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Maroc-Turquie : Faut-il achever le partenariat ?

 

Plus de 10 ans après l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange Maroc-Turquie, le partenariat avec le pays d’Atatürk passe par des moments difficiles. Un forum d’affaires en cours de gestation pourrait être l’occasion de réanimer la coopération entre les deux pays minée par des problèmes de concurrence déloyale et de pratique anticoncurrentielle.

Un forum d’investissement et d’affaires Maroc-Turquie est en cours de préparation pour les prochaines semaines. Un évènement aux relents de dernière chance pour le partenariat entre les deux pays qui passe par des moments difficiles. Entre un commerce bilatéral largement déséquilibré, des soupçons de concurrence déloyale et une procédure contentieuse devant l’Organisation mondiale du commerce, la coopération maroco-turque passe peut-être par ses pires moments depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange en 2006. Les importations en provenance de la Turquie n’ont pas cessé d’augmenter pour dépasser le cap de 10,5 MMDH en 2015, alors que les exportations ne dépassent pas 3,3 MMDH. Cette situation engendre donc une situation de déficit commercial de plus de 7 MMDH.

Sur le plan bilatéral, presque rien n’a été fait depuis la signature de l’accord. Le comité de gestion de l’ALE ne s’est réuni qu’une fois depuis l’adoption du texte alors que l’accord oblige à une réunion annuelle de cet organe. La première session du Comité mixte de suivi s’est tenue en mai 2009 à Rabat. Puis, plus rien. Une deuxième réunion du comité n’a jamais eu lieu, à cause notamment de «l’indisponibilité du département de l’Agriculture dont les deux parties avaient convenu de la nécessité de sa présence au sein du comité», nous confie une source proche du dossier. Même les différentes «Commissions mixtes économiques intergouvernementales» qui se sont réunies dans le cadre d’environ 9 sessions entre 2007 et 2011 n’ont finalement pas réussi à dynamiser le partenariat. Aucune rencontre de ce type n’a d’ailleurs pu être organisée depuis 2011. Même la visite du Recep Tayyip Erdogan en 2013 (à l’époque premier ministre turc) était passée quasi-inaperçue, à cause d’une mauvaise préparation de cet événement de taille, aboutissant notamment à un boycott de la part de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de cette visite. C’est donc tout naturellement que de grands espoirs sont placés dans ce prochain conseil d’affaires dont les préparatifs ont déjà démarré au sein du patronat et du département du Commerce extérieur.

Un partenariat à rééquilibrer
L’engagement politique est en tout cas clair : à l’occasion de la présentation, par l’ambassadeur du Maroc, de ses lettres de créance au président turc, Recep Tayyip Erdogan en janvier dernier, le chef d’État turc a adressé une invitation au roi Mohammed VI pour effectuer une visite officielle en République de Turquie. Récemment, une mission préparatoire du Forum d’investissement et d’affaires au Maroc a été tenue à Rabat en présence du secrétaire général du ministère du Commerce extérieur, Mohamed Benayad et Osman Kocaman, co-président du Conseil d’affaires maroco-turc. Les pourparlers ont porté sur l’état des lieux des relations commerciales bilatérales et les moyens susceptibles de renforcer la coopération économique non seulement à travers des échanges commerciaux plus équilibrés, mais également à travers le développement d’un partenariat économique porteur d’investissements et d’emplois mutuellement profitables aux deux pays. «La partie turque travaille avec le royaume sur un rééquilibrage du partenariat en favorisant l’investissement turc au Maroc notamment dans le secteur du BTP», explique Hakim Marrakchi, vice-président de la CGEM.

L’objectif est également d’aller vers une démarche de co-investissement vers d’autres pays notamment, africains. «La Turquie compte également attirer des investissements marocains dans plusieurs secteurs d’activité», précise Marrakchi. La Turquie semble, en tout cas, disposée à mettre l’accent sur l’ouverture de l’économie de son pays vers l’Afrique.

À cet effet, le pays d’Atatürk a émis le souhait que les deux pays renforcent davantage leur partenariat économique dans la région. Les opérateurs turcs seraient désormais plus disposés à augmenter leurs investissements au Maroc, en particulier dans le secteur du BTP, de la pêche maritime, de l’agroalimentaire, de la santé et des énergies renouvelables. De même, la Turquie est un grand marché ouvert sur d’autres pays de la région et pourrait constituer une porte d’entrée pour le Maroc vers l’Asie centrale. Autant d’électrochocs qui pourraient réanimer ce partenariat en dérive surtout au moment où les pratiques déloyales semblent prendre le dessus sur la coopération. Il faut dire que la tension est ambiante au moment où les mesures antidumping, visant les importations en tôles d’acier laminés à chaud, font l’objet d’une procédure d’arbitrage devant l’organe de règlement des différends de l’OMC.

En outre, l’Association marocaine des industries de textile et d’habillement (AMITH) vient de lancer son étude sur l’existence de preuves de concurrence déloyale et de pratiques anticoncurrentielles de la part des industriels turcs au Maroc. C’est dire que le partenariat ne tient plus qu’à un fil.


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