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Dialogue social : Les arguments «politiques» prennent le dessus

Aujourd’hui, les débats se concentrent sur la baisse de l’IR pour soutenir une classe moyenne électoralement désabusée. Demain mercredi, le chef de gouvernement doit donner sa réponse après une réflexion de 48 heures.

C’est demain, mercredi, qu’est programmé le troisième round du dialogue social. Après la réunion tenue vendredi dernier entre le chef de gouvernement, les syndicats et la CGEM, l’Exécutif a demandé une trêve de 48 heures. Ce délai de réflexion est d’autant plus crucial qu’il s’agit de prendre une décision des plus importantes, celle de réviser l’IR à la baisse. Une mesure qui peut faire office de cadeau de fin de mandat du gouvernement Benkirane, mais qui se confronte aux exigences des équilibres macroéconomiques, âprement défendues par le ministre des Finances, Mohamed Boussaid. Ce dernier n’a pas lâché le morceau durant les rencontres avec les syndicats. Quant à la CGEM, elle ne peut qu’applaudir une mesure qui, tout en améliorant le revenu des salariés, n’affectera nullement les charges de l’entreprise.

Mais  le chef de gouvernement est-il prêt aujourd’hui à faire une concession sur l’IR ? Tout dépend de la réponse qui sera donnée demain aux chefs syndicaux bien que certains d’entre eux se montrent d’emblée sceptiques. C’est le cas de Larbi Habchi de la FDT. Contacté par les Inspirations ECO, ce responsable syndical dit n’attendre pas grand-chose du dialogue social. «Ce gouvernement a une conception unilatérale des attentes des Marocains. Il cherche à préserver les équilibres macro-économiques au détriment des aspects sociaux», tonne-t-il. Et Habchi d’ajouter que la paupérisation de la classe moyenne continue malgré les milliards de dirhams engrangés grâce à la levée de la subvention des hydrocarbures. Le responsable de la FDT estime qu’aujourd’hui, un geste sur l’IR représente un important axe d’amélioration des revenus sans porter atteinte à la compétitivité des entreprises. Plus qu’un geste, remettre l’IR sur la table des négociations dans un contexte électoral n’est pas dénué de sens.

L’amélioration des revenus via l’impôt s’est toujours invitée au débat à l’orée des élections législatives. C’est la seule manière, et pour le gouvernement et pour les syndicats, pour redorer leur blason auprès d’un électorat désabusé. C’est d’autant plus vrai que les frontières entre les syndicats et les partis politiques n’ont jamais été étanches. L’UNTM est proche du PJD, la FDT a des affinités avec l’USFP, L’UGTM avec l’Istiqlal… En effet, on a l’impression que le dialogue social s’est subitement réduit, à ce point, à se lier à l’IR. Les regards sont rivés sur la réponse que Benkirane donnerait demain à ce sujet. Pour sortir de l’embarras, il reste envisageable, malgré les doutes, que le chef de gouvernement obtempérera. Quant au dossier de la réforme de la CMR, il pourra attendre, le temps que les esprits se calment.

Dans ce climat tendu, d’autres voix syndicales se lèvent pour dénoncer la mainmise du gouvernement et de quelques syndicats sur le dialogue social mettant en avant le principe de représentativité. Sur ce volet, la question qui se pose est celle de savoir si les syndicats invités à la table du chef de gouvernement sont réellement représentatifs des travailleurs au Maroc. Si l’on prend en considération les résultats des élections des commissions paritaires et des délégués des salariés, l’on constate que 50% sont décrochés par les sans appartenance syndicale. La moitié restante est partagée par l’ensemble des syndicats ayant pignon sur rue.

Pour Mustapha Chtatbi de la CGT, issue d’une scission avec la CDT, il est aujourd’hui inopportun de parler de représentativité en l’absence d’une loi qui régit les syndicats. «De quelle représentativité parle-t-on lorsque la CDT et l’UNTM disposent chacune d’à peine 4 sièges à la Chambre des conseillers», argue-t-il. Et d’enfoncer le clou : «Comment se fait-il que le gouvernement négocie avec des chefs syndicaux qui ont dépassé l’âge de la retraite. Ils n’ont aucun droit de parler au nom des salariés actifs».

Le responsable syndical ressuscite le débat sur deux points essentiels du nouveau projet de loi sur les syndicats, à savoir qu’un retraité ne peut prétendre à un poste de responsabilité. Il a, par contre, la possibilité d’occuper une fonction consultative pendant 5 ans. L’autre point a trait à l’audit des comptes syndicaux que les chefs des centrales refusent arguant de l’immixtion de l’État dans les affaires syndicales. Or, si l’État continue de financer les syndicats, ces derniers doivent aussi se soumettre à la règle constitutionnelle de reddition des comptes à l’instar des partis politiques.


 

Réforme des retraites : niet syndical
Concernant le sujet brûlant de la réforme de la CMR, les syndicats ne peuvent que camper sur leur position de refus catégorique des mesures paramétriques. Ils n’ont pas le choix, au risque de se compromettre auprès des masses laborieuses. Un syndicat «non représentatif», comme la CGT, propose des pistes fort intéressantes inspirées du modèle polonais qui jusqu’ici a montré sa résilience. Mustapha Chtatbi revient toujours et encore à la proposition de référendum pour tâter le pouls des citoyens à ce sujet. Car, pour lui, il est inconcevable que le sort de centaines de milliers de fonctionnaires soit entre les mains de quelques chefs syndicaux dont la légitimité est aujourd’hui plus contestée qu’auparavant.


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