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Complexe sportif Mohammed V : Driss Moulay-Rachid déballe tout

Le DG de Casa Aménagement revient sur les péripéties qui ont accompagné l’ouverture du stade ainsi que sur les projets programmés. La société gère 9 MMDH pour divers projets dans la capitale, le détail et l’état d’avancement…

La polémique ainsi que les réactions incendiaires sur les réseaux sociaux qui ont eu lieu suite à l’ouverture du Complexe sportif Mohammed V, nous impose de poser les bonnes questions aux personnes concernées. Il fallait bien tirer les choses au clair face à des accusations graves de malversations qui ont fusé de toute part notamment de la part de l’Instance nationale de protection des deniers publics qui a saisi le procureur du roi sur la base de doutes quant à l’existence de dysfonctionnements. Cette démarche, soit dit en passant, a été contestée dans le fonds comme dans la forme par la partie concernée. C’est dans ce contexte tendu que Driss Moulay-Rachid, DG de Casa Aménagement a été l’invité de l’émission «Fi Assamim» d’Horizons tv. Pour mettre le lecteur dans le contexte de ce projet de réaménagement du stade emblématique de la capitale économique, il faut savoir que le budget qui y a été alloué lors de la signature de la convention est de 220 MDH. C’est exactement le chiffre qui a circulé et qui a fait le buzz.

Selon les détails apportés par Moulay-Rachid, ce budget avait été scindé en deux après un diagnostic du complexe et pour éviter qu’il soit fermé pendant deux ans. Jusqu’à aujourd’hui, les engagements ont atteint 95 MDH, tandis que les déboursements faits aux sociétés ont totalisé 70 MDH. Quant à la composition du budget global (220 MDH), plusieurs parties prenantes ont mis la main à la poche, à commencer par le ministère de la Jeunesse et des sports avec 130 MDH, la Fédération royale marocaine de football (20 MDH), le Conseil de la ville de Casablanca (30 MDH) et le ministère de l’Intérieur à travers les collectivités locales (40 MDH).

Le responsable tient, par ailleurs, à préciser que seul le ministère de l’Intérieur a payé la totalité de sa participation, tandis que le ministère de la Jeunesse et des sports n’a déboursé que 35 MDH sur les 130 MDH pour lesquels il s’est engagé. Ainsi et jusqu’à aujourd’hui, la société d’aménagement a réellement reçu 75 MDH, soit 20 MDH de moins que ce qui a été programmé pour la première partie des travaux qui porte sur 6 marchés. Ceci sans oublier la garantie de 10% qui doit être immobilisée sur une année selon la loi sur les marchés publics. Ainsi les travaux se sont d’abord attaqués aux bâtiments du stade qui montraient depuis un certain temps déjà des signes visibles de délabrement. Il fallait six mois pour améliorer l’étanchéité et traiter le béton, ce qui a nécessité 25 MDH. Il faut savoir que les gradins du complexe s’étalent sur 64.000 m2, c’est un aspect parmi d’autres qui expliquent, selon Moulay-Rachid, l’importance des budgets affectés. Plus encore, nous confie le responsable, selon le premier diagnostic, on aurait besoin de 400 MDH si l’on veut un traitement de fonds du complexe. Il fallait donc définir des priorités sur la base d’une étude et se concentrer sur l’essentiel. Toutefois, vu de l’extérieur, on serait tenté de dire que le complexe n’a pas trop changer. Effectivement, comme le défend l’invité, les travaux ont porté d’abord sur l’intérieur du stade et certains travaux sont restés suspendus lorsque la décision a été prise de l’ouvrir. Il s’agit notamment des 46 blocs sanitaires dont seulement 6 étaient prêts. Les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux l’on d’ailleurs bien montré. En tout cas, la totalité des 46 blocs sera disponible vers fin mai, promet-on.

Par ailleurs, des robinets ainsi que des lave-mains seront installés à l’extérieur de ces blocs pour répondre au besoin de s’approvisionner en eau potable exprimé par les spectateurs. Des dispositions anti-vols et contre le vandalisme devront aussi voir le jour. Même goût d’inachevé laissé par les guichets qui étaient liés au marché des accessibilités. Et pourtant, comme l’explique Moulay-Rachid, ces guichets sont de la dernière génération dotés de la technique d’impression directe des tickets ainsi que de caméras pour lutter contre la vente au noir. Même chose pour les 3.000 mètres linéaires des files d’attentes dont seulement 500 mètres étaient équipés de gardes-corps au premier match du début de ce mois. Notre interlocuteur tient à préciser que ces bouts de marchés inachevés s’expliquent par les 20 MDH que les sociétés n’ont pas encore reçus au titre de la première tranche, mais il faut d’emblée préciser que l’accès au stade, qui a été critiqué en long et en large, n’est pas de la responsabilité de Casa Aménagement. L’organisation de l’accès revient bel et bien à la société Casa Animation, gérée par Mohamed Jouahri. Ceci dit, la décision d’ouvrir le complexe alors que les travaux n’ont pas été encore bouclés était motivée par la nécessité qui s’imposait de démentir les allégations sur une fermeture sine die du complexe. Au-delà du stade, certains projets de Casa Aménagement semblent faire du surplace, parmi lesquels celui du jardin de la Ligue arabe qui s’étendra sur 34 hectares.

À ce sujet, Moulay-Rachid affirme que les travaux vont bon train et que le jardin sera livré vers septembre prochain ou au plus tard vers la fin de l’année en même temps que le grand théâtre, le parking de la place Nevada et les routes aménagées avec une boucle à sens unique qui facilitera le trafic au centre-ville. Aujourd’hui, 4 immeubles sur 7 ont été détruits pour ouvrir plus d’espace au niveau du boulevard Roudani avec l’objectif d’avoir un grand jardin jusqu’au boulevard Hassan II. Pour ce qui du complexe du Widad, deux options sont à l’ordre du jour au niveau du bd Zerktouni ou encore une salle dans le territoire de la circonscription d’El Fidaa.

Plus en détail, le grand espace vert comportera des parcours pour les sportifs, des terrains de tennis, de basket et de mini-foot. Quant aux cafés qui se trouvent alignés tout au long du parc, ils seront intégrés dans cet espace avec un nouveau dispatching. Pour ce qui est du parc de jeu Yasmina, il sera doté de manèges et jeux en bois pour remplacer ceux en métal avec un aspect plus moderne et plus accueillant.  


Plus d’étude qu’il n’en faut ?

Des voix se sont élevées pour critiquer le recours qualifié d’abusif aux cabinets d’études par la société Casa Aménagement. Pour son directeur, la réponse à ces allégations se trouve dans la nature même des projets dans lesquels la société s’investit. La diversité de ces projets impose de faire appel à des études dans le respect du décret sur les marchés publics, mais aussi pour garantir un suivi professionnel de projets aussi diversifiés que les jardins, les routes, les parkings, le grand théâtre ou encore le zoo d’Ain Sebaâ. Il est impossible pour la société avec les moyens humains dont elle dispose d’avoir l’expertise nécessaire pour mener à bien tous ces chantiers. 


Le rythme des travaux dépend des déboursements

Aujourd’hui, le rythme d’avancement des travaux dépend des déboursements des parties prenantes. La deuxième phase concernera ainsi le réaménagement extérieur du complexe dont la clôture avec un traitement paysager. L’éclairage aussi sera amélioré pour se mettre au diapason des standards de la FIFA. La piscine semi-olympique fermée depuis plus de 34 ans sera enfin ouverte ainsi que la réfection d’une salle couverte. Ce sont ces projets principalement qui devront coûter les 125 MDH dédiés à la seconde tranche. Quant à la sécurité à l’entrée du stade, désormais même ceux qui tenteront de sauter par dessus le mur n’auront pas accès aux gradins. Les billets électroniques mettront ainsi fin à la vente de billets au marché noir et lutteront contre la surcharge au sein d’un stade qui compte 45.891 places.


Casa Aménagement et l’ingénierie financière

Il faut savoir que la société Casa Aménagement est engagée dans des projets divers qui totalisent 9 MMDH dont 10% fait l’objet de la participation du Conseil de la ville ce qui, comparé au tollé qu’a provoqué l’ouverture précipitée du complexe sportif, est tout simplement immense. Pour tous ces budgets, la société revendique une transparence totale avec publication sur son site des marchés et un suivi rigoureux des réalisations. Autre détail important, Casa Aménagement est une société de développement local qui reste un organisme sous la tutelle du Conseil de la ville. Son Conseil d’administration qui est présidé par le Wali, est composé notamment de représentants du ministère de l’Intérieur, des finances, de l’agence urbaine et de la Banque centrale populaire.
C’est au DG de la société qu’incombe l’exécution des projets et il est tenu de se référer au conseil d’administration au moins deux fois par an. La société a joué un rôle important d’ingénierie financière permettant que plusieurs partenaires puissent mettre la main à la poche. À titre d’illustration, le grand théâtre de Casablanca a nécessité un budget d’1,44 MMDH avec seulement 180 MDH comme participation du Conseil de la ville. Idem pour le viaduc anti-inondation de Casablanca d’un budget de 820 MDH avec une part du Conseil de la ville de 150 MDH. 


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