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Éducation nationale : Recrutements sous haute tension

Pour faire face à la pénurie d’enseignants, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de recruter 11.000 profils avec des contrats à durée déterminée (CDD) en passant par les académies régionales. L’opération, lancée hier mercredi, est contestée, notamment par les lauréats du «programme de formation de 10.000 cadres», qui réclament leur intégration dans la fonction publique.

Le ministère de l’Éducation nationale est entré dans une course contre la montre. Objectif : recruter 11.000 nouveaux enseignants supplémentaires, en plus de ceux prévus dans la loi de Finances 2016 pour sauver l’année scolaire actuelle. Cette dernière a commencé sous haute tension à cause de l’encombrement des classes qui abritent jusqu’à 60 élèves dans certaines écoles. Une situation qui a suscité l’ire des parents d’élèves, lesquels se sont mobilisés pour protester contre la densité des classes et le manque d’enseignants. Ils ont finalement obtenu gain de cause puisque, sur hautes instructions, le département de Belmokhtar a dû bouger pour rectifier le tir. Résultat, des fonds supplémentaires ont été concédés pour doter le ministère de l’Éducation des ressources humaines nécessaires. «À l’image des autres établissements publics et conformément au décret conjoint 7.259 daté du 7 octobre 2016 entre le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Économie et des finances, les académies régionales de l’éducation et de la formation procéderont à une opération de recrutement d’une manière contractuelle de 11.000 postes», indique le département de Rachid Belmokhtar dans un communiqué.

Le provisoire qui dure !
La précision est de taille car le département de Belmokhtar propose aux enseignants des contrats à durée déterminée (CDD). C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est passé par les Académies régionales de l’enseignement et de la formation (Aref), qui ont le statut d’établissements publics, pour recruter les nouveaux enseignants. «Cette procédure de recrutement ne permet en aucun cas le droit à l’intégration directe au sein des rangs de la fonction publique», précise le ministère. Une condition qui ne passe pas auprès des lauréats formés dans le cadre du «Programme de formation de 10.000 cadres éducatifs pour le secteur privé». Ces derniers ont annoncé à travers leur coordination le refus de cette formule ainsi que le boycott des recrutements.

Dans tous les cas, les académies ont commencé, mercredi, à lancer les concours d’admission à travers le site de l’emploi public (www.emploi-public.ma). Les examens devront avoir lieu les 25 et 26 novembre et la prise de fonction pour les admis le 19 décembre prochain. Les candidats devront disposer d’une licence, notamment dans les filières de l’éducation, ou issus du programme «10.000 cadres». Si leurs contrats seront à durée déterminée, le ministère de tutelle précise que les nouveaux enseignants bénéficieront de l’ensemble des avantages procurés aux titulaires : salaires équivalents (échelle 10), allocations familiales, droits à la promotion par l’évaluation et l’ancienneté.

De plus, les recrues contractuelles auront droit aux cycles de mises à niveau et de formation, aux congés de maladie et de maternité, à l’assurance maladie obligatoire…Les enseignants, quant à eux, s’engageront à se conformer aux conditions de leur nouvel emploi : affectation pour ce qui reste de la saison 2016-2017 et pour les prochaines années, discipline et respect de la hiérarchie, respect du secret professionnel, observation des calendriers d’apprentissage et des manuels procurés par le ministère. Par ailleurs, les enseignants retenus seront évalués lors des deux premières années et, au terme de la seconde, ils devront passer un examen d’aptitude professionnelle. En le réussissant, les enseignants verront leur CCD reconduit, lequel continuera de l’être chaque année par tacite reconduction avec une autre réévaluation tous les 8 ans de service….Autant dire que c’est le provisoire qui dure ! Si le ministère de l’Éducation nationale réussit à faire passer la pilule, ce sera une première dans la fonction publique. Une première qui balisera le terrain au gouvernement pour user et abuser de ce mode de recrutement.


CDD : la bataille gagnée de Benkirane
Les opérations de recrutement des enseignants ont suscité beaucoup de remous ces dernières années. L’année dernière restera dans les annales : après avoir recruté 10.000 enseignants stagiaires, le chef de gouvernement a publié des décrets qui remettent les pendules à l’heure et décide de ne recruter que 7.000 enseignants. Le premier texte stipule que la réussite au concours d’accès aux Centres pédagogiques régionaux de formation des enseignants ne donne pas automatiquement accès au poste d’enseignant dans le public. Le second, quant à lui, change l’appellation d’enseignant-stagiaire par celle d’étudiant-stagiaire en réduisant de moitié le salaire de 2.450 DH par mois. Après un feuilleton qui duré plusieurs mois, rythmé par des sit-in et marches de protestation, l’Exécutif a lâché du lest en décidant, en mai dernier, de recruter l’ensemble de ces jeunes après un concours où ils seront tous admis…en décembre 2017. Résultat, l’année scolaire a démarré avec un déficit d’enseignants et un sureffectif révoltant que le département de Belmokhtar essaye de rattraper aujourd’hui. Mais, contre vents et marées, le gouvernement de Benkirane est sorti gagnant en imposant de nouvelles règles du jeu : séparation entre la formation et le recrutement, organisation de concours d’accès (après 12 mois de formation !) et, cerise sur le gâteau, des contrats à durée déterminée…


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