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La mondialisation revisitée à travers le prisme des crises

Lahcen Haddad a expliqué devant la Society for international development à Frankfurt les enjeux d’une nouvelle approche de la globalisation. Des enjeux certes difficiles, mais plus d’espoir porté par les nouvelles technologies, la science et un plaidoyer qui engage des personnalités de renom pour un monde juste et équitable.

Comment réinventer la mondialisation dans un monde où le protectionnisme prend le dessus même dans les grandes démocraties ? Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, la question est devenue récurrente, légitime pour comprendre l’évolution que l’économie mondiale et les échanges doivent connaître dans les années à venir. Dans ce contexte, la Society for international development (SID) en partenariat avec le Club de Madrid a tenté une approche d’un des sujets les plus complexes, mardi à Frankfurt. Tout au long de l’année 2018 et 2019, la question accaparera les débats dans la perspective d’un nouvel ordre économique plus juste et équilibré. Des responsables de banques, des universitaires, gouvernements locaux et secteur privé croiseront leurs idées pour faire jaillir une nouvelle lumière à même d’illuminer le chemin.

Lahcen Haddad, vice-président de la SID et ex-ministre du Tourisme, a contribué à cette réflexion mondiale à travers une présentation qu’il a effectuée, mardi à Frankfurt et qu’il a intitulée : «La mondialisation à la croisée des chemins : nouvelles doutes, espoirs possibles». Prenant la problématique par les deux bouts, il a mis la question de la mondialisation dans son contexte politique, technologique et économique actuelle. Car les freins qui peuvent compromettre une globalisation profitable à tous peuvent facilement être contournés par les solutions et les opportunités que les nouvelles technologies offrent aujourd’hui. Une promesse qui trouve également son écho dans la science et le partage de connaissances facilement essaimés via Internet. Haddad a aussi parlé d’un chapelet de désillusions à travers les sociétés suite aux crises successives et à la menace du changement climatique qui devient tangible. Ces désillusions sont aussi politiques notamment aux USA et en Europe, accompagnées d’une montée sans précédent des populistes, des idéologies extrémistes et de la xénophobie. Ces phénomènes sont d’autant plus inquiétants que l’on vit dans un monde interconnecté. En effet, selon le Global flows report de l’Institut McKinsey, les flux de biens, services et de la finance représentent 40% du PIB mondial. Les échanges sud-sud ont augmenté de 20 fois depuis 1990 avec un total de 4 trillions de dollars. Mais est-ce qu’aujourd’hui les dividendes de la mondialisation sont suffisants pour tous ? Pour Haddad, c’est loin d’être le cas, car 800 millions de personnes dans le monde vivent ou survivent avec moins de 2 dollars par jour.

Cette situation est exacerbée par la persistance d’inégalités et d’instabilités politiques poussant des millions de personnes à l’exil. Ce magma de crises a provoqué une montée sans précédent des flux migratoires que les gouvernements principalement en Europe ont du mal à gérer. En remettant le débat dans une perspective plus générale, SID cherche une base commune de compréhension et d’engagement partagée par les acteurs politiques, économique et sociaux pour un monde prospère, pacifique et juste. À travers un plaidoyer et une mobilisation tous azimuts, SID cherche aussi les moyens à même de réaliser ces objectifs différemment avec une vision constructive de l’avenir. L’idée est de redonner confiance à des millions de personnes qui plongent désormais dans une existence insulaire face à la globalisation des conflits qui menacent leur existence. C’est aussi recentrer le débat économique sur ses fondamentaux, loin des sensibilités provoquées par les délocalisations qui créent de la dynamique, mais qui a besoin d’être mieux conceptualisée. Un travail de pédagogie et d’explication devra convaincre les Européens de son opportunité suivant l’exemple de la Chine qui a adopté un large programme d’offshoring sans que cela ne porte préjudice à l’emploi et à la stabilité sociale. Cette problématique rappelle les débuts de la globalisation lorsque les gouvernements et les sociétés de la partie sud du globe craignaient une atteinte à leur souveraineté économique voire même politique. Aujourd’hui, les paradigmes ont changé et la mondialisation aura plutôt accéléré les processus d’émergence dans les pays du sud. 


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