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Bensouda insiste sur des réformes concrètes et rapides

Noureddine Bensouda, Trésorier général du royaume

Noureddine Bensouda, trésorier général du royaume (TGR), passe en revue les dossiers chauds de la rentrée. Finances publiques, dette, régionalisation et missions de la TGR sont évoquées dans cette interview.

Les Inspirations ÉCO : Comment la gestion des finances publiques au Maroc fait-elle face au défi de la préservation de la souveraineté ?
Noureddine Bensouda : Des finances publiques gérées sainement, pouvant faire face aux évolutions économiques et sociales -notamment la mondialisation qui limite la marge de manœuvre des États- est le chemin pour y arriver. Le deuxième pré-requis est, comme l’a exprimé le roi Mohammed VI, une gestion qui doit répondre aux besoins des citoyens de manière concrète, responsable et efficace. Chaque citoyen doit sentir l’apport de l’État par rapport à la demande sociale. Ceci passe nécessairement par de nouvelles manières de penser les finances publiques. Ce qui a été enseigné durant les dernières années commencent à être dépassé. Les choses évoluent très vite et notre adaptation est urgente. Nos ressources doivent suivre le rythme.

Des exemples de ces changements rapides ?
Parmi les questionnements soulevés lors de notre colloque organisé avec la FONDAFIP figure l’interrogation suivante: l’impôt sur les sociétés a-t-il toujours un sens par rapport à une assiette fiscale qui est insaisissable dans le cas des acteurs du numérique? Des intervenants ont proposé davantage de coopération et une présence renforcée au niveau des instances internationales pour définir ensemble de nouveaux standards internationaux dans le domaine fiscal et budgétaire. Ces nouvelles réalités nous imposent d’aller très vite afin d’anticiper et surtout de travailler de manière continue.

Comment la TGR se positionne-t-elle dans ce mouvement de mutations ?
La TGR s’inscrit dans cette mouvance. La Loi organique des Finances (LOF) est venue arrimer la gestion des finances publiques aux standards internationaux et aux dispositions de la Constitution. Ces standards sont la performance, la qualité de gestion, la reddition des comptes et la responsabilité. Ces principes ont été rappelés par le roi dans son dernier discours du Trône. La LOF offre de nouveaux outils de comptabilité publique et une certification des comptes de l’État à partir de 2020. In fine, la LOF mettra à la disposition de tous les citoyens une information fiable sur la situation économique et financière du pays. Cette information est fondamentale pour la prise de décisions.

Quelle lecture faites-vous de la situation des finances publiques ?
Nos finances publiques se redressent au fur et à mesure. Elles font face aux différents aléas de la conjoncture. Des décisions ont été prises au moment opportun sur un certain nombre de réformes (les retraites et la compensation). Des réformes se poursuivent sur le plan budgétaire et fiscal. Ce qui est souhaité, c’est l’accélération des réformes, des réformes concrètes et rapides pour que tout monde sente les résultats de ces mesures. Dernier point, c’est la nécessité de travailler en bonne intelligence, en insistant sur la coordination et le travail en équipe. L’ensemble de ces éléments feront la force du pays.

La dette publique a atteint 82% du PIB. Quelle lecture faites-vous de l’objectif du gouvernement de réduire cette dette ?
De mon point de vue, le plus important, c’est l’usage fait de ces ressources. C’est ce qui lui donne une légitimité. Une dette utilisée pour l’investissement et l’accélération de la croissance est bienvenue. Par ailleurs, il faut avoir les moyens de ses politiques. La Banque centrale et le ministère des Finances veillent à la bonne maîtrise du cadre macro-économique.

Comment la régionalisation pourra-t-elle modifier la manière de gérer les finances publiques ?
La régionalisation permet une plus grande proximité avec les citoyens. Actuellement, nous sommes dans une phase d’adaptation et d’apprentissage, qu’il faut accompagner par un nouveau système de gestion. Ces colloques offrent une occasion de formation de nos élites politiques et économiques pour se familiariser avec ces exigences. Les médias aussi ont un rôle à jouer pour la vulgarisation des finances publiques, thème technique mais éminemment politique.

Comment la TGR accompagne-t-elle ce processus sur le terrain ?
Grâce à l’intelligence du ministère de l’Intérieur, nous avons capitalisé sur le système de gestion des communes pour l’adapter aux régions. Au lieu de dépenser des deniers publics à deux reprises, nous avons adapté le cadre comptable aux nouvelles régions. Les décrets d’application sur la régionalisation ont été préparés en étroite collaboration entre les Finances et l’Intérieur. Aujourd’hui, cette comptabilité permet de suivre les recettes et dépenses et les marges de manœuvre de chaque entité territoriale. Cette comptabilité offre aussi un tableau de bord sur les financements accordés par Fonds d’équipement communal (FEC).

Quels sont les chantiers en cours au sein de la TGR ?
Nous travaillons sur l’amélioration continue de nos systèmes d’informations. Je rappelle que nous mettons à la disposition des différents départements de l’État et les collectivités territoriales des interfaces pour la gestion des dépenses et des recettes. La TGR gère aussi le système de paie de l’ensemble du personnel civil et militaire du Maroc et de celui travaillant à l’étranger. Cette expertise est mise à la disposition des différents acteurs pour accéder à une information fiable.



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