Demande en habitat : Le rêve des Marocains, devenir propriétaires !

86,5% des demandes concernent l’achat contre 13,3% des ménages interrogés qui optent pour la location. L’essentiel de la demande concerne Casablanca avec 30%, suivie de Marrakech puis Rabat. Cinq principales régions attirent 77,8% de la demande globale.
C’est une enquête qui arrive à point nommé, quelques semaines seulement après celle sur l’offre en logement. La boucle est donc bouclée pour une connaissance en profondeur d’un secteur qui a connu ses années de gloire entre 2010 et 2014 et qui vit aujourd’hui une sorte de stand-by. Hier à Rabat, Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat et de la politique de la ville a livré les résultats riches en enseignements sur la demande en habitat.
D’entrée de jeu, il a tenu à ce que l’on fasse la distinction entre la demande et non le besoin qui peut être exprimé sans avoir les moyens d’acquisition d’un logement. Ainsi, les familles sondées ont exprimé leur capacité d’accès à un bien immobilier. Elles aspirent à un meilleur logement et surtout à l’accès à la propriété. Il en ressort que 86,5% de ces demandes concernent l’achat, ce qui confirme la tendance justement vers la propriété.
Ainsi, 13,3% seulement des ménages interrogés jettent leur dévolu sur la location. Changement de paradigme, la majorité des demandes vont vers les appartements contrairement au passé où l’on visait des terrains pour la construction de la maison marocaine typique qui perd de plus en plus du terrain face au logement collectif. L’essentiel de la demande concerne la ville de Casablanca avec 30% suivie de Marrakech puis Rabat. Cinq principales régions attirent 77,8% de la demande globale. À la lumière de ces premiers résultats, les politiques publiques dans le domaine du logement seront plus motivées. Idem pour les promoteurs immobiliers qui auront une meilleure visibilité sur la nature des besoins qui se profilent à l’avenir.
Il ressort de l’enquête que la demande en habitat s’élève à 1.572.893 unités tous types de logements confondus. Le milieu urbain accapare la part du lion avec 1,4 million d’unités face à seulement 0,2 million en milieu rural. En termes d’échéances, il faut savoir que la demande immédiate représente 78% de la demande totale contre 22% pour la demande future. Seulement 1,3% des demandeurs optent pour les villas contre 45% pour les appartements et 17,2% pour le terrain.
Par ailleurs, la demande pour un usage de résidence principale est la plus prégnante avec 92,1% suivie par le logement secondaire avec 4,1% et enfin de la demande pour investissement (3,9%). L’acquisition d’un logement neuf s’érige en priorité pour 63,9% de la demande conte 27,1% pour l’ancien. Quant à la superficie, 60% des appartements souhaités varient entre 50 et 80 m2.
Concernant les maisons marocaines modernes (MMM), 75% de la demande vise des superficies variant entre 50 et 100 m2. Pour ce qui est des villas, 80% optent pour 150 m2 et plus. Une tendance ressort clairement en ce qui concerne le nombre de pièces puisque pour les appartements, ce sont les 3 à 4 pièces qui sont les plus prisés avec 76,5%. Dans les villes, la priorité des demandeurs sont les établissements d’enseignement (60%) et de santé (47%) suivis des souks et commerces (45%) et du transport en commun (42%).
En milieu rural par contre, les services de santé atteignent 59% des besoins. L’âge moyen des demandeurs se situe à 43% que ce soit en ville ou dans la campagne tandis que leur niveau moyen se situe entre le primaire et le collégial.
Par ailleurs, 76,6% des demandeurs sont mariés contre seulement 16% de célibataires. Ils sont 83,4% à disposer d’une activité professionnelle contre 6,3% de retraités. S’agissant de leurs revenus, l’enquête dévoile qu’en milieu urbain 56% on un salaire inférieur ou égal à 4.000DH contre 77% en milieu rural. Autre indicateur de taille, sur les 10 dernières années, 26% des ménages, soit 1,9 million, ont changé leur logement de résidence.
Sans surprise, le taux de mobilité résidentielle est plus élevé en milieu urbain (35,2%) qu’en milieu rural (8,4%). Enfin, bien qu’il s’agisse d’une appréciation générale, la grande majorité (73%) des ménages ne sont pas mécontents de leurs logements.
La famille moins solidaire à Casablanca
La question du mode d’achat d’un logement est révélatrice de la capacité financière des ménages questionnés. Il ressort d’emblée une tendance : plus de la moitié des demandeurs dans le milieu urbain (51%) sont prêts à acquérir un bien immobilier d’une valeur inférieure ou égale à 250.000DH contre 77% en milieu rural. Au niveau national, le recours au crédit bancaire est cité par 55,4% des demandeurs. Parmi ces derniers, 7,4% l’associent à un financement familial tandis que 48% recourent exclusivement au crédit bancaire. Quant à ceux qui se contentent uniquement du financement au sein de la famille, ils représentent 22,5% des sondés. Les autres sources de financement évoquées portent également sur l’hypothèque de biens personnels (12,3%), l’emprunt personnel (9%) et contrairement à ce qu’on pense les fonds propres ne participent qu’à raison d’1% à l’effort de financement. Dans la région du sud par exemple et contrairement à la tendance, le financement familial arrive en tête avec 52,3%. Il est de seulement 12,4% dans la région de Casablanca. Ce qui renseigne un peu plus sur l’évolution comportementale qui tend plus vers la famille nucléaire en milieu urbanisé.