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Emploi dans le football : Pauvres joueurs africains !

73% des joueurs professionnels gagnent moins de 1.000 dollars en Afrique, alors que la moyenne mondiale est de 45%. Plus de 55% des footballeurs africains touchent leurs indemnisations avec beaucoup de retard. 

Loin des lumières, focalisées la plupart du temps sur les stars et sur leurs rétributions faramineuses, la réalité du football, quant à l’emploi, est toute autre. En effet, la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPro), syndicat global des footballeurs, vient de publier un rapport sur les conditions de travail dans le football professionnel mondial. Premier de son genre, ce rapport global analyse les conditions de travail des professionnels du ballon rond avec, au passage, des informations inédites sur l’Afrique. D’emblée, une des principales conclusions de ce rapport est la fragmentation du marché mondial de l’emploi ; un constat qui peut être relevé aussi dans un seul club avec, parfois, des conditions contractuelles qui différent d’un joueur à l’autre. Le rapport souligne, par ailleurs, l’impossibilité de segmenter la carte de l’emploi du football mondial, selon la région ou les ligues professionnelles. En ce qui concerne l’Afrique, un parallèle est dressé entre le marché de l’emploi et une pyramide avec trois niveaux : un premier, constitué de l’élite du football mondial, bénéficiant de conditions hors normes ; un deuxième niveau intermédiaire avec des conditions de travail acceptables et un dernier, constituant la base de la pyramide. Ce dernier niveau, qui représente la majeure partie des sportifs, est également omniprésent dans les championnats de l’Europe de l’Est de l’Amérique Latine.

Spécificités africaines
En Afrique, 73% des joueurs gagnent moins de 1.000 dollars alors que la moyenne mondiale est de 45%. Les deux régions, latino-américaine et est-européenne, sont beaucoup moins lésées, avec, respectivement, 45 et 32% de joueurs touchant un salaire identique. Pire encore, plus de 55% des footballeurs touchent leurs rémunérations tardivement ; un score qui dépasse de loin le pourcentage de 40% enregistré en Amérique (nord et sud), de 35% en Europe et de 26% en Asie. En poussant un peu plus loin l’analyse, ce délai de paiement peut être exacerbé par un autre problème plus grave : des conditions contractuelles très mauvaises. Entre les trois niveaux de rémunération relevés dans le continent africain, à savoir -1.000 $, entre 1.000 et 1.800 $ et au-dessus de 8.000 $, c’est, mine de rien, ce dernier niveau qui pâtit de la plus grande probabilité de retard de paiement, avec un pourcentage de 55% de professionnels ne percevant pas leur salaire à temps.

Conditions de travail et réglementation
Le travail des syndicats des joueurs et le processus de professionnalisation ont conduit à l’amélioration significative des normes contractuelles dans plusieurs pays. Toutefois, les contrats, jugés «de mauvaise qualité» par la FIAFP, sont encore utilisés par plusieurs clubs en Afrique et en Amérique Latine. En dépit des revendications, quoique timides, des associations de joueurs, cette situation contribue à fragiliser les joueurs du ballon rond dans le continent. Dans certains pays, des contrats secondaires, couvrant souvent la rémunération pour l’utilisation des droits de l’image, sont fréquemment utilisés par les clubs et les joueurs. Compte tenu de la valeur marchande des compétitions nationales et le potentiel de commercialisation des joueurs, bon nombre de ces contrats semblent être un moyen détourné de diminuer les frais de la sécurité sociale ou certains impôts. De surcroît, ces contrats sont également beaucoup plus difficiles, pour un joueur, à faire valoir devant un tribunal dans le cas d’un différend avec son club.

Les contrats écrits
Si être en possession d’un contrat écrit est considéré comme une condition basique dans le football professionnel, 8% des joueurs ne disposent toujours pas de ce document légal sur une échelle globale. En Afrique, ce ne sont pas moins de 15% des joueurs professionnels qui évoluent dans leur club sans un contrat écrit. Cette situation affaiblit davantage cette catégorie de sportifs, prenant en compte que le pourcentage de «disponibilité d’un contrat écrit par région» est d’environ 97% en Afrique, ce qui réduit à 3% le nombre de clubs n’offrant pas des contrats à leurs joueurs. Autre phénomène pointé du doigt, comme moyen de contourner la loi, les contrats de droit civil. Si ce phénomène est est-européen par excellence, la Tunisie et le Congo, nous révèle le rapport, figurent parmi les dix pays avec des parts significatives de contrats civils. Le pourcentage de ces derniers s’élève, respectivement dans ces deux pays, à 55,6 et 18,20%. Ainsi, les joueurs dotés de ce genre de contrats sont non seulement privés de protection sociale, en vertu de la législation du travail, mais plus susceptibles de subir, également, d’autres formes d’abus, tels que la violation de contrats avec le retard du paiement. 


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