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Éducation nationale : Les disparités territoriales sont criantes

L’Atlas territorial des disparités en éducation a été rendu public hier à Rabat. Deux indicateurs, à savoir le nombre d’années passées à l’école et l’indice de Gini, brossent un tableau peu reluisant sur l’école de l’équité. Sur 175 pays, le Maroc est classé 136e. Autre fait crucial: les disparités augmentent au niveau communal.

C’est un document de référence qui marque une nouvelle volonté d’appréhender la problématique de l’éducation au Maroc. L’Atlas territorial des disparités en éducation, présenté hier à Rabat par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, est le fruit d’un dur labeur. Le document s’inspire du soubassement même de la réforme 2015-2030 adoptée par le Conseil, qui prône l’ancrage de l’école de l’équité et de l’égalité des chances.

Cette approche prend en considération le besoin d’appliquer une discrimination positive en faveur des zones défavorisées dans le monde rural et les zones montagneuses, notamment là où le déficit est grand. Deux indicateurs ont été pris en compte dans l’élaboration de l’Atlas, à savoir le nombre d’années de scolarisation et l’indice de Gini de l’éducation. Ces deux baromètres sont également les principaux critères des Nations Unies en matière de classement des pays sur l’échelle du développement.

Ces deux indicateurs permettent d’avoir une vision sur les besoins en programmes de développement local. Selon Rahma Bourqia, directrice de l’Instance nationale d’évaluation relevant du Conseil, 1.538 communes ont été sondées et classées en quatre catégories, selon le degré de déficit. Par ailleurs, le Recensement général de la population de 2014 a été pris comme base et référentiel pour suivre les indicateurs de disparités. Ainsi, si l’on prend en considération le nombre d’années de scolarisation pour les élèves de 15 ans et plus, il est de 5,64 années au Maroc, ce qui est très faible. Sur 175 pays, en prenant en compte le premier critère, le Maroc est mal classé puisqu’il arrive à la 136e place. Il fait donc partie des 24% des pays qui ont une moyenne d’années passées à l’école de moins de 6 ans, alors que dans les pays scandinaves, à titre d’illustration, cette moyenne dépasse les 12 ans. Seules les provinces du Sud tirent leur épingle du jeu avec une moyenne proche de celle enregistrée dans les pays développés. L’on remarque la même performance sur l’axe Kénitra-Casablanca. Ceci dit, les disparités entre régions au Maroc ne sont pas très notables.

Les choses deviennent compliquées lorsqu’on réfléchit en termes de communes où les différences sont plus marquées. Pour exemple, la commune de Fahs Anjra ne revendique que 2,8 années de scolarisation voire moins avec 0,49 pour la commune d’Oulad Ali Mansour, tandis que Rabat Agdal pulvérise le score avec une moyenne de 12,5 années. Quant à l’indicateur de Gini, il est de 0,55 au Maroc sachant que, lorsqu’on se rapproche du zéro, les disparités diminuent. À ce niveau, le Maroc est classé 150 sur 175 pays. Ce qui veut dire que l’indicateur de scolarisation est meilleur que celui de Gini dans le cas du royaume. Il faut savoir aussi que les régions ayant moins de 5 ans de scolarisation pour la population sondée souffrent aussi de disparités au niveau de l’indicateur de Gini.

Ainsi, 19 provinces seulement sur 75 disposent d’une moyenne de 6 années de scolarisation. Dans ce sens, la ville de Marrakech est classée 10e, tandis que Sidi Kacem arrive 57e. Les disparités entre communes sont les plus criantes: 225 communes souffrent d’un grand déficit, et 409 n’en souffrent pas. Qu’est-ce qui explique donc cette situation? Si l’on se réfère à l’analyse du Conseil supérieur, deux principales raisons peuvent notamment expliquer ce retard accumulé dans la moyenne d’années de scolarisation. D’un côté, l’analphabétisme pèse lourdement sur le niveau moyen du capital humain malgré sa réduction relativement importante durant la dernière décennie. D’un autre côté, le Maroc n’a pas suffisamment étendu l’enseignement secondaire, qualifiant et supérieur.

Ainsi, la proportion de la population âgée de 15 ans et plus ayant atteint le niveau supérieur reste relativement faible. En 2014, elle a atteint 8,5%, comparable à la valeur enregistrée dans la région MENA en 2000 (8,4%). Cette proportion reste inférieure à celle affichée pour les pays développés au début des années soixante-dix (9,8%).


Et pourtant, il y a amélioration depuis les années 1980

Il est loisible de souligner que les deux indicateurs pris en considération par le document du conseil supérieur se sont relativement améliorés depuis 1982. Ainsi, l’indice de Gini de l’éducation est passé de 0,80 en 1982 à 0.55 en 2014, enregistrant une baisse de 31%. Simultanément, sur cette même période, la moyenne d’années de scolarisation a été quasiment multipliée par trois, passant de 1,94 à 5,64. Le hic est que durant la période 2004-2014, la massification de l’éducation n’a pas été suffisamment accompagnée par la diminution des inégalités dans ce domaine. Il y a eu une amélioration beaucoup plus apparente dans la moyenne d’années de scolarisation que dans l’indice de Gini de l’éducation. Si l’augmentation la plus importante du niveau moyen d’éducation a été enregistrée pour la période 2004-2014, la cadence de la baisse du coefficient d’inégalité est restée, cependant, assez linéaire tout au long de la période 1982-2014, soit une diminution de 0,08 par décennie.


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