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Formation du gouvernement : L’USFP out… l’UC in

L’élection du socialiste Habib El Malki à la présidence de la chambre basse pourrait aboutir au soutien de l’USFP à la majorité, sans y être. Néanmoins, le RNI tient à l’UC. Le PJD semble davantage pencher pour cette thèse.

Abdelilah Benkirane va-t-il parvenir un jour à former une majorité gouvernementale ? Plus de trois mois après les élections législatives, un grand doute plane encore sur cette question. L’élection du président de la commission administrative de l’Union socialiste des forces populaires à la présidence de la chambre basse complique la donne. En limitant les tractations à la coalition gouvernementale sortante, le chef de gouvernement désigné avait affiché, il y a quelques jours, un niet catégorique à la participation du parti de la rose au gouvernement. Après avoir écarté le parti de l’Istiqlal des consultations, Benkirane va-t-il céder encore une fois en acceptant de faire entrer l’USFP au gouvernement ? Selon un dirigeant du PJD, il est difficile de faire une nouvelle concession au risque de créer des problèmes internes au sein du parti de la lampe ou d’affaiblir le parti.

Cependant, les paramètres ont changé depuis lundi dernier. La coutume veut que le perchoir de la première chambre soit détenu par la majorité gouvernementale. Sur le plan politique, l’élection d’un membre de l’opposition à la présidence de la chambre des députés est un coup dur non seulement pour la majorité, mais aussi pour la démocratie, d’autant plus que la chambre haute est présidée par un parlementaire de l’opposition. Certaines voix estiment que Benkirane, désormais mis devant le fait accompli, n’a d’autre choix que d’ouvrir la porte à l’USFP dont le candidat a été plébiscité par les alliés gouvernementaux sortants du PJD, hormis le PPS qui s’est aligné sur la position du parti de la lampe. Pour débloquer la situation, le PJD garde espoir que l’USFP se contente de la précieuse présidence et exprime son soutien au gouvernement au sein du Parlement, sans pour autant détenir de portefeuilles ministériels. Mais visiblement, les héritiers de Abderrahim Bouabid ambitionnent encore de diriger des départements ministériels bien que leur score aux élections législatives ait été très modeste.

Le temps presse !
En dépit de tout, le parti de la lampe reste optimiste. Il explique sa stratégie lors de l’élection du président de la Chambre des représentants par la volonté de laisser la porte ouverte aux tractations pour la formation du gouvernement. Cette tactique va-t-elle suffire ?  Selon un dirigeant du mouvement populaire, les prochains jours seront décisifs et devront aboutir à la formation tant attendue du futur Exécutif grâce aux concessions faites de part et d’autre. Manifestement, le Mouvement populaire et le Rassemblement national des indépendants tiennent encore à faire entrer d’autres composantes au gouvernement. Ils brandissent la carte du renforcement de la majorité gouvernementale. Les quatre partis de la majorité sortante détiennent 201 sièges à la chambre basse, soit un taux de 50,88%. La différence entre les deux mandats est de 8 sièges, soit 2% uniquement.

Lors du précédent mandat, la coalition gouvernementale comptait 209 députés soit un taux de 52,91%. Le PJD, lui, compte sur les voix du Parti de l’Istiqlal dont le dernier conseil national a annoncé le soutien à la majorité gouvernementale. Cependant, les alliés de Benkirane appellent à la prudence. «On ne peut pas faire confiance à un parti qui ne fait pas partie du gouvernement», souligne un haraki.

Avec ou sans… ?
Dans l’absolu, les PJDistes savent que l’on ne peut pas compter sur le soutien inconditionnel du Parti de l’Istiqlal, d’autant plus qu’il devra bientôt renouveler ses structures. Néanmoins, ils appellent à la mobilisation des troupes de la coalition gouvernementale pour remporter le pari au sein de l’institution législative. Dans cette lignée, le veto de la lampe sur l’UC pourrait être levé avec une participation symbolique au sein du futur cabinet.

Enfin, si le blocage persiste, même le Parlement, qui a démarré les travaux de la session automnale pour adopter la loi relative à l’acte constitutif de l’Union africaine, va sombrer dans un profond sommeil après cette mission. Les députés ne pourront pas se consacrer à leur mission de contrôle et de législation tant que le nouvel Exécutif ne sera pas constitué.

Le gouvernement de la gestion des affaires courantes ne peut pas, en vertu des dispositions de la loi organique sur la conduite des travaux du gouvernement, prendre de décision engageant durablement le futur gouvernement, notamment l’approbation des projets de loi et des décrets réglementaires. L’expédition des affaires courantes est limitée à «l’adoption des décrets, des arrêtés et des décisions administratives nécessaires et des mesures urgentes requises pour garantir la continuité des services de l’État et de ses institutions ainsi que le fonctionnement régulier des services publics». Par ailleurs, le spectre de la dissolution du Parlement et de l’organisation de nouvelles élections plane encore. Il s’agit d’un scénario à éviter en raison de son coût tant politique que financier.


Lahcen Daoudi
Député et membre du secrétariat général du PJD

Nous souhaitons que la porte du dialogue reste ouverte. La question ne dépend pas uniquement du PJD, mais aussi des autres parties. Le PJD aurait pu présenter un candidat à la présidence de la Chambre des représentants. Cependant, notre souhait n’est pas de bloquer la situation. Espérons que le fait que le PJD n’ait pas présenté de candidat pourra débloquer celle-ci et que les autres comprennent le message. Aujourd’hui, on pourrait avoir une majorité à l’intérieur du gouvernement et une autre au sein du Parlement, qui soutienne l’Exécutif. Toutes les portes sont ouvertes.

Essaïd Ameskane
Député et membre du bureau politique du MP

Quel est l’impact de l’élection de Habib El Malki sur la formation du gouvernement? Je ne peux pas vaticiner. Cela fait quatre mois qu’on n’est pas arrivé à une solution. Aujourd’hui, l’USFP s’est imposée. Va-t-on se suffire de cette présidence du Parlement ou l’USFP va-t-elle demander des portefeuilles ministériels? Selon les échos qui nous sont parvenus, ils sont exigeants. Jusque-là, l’USFP n’a pas déclaré officiellement qu’il allait soutenir le gouvernement. On ne sait donc pas ce qui va se passer.


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