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Le CHU Ibn Rochd est malade

L’hôpital souffre d’un déficit de RH. Il manque, en effet, des infirmiers et des médecins dans pratiquement tous les services. La pharmacie est quasiment en rupture de stock. Les patients atteints de pathologies chroniques sont inquiets.  

Un personnel dépassé, une foule de patients qui s’agglutine dans les couloirs attendant d’être prise en charge, des malades en colère parce que leur rendez-vous, pris depuis plusieurs semaines, a été  reporté aux calendes grecques. En clair, les maux ne manquent pas au CHU Ibn Rochd de Casablanca.  «Nous sommes venus de très loin. Nous n’avons pas de couverture médicale. Notre fille est cardiaque et elle a besoin de subir des examens et des contrôles médicaux. Elle devait être reçue il y a déjà un mois. Mais à peine arrivés, on nous informe du report de son rendez-vous, lequel est, d’ailleurs, prévu pour aujourd’hui», tiennent à préciser les parents d’une patiente. Ceux-ci, qui ont dû prendre leur mal en patience, regrettent la dégradation de l’état de santé de leur fille.

«Le CHU Ibn Rochd cache des «horreurs» en son sein. Et ces «horreurs», ce sont les patients qui en pâtissent chaque jour», lance la mère d’un autre patient, que nous avons rencontrée la semaine dernière à l’hôpital. «C’est au niveau de l’accueil que les choses doivent d’abord changer. Il faut dire qu’il y a un déficit énorme en termes de personnel d’accueil, devant en principe accompagner les malades et leurs familles», tient à souligner notre interlocutrice. «Notre fils ayant tout juste été admis au service de cardiologie, poursuit-elle, nous avons été invités à lui trouver, nous-mêmes, un lit». Des histoires similaires à celle de cette mère, les Inspirations ÉCO en a beaucoup entendues dans ce Centre universitaire. Cela n’est pas sans provoquer l’ire des patients et de leurs familles, surtout les plus vulnérables, qui viennent de loin pour se voir prodiguer des soins dans ce centre créé en 1976, après création de la faculté de médecine de Casablanca. Depuis quelques jours, le Centre fait la une des journaux. Et pour cause, des révélations faites, il y a une semaine, par un professeur ayant requis l’anonymat, selon lesquelles une quarantaine d’opérations chirurgicales programmées pour des patients dans des situations très critiques ont été reportées le mois d’octobre. Des révélations qui ne tarderont pas à faire réagir les responsables du CHU, via un communiqué diffusé lundi dernier.

La direction de l’hôpital, qui a balayé d’un revers de main ces informations, tient, d’ailleurs, à rassurer l’opinion publique en rejetant les «rumeurs» selon lesquelles les opérations en question auraient été reportées à cause d’une coupure d’eau dans l’établissement. Pour appuyer leurs propos, les services de chirurgie du Centre avancent que 858 interventions ont été réalisées en octobre dernier, «une performance qui dépasse l’activité ordinaire enregistrée pendant le même mois au titre des trois dernières années», selon la direction. Et pourtant, des sources médicales ont révélé que la situation est très critique dans cette structure hospitalière devenue pavillonnaire depuis 1989.

D’ailleurs, les syndicalistes du CHU n’ont eu de cesse de «dénoncer la situation catastrophique». Un état des lieux qui, selon des syndicalistes du secteur de la santé, va de mal en pis. «La situation du CHU de Casablanca est très alarmante. Il est impossible d’améliorer les conditions de travail et des soins à l’hôpital dans les conditions actuelles», affirme Mohammed Ouardi, SG de la Fédération nationale de la santé (UMT). «Il y a de quoi être inquiet quand on sait que le déficit à combler est énorme, notamment en termes de ressources humaines», s’inquiète le SG. Celui-ci a confirmé que le manque concerne pratiquement tous les services. «Le manque de personnel est l’un des problèmes majeurs du centre. Il manque des infirmiers et des médecins dans pratiquement tous les services. Concernant les infirmiers, il faudra multiplier le nombre actuel par trois, voire par quatre pour revenir à la normale au CHU», selon le SG de la fédération. Et à lui de poursuivre, «un autre problème concerne notamment le nombre de lits disponibles au CHU, jugé insuffisant pour accueillir les malades nécessitant une hospitalisation». Ce n’est pas tout. «Plusieurs médicaments sont en rupture de stock ces derniers jours, notamment ceux destinés aux patients atteints de pathologies chroniques (exemple de la pénicilline)», affirme le syndicaliste. Un tel constat, pour le moins alarmant, n’a pas laissé indifférent le personnel que nous avons approché.

À commencer par les infirmiers, les médecins et le personnel manipulant les appareils qui -sous couvert d’anonymat- ont dénoncé la dégradation de leurs conditions de travail au sein du CHU. Sans omettre le manque d’appareils et d’équipements, notamment le matériel de stérilisation. «À cause de ce problème, le personnel peut chopper des virus au contact de patients atteints de pathologies graves», s’inquiètent les mêmes sources.

Pour dire que la situation entre les murs de cet établissement public est alarmante. Pis encore, certains bâtiments nécessiteraient même un entretien et une restauration immédiats. 


Une capacité d’accueil de 1.103 lits
Le CHU Ibn Rochd de Casablanca est le plus grand centre hospitalier universitaire du pays. Sa capacité litière compte 1.103 lits, contre 252 lits pour l’Hôpital du 20 août et 218 lits pour l’hôpital d’enfants. Au total, près de 3.600 personnes y officient. Le personnel médical, hors résidents et internes, compte 383 personnes, essentiellement des professeurs et des médecins spécialistes. Le personnel paramédical s’élève, quant à lui, à 1.300, selon la direction du CHU.


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