Ligue arabe : Le difficile pari du Sommet de Nouakchott
Après le refus du Maroc de tenir le Sommet des chefs d’État arabes, la Mauritanie prend le relais, ordre alphabétique oblige. Les enjeux à prendre en ligne de compte son multiples. Pour le professeur Boukantar, les réunions de la Ligue arabe sont historiquement marquées par leur inefficacité.
Ayant renoncé en février dernier à abriter le Sommet des chefs d’État arabes, le royaume est représenté par Salaheddine Mezouar, ministre des Affaires étrangères, à la 27e réunion qui se tient les 25 et 26 juillet à Nouakchott. Le Maroc, de l’avis de plusieurs observateurs, y participe «pour la forme». En effet, les raisons qui l’ont poussé à refuser l’organisation sur son sol de la grand-messe arabe n’ont pas changé d’un iota.
La situation ne fait que s’enliser en Syrie, en Irak, dans les territoires occupés et au Liban. La Libye n’a pas encore trouvé la voie de la réconciliation, tandis que la Tunisie sort très lentement de sa torpeur. Par ailleurs, les relations avec le voisin algérien ne sont pas au beau fixe, retour fracassant du Maroc à l’Union africaine oblige. Fini la politique de la chaise vide. Le Maroc fera désormais entendre sa voix et sa position à l’égard des questions majeures de son continent et de son enracinement. Un retour qui n’a pas plu, mais qui s’imposait. S’y ajoutent tous les stratagèmes ourdis remettant en cause l’intégrité territoriale du royaume. Un facteur qui conditionne toute la politique étrangère du pays vis-à-vis de sa région et son appartenance au monde arabo-musulman. Mais que peut-on encore attendre d’un sommet arabe?
Pour El Hassan Boukantar, professeur de relations internationales, il n’y a pas d’enjeu majeur à attendre des travaux de ce 27e sommet tant les déchirements du monde arabe sont légion. «Des pays profondément divisés qui se réunissent pour la forme. Historiquement, le parcours de la Ligue arabe est caractérisé par son inefficacité», tonne Boukantar. Justement, la Ligue arabe est pratiquement absente de tous les conflits qui secouent les pays arabes qui en font partie. «Une coquille vide»: cette expression revient souvent dans les commentaires des spécialistes et des politologues.
Dans une déclaration, Mezouar a souligné que sa participation au sommet sera l’occasion de se féliciter du rôle et des efforts de la Mauritanie pour tenir cette session dans de bonnes conditions. Pour sa part, le ministre mauritanien des Affaires étrangères a expliqué que cette 27e session examinera des questions fondamentales pour le monde arabe, citant notamment la question palestinienne, les relations inter-arabes ainsi que les crises en Syrie, en Libye, au Yémen et en Irak. Ce sommet sera sanctionné par la «Déclaration de Nouakchott» qui donnera une vision particulière sur les moyens de résoudre les problèmes auxquels est confronté le monde arabe, a-t-il indiqué. Rappelons que le 26e Sommet arabe a eu lieu les 28 et 29 mars 2015 à Charm el-Cheikh (Égypte), et a été placé sous le signe des «Soixante-dix années d’action arabe commune».