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Élections : Une nouvelle architecture politique

Les résultats des élections législatives esquissent une nouvelle configuration de l’échiquier politique. Si le PJD et le PAM peuvent savourer leur victoire, les autres formations politiques, ayant essuyé un revers cinglant, sont appelées à tirer des enseignements du verdict des urnes.

Le vote sanction contre le PJD n’a finalement pas eu lieu en dépit des différents appels lancés notamment par les syndicats et ses adversaires, et des mesures impopulaires prises par le gouvernement. Décrochant 31,64% des sièges de la Chambre basse, le parti de la lampe est même parvenu à améliorer son score en raflant la mise dans certains bastions électoraux d’autres partis politiques comme Fès et Agadir, confirmant ainsi sa force électorale. Il a aussi pu mettre, enfin, un pied dans le milieu rural, coupant l’herbe sous le pied d’autres formations politiques. Les résultats  du 7 octobre confirment la bipolarité politique entre le PJD et le Parti authenticité et modernité soulignée par les médias au cours des derniers mois. La représentation du PAM et du PJD au sein de la Chambre des députés atteint 57,46%, dont 25,82% pour le parti du tracteur, qui est passé du quatrième rang aux élections législatives anticipées de 2011 au deuxième, devançant de loin le parti de l’Istiqlal. Il s’agit d’un exploit pour le parti du tracteur qui n’a décroché, en 2011, que 47 sièges. Les dirigeants du PAM jubilent, bien qu’ils aient misé sur la première place du podium pour diriger le gouvernement.

Revers cinglant
La nouvelle configuration de la scène politique nationale devrait interpeller les autres partis politiques, de l’avis des observateurs. Plusieurs formations politiques ont essuyé un revers cinglant. Le parti de l’Istiqlal, dont le secrétaire général était très optimiste lors de la campagne électorale, figure parmi les grands perdants. Le parti de la balance a, en effet, perdu 14 sièges en comparaison avec 2011. Le Rassemblement national des indépendants n’était pas plus chanceux en perdant 15 sièges. Le score du mouvement populaire a également baissé de 5 sièges. Certains harakis expliquent cette situation par le seuil électoral qui n’était pas favorable au parti. Quant à l’Union constitutionnelle, qui se range du côté de l’opposition depuis plus de 20 ans, elle a dégringolé de quatre sièges. Pour sa part, le Parti du progrès et du socialisme n’a pas réussi à suivre les pas de son principal allié, le PJD. Le PPS a essuyé un échec cuisant en obtenant uniquement 12 sièges au lieu de 18 en 2011. Cela aura un grand impact sur son action au Parlement car il ne pourra pas constituer un groupe parlementaire. Le mariage de la carpe et du lapin entre le PJD et le PPS aurait porté une estocade fatale aux progressistes qui ont perdu plusieurs voix.

Descente aux enfers
Le parti de l’Union socialiste des forces populaires a poursuivi sa descente aux enfers en perdant 19 sièges. Cette défaite est expliquée par les guerres intestines au sein du parti de la rose et le départ de plusieurs ténors du parti qui s’est vu battre dans certains de ses fiefs historiques comme Agadir. De manière générale, la gauche marocaine, qui demeure toujours laminée, n’arrive pas à séduire les électeurs. Même la Fédération de la gauche démocratique, qui a été très médiatisée au cours des dernières semaines et a été très soutenue sur les réseaux sociaux, n’a pas pu créer la surprise, bien qu’elle ait couvert 98% des circonscriptions électorales. La faiblesse des scores va-t-elle inciter les partis politiques de la gauche à revoir leur stratégie et leur discours et à repenser leur union pour conquérir les électeurs? En tout cas, le jeu en vaut la chandelle.

Les petits partis éjectés
Par ailleurs, les «petits partis» ne sont pas parvenus à percer en dépit de l’abaissement du seuil électoral de 6 à 3%. La plupart d’entre eux ont été éjectés de la course. Le nombre des partis ayant accédé au Parlement a baissé de 18 à 12, alors que s’attendait à l’émiettement de la représentation politique au sein de l’institution législative. Deux partis politiques n’ont réussi à décrocher qu’un seul siège chacun. Sept partis politiques vont pouvoir constituer un groupe parlementaire contre huit durant la législature précédente.

Un taux de participation décevant
Tous les partis politiques sont appelés à méditer sur les résultats, d’autant plus qu’ils ne sont pas parvenus à mobiliser les électeurs. Plusieurs dirigeants politiques ont affiché leur déception vis-à-vis du taux de 43%. Ainsi, 57% des électeurs inscrits ont boudé les élections alors qu’on s’attendait à une mobilisation massive des votants. Les formations politiques sont appelées, par les observateurs, à déployer davantage d’efforts pour changer l’image écornée de la politique et de l’opération électorale chez les citoyens, notamment les jeunes.



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