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COP22 : L’OCP Policy Center décortique les grands défis

Outre la transparence des données, le renforcement des capacités et le financement climatique pour les pays en voie de développement, le Centre revient sur la question fondamentale de celle des délais d’exécution des projets. La COP22, prévue en novembre prochain, devra par ailleurs relever le défi de la mobilisation des pays en voie de développement.

Après l’étape de Paris, le temps est venu de préparer la voie pour la mise en œuvre effective de l’Accord sur le climat. Ce sont les défis de cette importante mission qui incombe à la COP22, prévue à Marrakech du 7 au 18 novembre prochain, que Laura El-Katiri chercheuse principale à l’OCP Policy Center décortique dans son dossier politique de septembre. «L’importance du rendez-vous de Marrakech ne doit pas être sous-estimée», avertit El-Katiri, dès le début de son analyse. Et de rappeler l’objectif de celui-ci est de «mettre en place les mécanismes et modalités en vue de rendre l’accord opérationnel». C’est dans cette perspective que le rapport revient sur quelques points clés de l’ordre du jour de la conférence, notamment les 5 questions prioritaires de la COP22.

Le rapport apporte avant tout un éclairage sur l’une des clés du succès de l’Accord de Paris, le renforcement de l’action en faveur du climat. Il s’agit là, souligne l’analyste, d’«opérationnaliser l’Accord de Paris en trouvant les voies et les moyens par lesquels ses signataires pourront, de façon réaliste, atteindre, voire, dépasser leurs objectifs respectifs». Ce qui, selon elle, est loin d’être une tâche aisée en particulier pour les pays en voie de développement. Une tâche dont elle donne une idée de l’ampleur, à travers l’exemple du Maroc, pays hôte de la COP22. En effet, il faut rappeler que le pays s’est engagé, en juin 2015, à réduire ses émissions de GES de 32%, d’ici 2030 par rapport à «un scénario de continuité». Un engagement qui s’est traduit par l’établissement de toute une batterie d’objectifs aux horizons 2020 et 2030.

Pour la première période, le pays s’est engagé à remplacer le prélèvement de l’eau des sites aquifères surexploités par celui de l’eau de surface (85 millions m3 / an), entre autres. Augmenter la superficie actuelle sous irrigation au goutte-à-goutte (à partir de 154.000 ha actuellement à 555.000 ha) et à reconstituer 200.000 ha de forêts. S’agissant de l’échéance 2030, le royaume s’est engagé à réaliser le dessalement de l’eau de mer pour alimenter plusieurs villes et centres, la réutilisation des eaux usées traitées, la construction de 38 nouveaux barrages et la mise en place d’un inventaire et le traitement de tous les sites vulnérables, la connexion au réseau des égouts et le traitement des eaux usées pour atteindre 100% des zones urbaines, les économies d’eau d’irrigation (2,4 milliards de m3 / an), la reconversion des cultures céréalières (presque 1 million ha) en plantations de fruits pour protéger les zones agricoles de l’érosion ainsi que le traitement pour prévenir l’érosion (1,5 million ha sur une période de 20 ans). Entre autres priorités de l’opérationnalisation de l’Accord de Paris, le rapport aborde celle visant le renforcement du cadre de transparence. El-Katiri souligne à ce sujet le manque d’un système fiable de suivi de vérification des données climatiques dans les pays en voie de développement. Une condition qui, si elle n’est pas remplie, pourrait conduire a une perte de capacité institutionnelle à recueillir et à évaluer les données climatiques historiques et futures.

L’autre question essentielle abordée par le rapport concerne le financement climatique. Par ailleurs, un aspect qui pour la chercheuse peut être considéré comme l’un des plus importants pour faciliter l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, en particulier dans les pays en voie de développement. Elle rappelle que les dispositions, contenues dans l’Accord de Paris sur l’appui de ces pays en vue d’atteindre leurs CPDN (contributions prévues déterminées au niveau national), ne prévoient aucun mécanisme immédiat au-delà de ce qui est déjà en place. En outre le rapport cite un récent rapport du PNUE qui non seulement souligne la difficulté d’estimer, d’une manière adéquate les coûts pour l’adaptation au changement climatique à l’échelle mondiale, mais prévoit des ressources financières trois fois plus élevées pour la période de 2010-2030, et quatre à cinq fois plus élevées à l’horizon 2050. Il indique par exemple que les coûts de l’adaptation pourraient atteindre entre 140 milliards de dollars US à 300 milliards de dollars US en 2030, et entre 280 milliards et 500 milliards de dollars US en 2050.

Ainsi pour El-Katiri «la COP22 pourrait être l’occasion de fournir aux pays en voie de développement des outils plus efficaces leur permettant d’investir davantage dans l’énergie propre, mais pourrait également montrer le réel engagement des pays développés en faveur de l’atténuation du changement climatique». Toujours en termes d’appui en faveur des pays en voie de développement, le Dossier politique se penche sur l’axe «renforcement des capacités». À ce sujet, il rappelle la différence entre les parties à l’Accord de Paris en ce qui concerne leur niveau de développement ainsi que leurs capacités. Pour El-Katiri, le renforcement effectif des capacités des pays en voie de développement permettra, outre l’opérationnalisation l’accord, de faciliter la mobilisation de ces pays. Dans la même perspective la chercheuse évoque enfin le transfert des technologies, d’où la nécessitée de la mobilisation et du transfert de savoir-faire pour adapter les technologies existantes aux circonstances nationales et examiner les demandes technologiques de niche nationale. Ceci permettra par ailleurs de créer une significative valeur socioéconomique au-delà de leur utilisation pour la fourniture d’énergie et l’atténuation du changement climatique.


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