Comment concilier citoyenneté et mondialisation ?
La question était au cœur d’une conférence-débat initiée par la Fondation Attijariwafa bank (AWB-. Immigration, droits sociaux des citoyens, et participation la vie publique… les sujets du débat.
Quelle place la citoyenneté occupe-t-elle dans un monde de plus en plus connecté ? Comment concilier notre culture et nos traditions avec la modernité et, last but not least, comment faire des étrangers vivants au Maroc des citoyens à part entière ? Ce sont les interrogations avec lesquelles Mohamed El Kettani, président-directeur général d’AWB, a ouvert la conférence organisée par la Fondation, jeudi dernier, sous le thème «La citoyenneté à l’épreuve de la mondialisation». La rencontre, la 17e du genre dans le cadre du cycle de conférences «Échanger pour mieux comprendre» initié par le groupe, a été animée notamment par Driss Jaydane, écrivain et enseignant, et Mehdi Alioua, sociologue et enseignant à Sciences Po Rabat, et modérée par Redouan Mfaddel, économiste et chroniqueur radio.
«Déjà, dans la cité grecque et la Rome antique, la citoyenneté ne se limitait pas qu’à l’origine athénienne du citoyen, mais permettait à ce dernier de participer à la chose politique, c’est-à-dire, entre autres, élire et être élus au «Demos», a souligné Mehdi Alioua. Une approche qui révèle à la fois le rôle participatif dans la vie publique et celui de représentant du peuple, rôles qui, pour Driss Jaydane, relèvent du «devoir» et de l’«abnégation».
Ainsi, rappelle l’écrivain, le citoyen «avait non seulement l’obligation de se présenter à l’Agora (Parlement) pour proposer des lois et voter, mais aussi devait s’occuper de la société au prix de renoncer à son enrichissement personnel». Un principe d’acceptation de la frugalité qui, Jaydane le reconnaît, «tranche radicalement avec la conception moderne de la citoyenneté qui est plutôt synonyme de droits et de perpétuelle insatisfaction».
D’où la problématique de la protection des droits des nationaux dans un monde marqué par un nombre grandissant de binationaux et de fortes migrations. Redouan Mfaddel a tenu à souligner qu’«en 2014, le Maroc comptait déjà 87.000 étrangers selon le Haut-commissariat au plan, sans oublier que le pays a opté pour une politique d’ouverture progressive».
Ce qui, selon les conférenciers, n’occulte pas le devoir d’assurer les droits fondamentaurx et sociaux des citoyens. Autant de positions qui tantôt se rejoignaient ou se complétaient, tantôt s’opposaient, tenant en haleine une assistance très attentive. La rencontre, il convient de le noter, a réuni plus de 200 invités, étudiants, enseignants universitaires, médias ainsi que des personnalités de la société civile.