Adhésion à l’UA : Dernière ligne droite
Le feu vert des deux chambres du Parlement à l’acte constitutif de l’UA sera suivi d’un plan d’action pour assurer une diplomatie parlementaire plus efficace. Le vote unanime des députés et des conseillers s’est accompagné de plusieurs propositions qui permettront à la diplomatie parlementaire de passer à l’acte et de ne point pâtir du blocage du gouvernement.
Le message politique émis par l’ensemble des partis politiques, les syndicats et le patronat représentés au sein de la 2e chambre traduit la ferme volonté de la diplomatie parlementaire et partisane d’accompagner les efforts déployés afin que la procédure de ratification du statut de l’UA ne pâtisse pas du blocage du gouvernement. Le rapport parlementaire de la Commission des frontières et de la défense nationale au sein de la Chambre des conseillers traduit en effet la profonde conscience des élus des enjeux de l’adhésion à l’UA, qui dépassent la simple approbation législative. «La décision du retour devra être annonciatrice d’une nouvelle réalité du continent, et les conseillers appellent à redoubler d’efforts pour une diplomatie audacieuse et anticipative», indique le rapport de la commission, qui ajoute que cette diplomatie parallèle devra «se positionner au sein de l’ensemble des instances et forums africains selon une vision claire, autour de laquelle les partis, les syndicats et le Parlement doivent se mettre d’accord».
Les deux chambres du Parlement comptent ainsi raccorder leurs violons durant cette étape critique, passage à vide du Parlement oblige. Les parlements africains figurent en tête de liste des instances ciblées par les membres deux chambres, notamment le volet relatif à l’optimisation des conventions bilatérales: il s’agit de préparer des propositions de lois qui favorisent les échanges économiques et commerciaux avec les pays africains. Cet avis semble être partagé par Abdelilah Hifdi, président du groupe de la CGEM au sein de la 2e chambre, qui cite le rôle joué par la confédération lors des tournées africaines du souverain. «Nous réaffirmons l’engagement pris par la CGEM, portant sur l’accompagnement de la politique africaine, et le vote d’aujourd’hui s’inscrit dans cette même orientation», explique le conseiller du groupe des employeurs. Ce déterminisme est partagé par Abdessalam Lebbar, président du groupe de l’Istiqlal au sein de la Chambre des conseillers, qui cite pour sa part «l’adaptation de la diplomatie parlementaire aux nouvelles donnes du continent, et la possibilité d’accompagner efficacement les efforts déployés aux niveaux politiques et économiques». Le consensus exprimé par la majorité et l’opposition à propos de l’urgence de rénover certains modes d’actions de la diplomatie parallèle pourrait raccourcir les délais de la finalisation du plan d’action projeté à partir de février prochain, qui devra se baser sur un échéancier précis des actions urgentes à mener aux niveaux continental et régional.
Dans cette rubrique, les actions menées s’articuleront autour de la consolidation des acquis de la résolution onusienne 2.285, tout en veillant à rallier d’autres pays africains au sein de l’organisation afin de soutenir plus clairement la proposition du plan d’autonomie. Cette feuille de route esquisse également le cadre de la reprise des négociations dont la base est formée par les résolutions des Nations Unies, mais aussi par la prise en compte des nouvelles données au sein des provinces du Sud et du modèle de la régionalisation avancée. Les groupes parlementaires sont aussi d’accord concernant les actions devant être menées après l’adhésion, en vue de mieux «corriger» les contre-vérités et mieux lutter contre les manœuvres visant à impliquer l’UA dans des décisions contraires aux bases adoptées par les Nations Unies, ainsi qu’aux positions de la majorité des États membres.
Les contours de la diplomatie parlementaire
Le vote à l’unanimité des députés et des conseillers s’est accompagné de plusieurs propositions en vue de permettre à la diplomatie parlementaire de passer à l’acte et de ne pas subir l’impact du blocage du gouvernement. Les partis politiques représentés au sein des deux chambres souhaitent que la logique du consensus se traduise par une répartition des tâches entre les partis politiques qui puisse accompagner les efforts consentis par la diplomatie officielle durant la période allant de février à avril. La forte implication des parlementaires dans la stratégie africaine devra, d’un autre côté, fédérer les partis politiques autour de plusieurs propositions émises lors du débat autour du projet de loi portant statut de l’UA, essentiellement celles appelant à multiplier les moyens alloués aux députés pour s’acquitter de leurs missions diplomatiques, ainsi qu’une plus grande convergence avec les actions prévues par les départements ministériels concernés par le développement des relations avec l’Afrique.