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Bilan d’étape du gouvernement : La coalition resserre les rangs

Le bilan des quatre premiers mois de l’action gouvernementale a été présenté lundi dernier. Le premier message véhiculé par les dirigeants de la coalition gouvernementale est celui de la cohésion de la majorité. Tout en se disant conscient de l’ampleur des défis et appelant à ne pas amplifier les divergences des points de vue entre les membres de sa coalition, le chef de l’Exécutif se veut rassurant quant au bilan des quatre premiers mois qu’il juge satisfaisant malgré les contraintes. Six points sont érigés en priorité.

Les six composantes du gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani forment-elles une coalition homogène? Beaucoup d’informations ont circulé au cours des premiers mois de l’action gouvernementale sur les différends qui minent cette coalition en raison non seulement de la divergence des points de vue entre les membres de l’Exécutif mais aussi des tensions internes surtout au sein du parti de la justice et du développement ainsi que des désaccords de la majorité parlementaire. «Ce ne sont que des rumeurs», à en croire les dirigeants de la majorité qui tiennent à balayer d’un revers de la main ces critiques, lors de leur sortie médiatique lundi en fin d’après-midi sur le bilan des quatre mois de l’action gouvernementale. D’ailleurs, c’était le message principal que la coalition gouvernementale tenait à véhiculer à l’unisson, pour «dissiper tous les doutes». Pourtant, cette rencontre a été marquée par l’absence du secrétaire général du parti de la lampe dont l’ombre a toutefois marqué les discours. Les allusions de certains dirigeants de la majorité ont été à peine voilées. Sans citer nommément l’ancien chef de l’Exécutif, la plupart des chefs de file des formations de la majorité n’ont pas fait dans la dentelle en matière de comparaison entre la précédente gestion gouvernementale et l’actuelle. Ils ont même tenu à saluer «l’efficacité» de Saâd-Eddine El Othmani qui «joue son rôle de chef de gouvernement» contrairement à ce qui se dit.

La cohésion, élément-clé
Le président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, est le premier à jeter des fleurs au chef du gouvernement «en raison de sa rapidité dans la prise des décisions». Le patron du parti de la colombe a même insisté sur la nouvelle approche basée sur la cohésion entre les départements ministériels et l’échange des points de vue autour des dossiers brûlants de l’heure, à l’instar de la commission ministérielle créée au lendemain du discours royal sur les défaillances de l’administration. «Nous travaillons au sein du gouvernement dans le total respect de cette institution. C’est le début d’une expérience et on est déterminé à aller de l’avant», relève-t-il. Même son de cloche auprès des secrétaires généraux du mouvement populaire, de l’Union socialiste des forces populaires et de l’Union constitutionnelle. Leur crédo affiché : la volonté «commune» de réussir, encore faut-il que les déclarations d’intention soient traduites sur le terrain en actions concrètes. Le plus important, de l’avis des dirigeants de la majorité, c’est que toutes les composantes de la coalition assument la responsabilité aussi bien des échecs que des réalisations contrairement «à ce qui se passait auparavant lorsqu’une seule partie s’attribuait les réussites». L’allusion au PJD et à son secrétaire général est on ne peut plus claire.

Des divergences «constructives» ?
El Othmani reconnaît que, certes, la majorité est parfois divisée sur certaines questions qu’elle essaie de régler grâce au dialogue, mais il tient, en même temps, à fustiger ceux qui misent sur l’explosion du gouvernement et «amplifient» les contradictions. «Les divergences des points de vue sont très normales sinon on serait un seul parti politique. Mais, nous nous basons toujours sur notre engagement et sur notre programme gouvernemental même si les discussions pourraient être parfois animées», précise-t-il tout en tenant à décocher ses flèches sur les détracteurs du gouvernement qui «spéculaient» sur sa fin proche et sur le limogeage ou la démission de certains de ses membres. El Othmani se veut rassurant et déterminé à aller de l’avant en «dépit des difficultés». Pour le dirigeant progressiste Abdelouahed Souhail, – qui représentait le secrétaire général du PPS absent en raison du décès de sa mère -, l’accélération de la cadence s’impose d’autant plus que la Constitution de 2011 a instauré de nouveaux droits et que le gouvernement est appelé à s’attaquer à de grandes problématiques persistantes. Les insuffisances sont, en effet, énormes, comme le souligne, pour sa part, Lachguer qui attire l’attention du gouvernement sur l’importance de relancer le dialogue social qui n’est pas encore à la hauteur des aspirations comme le gel des salaires depuis plus de cinq ans.

De grandes attentes
Beaucoup d’attentes sont nourries dans ce gouvernement, selon Mohand Laenser. Néanmoins, l’Exécutif arrivera-t-il à atteindre les objectifs escomptés et à concrétiser ses engagements ? En tout cas, sans la cohésion des groupes parlementaires en matière de soutien des choix gouvernementaux, ce ne sera pas une tâche aisée, d’après le chef de file des Harakis. Laenser estime, en effet, que toutes les composantes de la coalition tant l’équipe gouvernementale que les groupes parlementaires ainsi que les dirigeants des partis politiques doivent être mobilisés pour réussir le pari de la concrétisation des objectifs fixés pour l’actuel mandat. Le chef de l’Exécutif semble conscient que la mission n’est pas de tout repos et que les enjeux à relever sont de taille au vu des attentes tant sur le plan social qu’économique. Fidèle à son discours depuis sa nomination, El Othmani réitère, encore une fois, son engagement ayant trait à la politique de la main tendue à toutes les parties : parlementaires de la majorité, opposition, partenaires sociaux et économiques, société civile…Or, malgré la multiplication des promesses du chef du gouvernement, le scepticisme des différents partenaires demeure toujours affiché quant à sa véritable volonté de renforcer la concertation autour des dossiers épineux. Les centrales syndicales sont en tête des protestataires. Elles contestent le retard accusé dans la tenue du premier round du dialogue social qui est, pourtant, très attendu pour régler des questions clés en suspens depuis des années. En tout cas, le chef du gouvernement s’est engagé, encore une fois, à se réunir prochainement avec les syndicats et même avec l’opposition. L’objectif est de relever ensemble tous les défis. Plusieurs priorités sont définies avec une approche privilégiant la convergence des différents programmes des départements ministériels. C’est d’ailleurs la mission qui incombe à la commission interministérielle chargée d’assurer la coordination de l’action gouvernementale pour éviter la déperdition du temps et des efforts.

Le renforcement de la réforme institutionnelle
Le premier chantier érigé en priorité est celui du renforcement de la réforme des institutions notamment l’administration et la gouvernance. À ce titre, plusieurs textes ont été adoptés par le gouvernement dont celui relatif au Conseil national des droits de l’homme et le projet de loi relatif au transfert des attributions de l’Autorité gouvernementale chargée de la justice au procureur général du roi près la Cour de cassation, en sa qualité de président du parquet général. Au niveau de l’administration, l’heure est à la mobilisation pour renforcer son rendement et son efficacité et pallier tous les dysfonctionnements qui semblent éternels bien que des mesures aient été prises par les différents gouvernements. Des textes ont été adoptés pour simplifier les procédures administratives. Le gouvernement demeure très attendu sur le chantier de la lutte contre la corruption qui doit figurer en tête du peloton à travers des mesures concrètes. Jusque-là, en dépit des textes adoptés et des actions menées, la corruption reste parmi les fléaux les plus durs à combattre. Une grande volonté politique s’avère nécessaire pour ne pas se cantonner, comme à l’accoutumée, dans les déclarations d’intentions et la prise de mesurettes sans impact réel sur le phénomène qui gangrène plusieurs secteurs. Le renforcement de la régionalisation avancée est un autre dossier de la plus haute importance. Le gouvernement a accéléré la cadence d’adoption des décrets et il n’en reste que trois pour achever ce chantier législatif.

L’encouragement de l’investissement
Le deuxième point sur lequel insiste le chef du gouvernement est celui de l’encouragement de l’investissement et l’appui de la PME et la TPE. Le projet de loi de Finances de 2018, en cours de préparation, devrait traduire cette orientation. À cet égard, El Othmani promet des mesures «importantes et fortes». Le gouvernement entend aussi œuvrer pour le renforcement des programmes sectoriels. Plusieurs mesures sont citées dans le bilan d’étape du gouvernement dont l’adoption de 51 projets de conventions d’investissements pour un montant de 67 MMDH par la Commission nationale des investissements ainsi que le lancement de quelques projets industriels dont l’usine de Peugeot-Citroën à Kénitra…

La réforme de l’éducation
Le système d’éducation figure aussi parmi les priorités au vu des difficultés dont souffre le secteur et du niveau scolaire des élèves marocains jugé très faible. Il est grand temps d’accélérer la cadence en la matière. Le département de Hassad a entamé quelques mesures pour lutter contre certaines problématiques comme l’encombrement des classes, mais il s’avère nécessaire de redoubler les efforts, de l’avis d’El Othmani, pour pouvoir mettre en œuvre les objectifs de la vision 2015/ 2030 de l’enseignement aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif. L’enjeu n’est pas facile à relever à cause du cumul des retards et des énormes difficultés que connaît le secteur. L’espoir est que l’Exécutif pourra concrètement marquer de son empreinte la réforme tant attendue de l’enseignement à tous les niveaux. Sur le plan de l’enseignement supérieur, l’adaptation de la formation aux exigences du marché du travail est une exigence qu’il faudra concrétiser. Pour y arriver, le gouvernement encourage l’orientation vers la formation professionnelle comme en témoigne sa décision de faire bénéficier quelque 70.000 stagiaires de l’OFPPT de la bourse pour un coût estimé à 400 MDH.

Pallier les insuffisances de la santé
Le secteur de la santé est très critiqué en raison de ses insuffisances ainsi que des disparités spatiales en matière de ressources humaines spécialisées. Le gouvernement entend s’attaquer à ce serpent de mer en collaboration avec les collectivités territoriales pour que les services de soins de santé soient à la hauteur des attentes. La coopération s’impose, selon El Othmani, pour gagner ce pari et combler toutes les lacunes en la matière.

Nouvelle feuille de route pour l’emploi
Le gouvernement a lancé le chantier de l’actualisation de la stratégie nationale de l’emploi et a adopté une nouvelle feuille de route axée sur plusieurs volets dont les jeunes diplômés, les femmes, l’auto-emploi ainsi que le niveau territorial. Les programmes régionaux de l’emploi sont considérés comme un levier pour la lutte contre le chômage et la création du nombre escompté de postes d’emploi (au moins 200.000 par an).

La protection sociale : lutter contre les disparités
La réalisation du programme de la diminution des disparités spatiales et sociales en milieu rural est citée en exemple par le chef de gouvernement en matière de développement et de justice sociale. À cela s’ajoute le grand chantier de la généralisation de la couverture médicale et la protection sociale. El Othmani se veut confiant et insiste beaucoup sur les chantiers sociaux pour réussir les différents engagements du gouvernement.


Les chantiers d’avenir

Le bilan d’étape du gouvernement énumère plusieurs chantiers d’avenir. Il s’agit notamment d’entamer la mise en œuvre du Plan national de l’emploi, d’adopter des mesures au profit de l’entreprise et de l’investissement dans le budget de 2018, d’adopter la loi-cadre de l’enseignement et de la formation, de parachever la mise en œuvre de la régionalisation avancée et d’asseoir un système de contractualisation avec les régions, de suivre l’exécution du développement rural et lutter contre les disparités spatiales, de poursuivre le chantier de la réforme de l’administration et de la gouvernance et adopter la charte de la déconcentration administrative ainsi que les mécanismes de sa mise en œuvre. À cela s’ajoutent le suivi de l’exécution de la stratégie nationale de lutte contre la corruption, la poursuite de la réforme du système de protection sociale en misant sur la convergence, la généralisation de la couverture médicale aux professions libérales et aux salariés indépendants, le lancement de la concertation autour de la réforme globale du système des retraites et l’élaboration de cette réforme ainsi que le lancement du projet de création de la Commission supérieure d’actualisation des législations.


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