Ça manque de cash
La dernière sortie de Jouahri est intéressante de par son franc-parler et la teneur de ses recommandations. Égal à luimême, son diagnostic est poignant. Ainsi, le wali de Bank Al-Maghrib a passé en revue les grandes lignes de la structure financière du pays. L’épineuse question des délais de paiement qu’on croyait résolue, avec la fermeté affichée par le ministre de l’Économie et finances dès sa nomination, reste malheureusement d’actualité. Nous avons crié victoire trop tôt. Mea culpa. Jouahri chiffre les dettes inter-entreprises à 400 MMDH, soit 40% du PIB, et demande à la CGEM de faire le ménage. Sauf que les premiers responsables du rallongement des délais de paiement sont les établissements publics et l’État (ministères) qui rechignent à respecter le délai moyen prôné par le ministre des Finances himself.
Les 400 MMDH en stock en sont la conséquence directe. Car si l’État ouvre ses robinets et que les entreprises encaissent leur dû, elles paieront leurs fournisseurs et la situation se débloquera par une baisse substantielle du stock dettes inter-entreprises. Nous l’avons ressassé à maintes reprises, les banques ne peuvent se substituer à l’État, ce n’est pas leur rôle. Et puis la générosité des banques est payée cash, ce qui plombe davantage les frais financiers et la situation de l’entreprise. Il faut donc une solution structurelle.
Le lancement d’un fonds public de restructuration des entreprises peut-il en être le remède, comme le propose Jouahri ? Rien n’est moins sûr, car tout est question d’argent. Et c’est justement l’huile qui manque à la mécanique financière du pays car si les établissements publics manquent de liquidités et ne peuvent payer leurs arriérés, il n’y aura aucune solution. Tout ce que l’on pourrait alors imaginer comme solution ne serait que bavardage et ne constituerait nullement une rupture avec la situation actuelle.