Le Maroc confirme sa vocation de hub africain
Maroc-Tchéquie : Du business à faire ensemble
Martin Tlapa, vice-ministre des Affaires étrangères de la République tchèque
Peu présente en Afrique, la République tchèque veut désormais se tailler une place de choix sur le marché africain. Martin Tlapa, vice-ministre des Affaires étrangères, en tournée en Afrique, a réuni les 3 au 4 mars à Rabat les ambassadeurs tchèques en poste dans les pays de l’Afrique subsaharienne pour faire le point sur cette nouvelle orientation vers le continent africain. Explications.
Les Inspirations ÉCO : Jusqu’ici, vous êtes peu présents en Afrique, mais visiblement, on a comme l’impression que vous voulez changer la donne ?
Martin Tlapa : C’est votre analyse (rire) ! Nous sommes toujours présents en Afrique. Nous avons réalisé pas mal de choses avec plusieurs pays de l’Afrique dans le passé et nous comptons aujourd’hui renforcer cette coopération avec tout le continent. D’ailleurs, nous sommes convaincus que cette collaboration avec les pays de l’Afrique sera davantage plus fructueuse vu le niveau de développement actuel des États africains et leurs perspectives économiques prometteuses. C’est pour cela d’ailleurs que nous tenons chaque année une réunion à Rabat avec nos ambassadeurs en poste en Afrique subsaharienne pour faire le point sur cette nouvelle orientation économique tournée vers l’Afrique.
La République tchèque est un partenaire de l’Afrique, comme vous venez de le souligner, mais quels sont réellement vos engagements en Afrique ?
La réunion que je viens d’évoquer s’inscrit dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle feuille de route devant nous permettre de renforcer notre coopération avec le continent africain notamment dans le domaine des échanges commerciaux et des infrastructures. De plus, la République tchèque est disposée à accompagner les pays africains dans la lutte contre la pauvreté, l’émigration clandestine et l’insécurité. Pour ce faire, nous allons davantage investir dans la modernisation des infrastructures pour matérialiser cette coopération.
Vous avez tenu une réunion à Rabat les 3 et 4 mars avec 11
représentants diplomatiques tchèques en Afrique. Est-ce le signe que le Royaume du Maroc est le futur «hub» de la République tchèque en Afrique ?
Nous avons d’excellentes relations avec le Maroc et nous avons de très grands projets en commun. Il faut également souligner que nos deux pays sont liés par l’histoire. En effet, nous faisons partie des premiers pays à reconnaître l’indépendance du Maroc et à y installer une ambassade. De plus, de nombreux officiels marocains y compris le Roi Mohamed VI ont fait de nombreuses visites dans notre pays et vice versa. En mars 2016, Sa Majesté le Roi a effectué une visite de travail à Prague, en République tchèque, durant laquelle il a été reçu par le président tchèque Miloš Zeman. Mais si nous avons choisi le Maroc comme un hub régional, c’est pour des raisons beaucoup plus concrètes. Non seulement le nombre d’entreprises tchèques présentes au Maroc ne cesse d’augmenter chaque année, mais également, le Royaume jouit d’une stabilité politique sociale et économique rare en Afrique et dispose d’un climat des affaires propice à l’investissement. D’ailleurs nous avons de nombreuses compagnies avec une présence importante sur le marché marocain parmi celles-ci je peux citer les entreprises Škoda, Emco, Linet, Česká letecká servisní, MESIT Aerospace, Lasvit, Preciosa, Bohemia Crystal.
Dans ces conditions, vous avez certainement des ambitions plus importantes au Maroc, n’est-ce pas?
Oui en effet. Dans un premier temps, nous voulons nous imposer comme un intermédiaire direct entre l’Union européenne et le Maroc, et un promoteur de la coopération entre le Maroc-UE-Afrique. L’idée est de renforcer les connexions entre les différents marchés pour construire un avenir stable et prospère dans l’intérêt des populations africaines et européennes notamment en matière de création d’emplois et de croissance économique. Un marché commun est synonyme de l’absence de barrières. C’est pour cela d’ailleurs que nous encourageons la politique d’intégration du Maroc en Afrique.
En quoi cette intégration est bénéfique pour le Maroc ?
L’intégration régionale en Afrique est un premier pas vers l’intégration mondiale. En tout cas pour nous qui voulons faire du Maroc un hub régional c’est un grand soulagement dans la mesure où nous allons pouvoir produire à partir d’ici et exporter nos productions vers tous les pays membres de la CEDEAO avec des coûts faibles.
Revenons à vos ambitions au Maroc. Aujourd’hui quel est l’état des échanges commerciaux entre la République tchèque et le Royaume du Maroc et quelles sont vos prévisions pour les années à venir.
La République tchèque a un excellent tissu économique et notre objectif est de partager cette expérience industrielle avec le Royaume du Maroc dans tous les domaines, dans un premier temps. Dans un second lieu, nous comptons renforcer nos échanges commerciaux avec le Maroc qui sont aujourd’hui en forte hausse. Ces performances dans nos échanges avec le Maroc sont encourageantes. Mais nous tablons pour les années à venir sur des résultats plus excellents.
Dans quels secteurs souhaiteriez-vous renforcer votre présence au Maroc?
Nous ciblons de nombreux secteurs notamment le secteur des énergies et des transports. Nous savons qu’en matière d’efficacité énergétique, le Maroc a mis en œuvre une stratégie visant à atteindre 20% d’économie en énergie à l’horizon 2030. La République tchèque, forte d’une grande expérience en la matière, est prête à accompagner le Royaume dans la mise en œuvre de ce programme. Nous voulons également faire la même chose dans le domaine des transports notamment avec les projets d’extension des réseaux du tramway à Rabat et Casablanca ainsi que le renouvellement du parc des bus urbains dans les grandes villes. Outre ces secteurs, nous envisageons également renforcer notre présence au Maroc dans les services sans oublier le tourisme qui se porte aujourd’hui très bien. Nous savons qu’en matière de tourisme, le Maroc est une destination incontournable en Afrique et dans le cadre d’une coopération bilatérale entre nos deux pays, nous avons prévu d’amener davantage de visiteurs tchèques dans le Royaume dans les années à venir afin de renforcer nos échanges culturels et rapprocher davantage nos deux peuples.
