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Les economies de la zone MENA sous la loupe de la Banque mondiale

Seule l’accélération des réformes aidera la région à réaliser une croissance honorable dans un contexte de tensions et de guerre. Les pays importateurs de pétroles tirent bien leur épingle du jeu, tandis que pour le Maroc, l’impulsion du secteur privé, la création d’emplois et la promotion d’une prospérité partagée sont le triptyque pour une croissance durable.

Le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques dans la région MENA a été rendu public lundi lors d’une rencontre organisée à Rabat. Dans un contexte régional en ébullition marqué par la situation de détresse et de chaos total dans laquelle se trouve la Syrie et l’instabilité en Libye, ce rapport a été dévoilé sur une note d’optimisme prudent. C’est pratiquement la même chose qu’un sentiment de pessimisme prudent. On entrevoit un retour de la paix et une reprise de la croissance dans la région à moyen terme, tout en gardant à l’esprit les facteurs aggravants qui priment aujourd’hui sur le terrain et c’est là que l’adage «mettre la charrue avant les bœufs» devient applicable au sens strict du terme contre toute hiérarchisation des interventions en temps de guerre.

En effet, Shanta Devarajan, économiste en chef, pour la région MENA, de la Banque mondiale, croit fermement à la nécessité de commencer la reconstruction de la Syrie avant même la fin des hostilités. Plus encore, il estime que c’est là un moyen de pousser vers une solution à la crise syrienne. Dans cette configuration, le rapport de la BM affirme que la région MENA verra son taux de croissance fléchir de 3,5% en 2016 à 2,6 en 2017. Le même rapport relève qu’après 2017 et sous l’impulsion des réformes en cours, la situation devrait s’améliorer légèrement et que la croissance pourrait dépasser 3% en 2018 et en 2019. Et bien qu’on s’attende à un recul de la croissance globale de la région sous l’effet d’un ralentissement des économies des pays exportateurs de pétrole, les pays importateurs de pétrole devraient afficher de meilleurs résultats et connaître une croissance de 3,5% en 2017, alors qu’elle n’était que de 2,9% l’année précédente. En Algérie et généralement dans les pays producteurs de pétrole, la baisse du prix du baril a chamboulé les modèles économiques, un stress-test qui amène les spécialistes à prôner la diversification en attendant une remontée des prix qui reste improbable.

Dans ce sens, Hafez Ghanem, vice-président pour la région MENA, Banque mondiale, a exhorté l’Algérie à donner plus d’importance aux partenariats public-privé pour bâtir les bases d’une économie progressivement affranchie du pétrole. Une idée corroborée par Fathallah Oualalou, chercheur associé Senior d’OCP Policy Center et ancien ministre de l’Économie et des finances, qui croit fermement à ce type de contractualisation entre l’État et les acteurs du privé pour sortir de la crise en ratissant large et en n’omettant aucun secteur. En Égypte et c’est là un exemple riche en enseignement, notamment pour le Maroc qui s’est engagé dans l’application d’un système de change flottant, les réformes sont à double tranchant. Selon Ghanem, la réforme égyptienne de la compensation et l’adoption de la flexibilité du taux de change ont permis de drainer des investissements étrangers de plus de 5 milliards de dollars avec une croissance entre 4 et 5%. Toutefois, cette flexibilité du change a été à l’origine d’une inflation inégalée touchant principalement les couches pauvres de la société et la classe moyenne. Pour le Maroc, les prévisions de croissance du rapport tablent sur 3,8% de croissance en 2017 grâce à la forte reprise du secteur primaire après une année 2016 difficile.

L’activité non agricole reste morose et l’inflation maîtrisée, lit-on dans le rapport avant de marteler que déjà faible, le taux de participation au marché du travail ne cesse de décliner. Des efforts soutenus d’assainissement des finances publiques et la dégringolade des cours mondiaux du pétrole ont contribué à réduire le double déficit ces dernières années. Pour l’avenir, les principaux défis demeurent la poursuite d’une croissance plus forte sous l’impulsion du secteur privé, la création d’emplois et la promotion d’une prospérité partagée. En Tunisie où la recherche d’une reprise après le printemps arabe est soutenue bien que difficile, le taux de croissance se situe à 1% avec des perspectives plus ou moins positives à l’avenir. Il n’en reste pas moins le fait contraignant que le chômage parmi les diplômés dans ce pays bat son record. 


Syrie : le scénario post-guerre

Le rapport de la Banque mondiale est formel : la durabilité de la reprise économique dans la région dépendra de l’efficacité des futurs efforts de consolidation de la paix et de reconstruction. En effet, dans une région prise dans l’étau de la guerre et de l’extrémisme, l’attractivité des capitaux se trouve au point mort. En Syrie par exemple, à partir du moment où une solution sera trouvée pour rétablir la paix, il faudra dix ans au PIB syrien pour revenir à un niveau proche de ce qu’il était avant la guerre. Ceci à condition, précise le rapport, que l’économie syrienne connaisse une croissance moyenne de 5%. Un taux de croissance inférieur à ce niveau retardera le rétablissement d’une autre décennie.


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