emblée Mohand Laenser, président de la région Fès-Meknès et président de l’Association des présidents des régions.

Plus qu’un logo
À l’exception de la région du Grand-Casablanca, qui a entamé une démarche participative portant sur la mise en place d’un logo pour la région, rien n’a encore été fait à ce niveau dans les autres blocs. «Le nouveau logo devrait être dévoilé dans les semaines à venir, et il s’agira de prendre en considération l’ensemble des caractéristiques de la région que ce soit sur le plan économique, culturel, vie estudiantine, etc.», précise Moncef Belkhayat, vice-président du Conseil de la région Casablanca-Settat. Or, le concept de marque régionale dépasse le simple cadre du logo et constitue un vecteur socio-économique important. Dans ce sens, il est recommandé de «mettre en valeur le patrimoine matériel et immatériel des régions afin de bâtir une personnalité propre à chaque région», souligne Taïb Mesbahi, vice-président du Conseil régional de l’Oriental. Pour sa part, Noureddine Ayouch, PDG de Lowe Shem’s, recommande de «mettre en avant, dans le cadre de cette marque régionale, le côté humain. Insister sur les aspects socio-culturels plutôt que sur la disponibilité du foncier et les avantages fiscaux qui viendront après. Il faut d’abord que l’investisseur se sente accueilli pour qu’il puisse envisager de s’installer quelque part». Il est à noter que le développement d’une marque régionale est perçu comme un facteur important pour l’amélioration de l’offre exportable. «Un alignement entre les différents niveaux de vision régional, à travers les PDR, et national, à travers le Plan d’accélération industrielle (PAI), devrait aller dans le sens de l’émergence d’une nouvelle offre exportable régionale», plaide Zahra Maafiri, directrice générale de Maroc Export.

Décentralisation
Le retard pris sur la question du développement des marques régionales s’expliquerait en partie par les difficultés de mise en œuvre des prérogatives des régions et des disparités économiques et de développement, que ce soit sur le plan inter-régional ou intra-régional. «Nous avons aujourd’hui des textes juridiques très éloignés de l’esprit des recommandations de la commission consultative sur la régionalisation avancée», critique Driss Benhima, ex-directeur de l’Agence du développement du Nord.

À ce niveau, l’éternelle question de la décentralisation des prérogative revient en force. «Les départements de l’Intérieur et des Finances doivent décentraliser leur pouvoirs et leurs budgets afin d’accorder plus d’autorité et d’autonomie aux régions», déclare Belkhayat, qui estime que ce n’est que de cette manière que l’on pourra mobiliser une dynamique de startups, d’incubateurs et d’investisseurs nationaux et internationaux. «Nous devons définir les responsabilités. Demander que la régionalisation avancée soit une réalité sur le terrain et non seulement sur le papier», précise le vice-président du Conseil de la région Casablanca-Settat.

La question des écarts inter et intra-régionaux est également une priorité pour les présidents des régions. Elle revient d’ailleurs assez souvent dans les discussions menées dans le cadre de la Caravane des régions, organisée par les Inspirations ÉCO. «Si nous prenons l’exemple de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, considérée comme le deuxième pôle économique de la région, il faut savoir que c’est Tanger à elle seule qui est concernée par cette dynamique et que le reste des provinces souffre toujours des même problèmes», estime Ilyas El Omari, président de la région. «Les autres villes demeurent gangrenées par des problèmes d’emploi, d’analphabétisme, de chômage des jeunes, etc.», poursuit El Omari, qui affirme que la priorité est d’assurer une meilleure équité intra-régionale. «Même pour le cas du pôle de Tanger Med, les inégalités sont présentes. Ainsi, rares sont les profils en provenance de la commune de Fahs Al Anjra -où se trouve justement le port de Tanger Med- qui travaillent dans ce pôle», regrette le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Dans ce sens, l’Association des présidents des régions travaille actuellement sur la réalisation de plusieurs études visant la réduction des déséquilibres entre les régions et sur la mise à la disposition des conseils des régions d’indicateurs chiffrés concernant leurs territoires. 



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