Conseil de BAM. Les 5 choses à retenir

Abdellatif Jouahri, wali de Bank al-Maghrib (BAM), a passé en revue plusieurs sujets de l’actualité économique et financière du pays. Verbatim.
1- Délais de paiement: «Il faut un fonds de structuration»
«BAM a apporté son soutien à l’Observatoire des délais de paiement. Le chiffre des arriérés inter-entreprises est énorme. 400 MMDH, c’est 40% du PIB qu’il reste à recouvrir par les entreprises entre elles. Pour cette raison, nous avons appelé la CGEM à faire le ménage. Et nous appelons, avec la CGEM et la GPBM, le ministère des Finances à lancer une réflexion pour créer un fonds de restructuration des entreprises. Ce fonds doit être public».
2 – Régime de change: «On continue à dire Non au FMI»
«Pour le Fonds monétaire international (FMI), il existerait une fenêtre de tir pour élargir davantage la bande de fluctuation du dirham. Notre position est que les éléments précurseurs de choc pour lancer la deuxième phase de la flexibilité de change ne sont pas encore réunis. Nous avons peur de voir se reproduire le scénario de juillet 2017. Une nouvelle fluctuation de la monnaie pourrait être reçue par le public comme un signal de fragilités de l’économie. Donc, nous continuons à dire Non au FMI sur ce sujet. En même temps, le fonds a tempéré sa position. Le dernier rapport remis au conseil du FMI nous donne raison. Même des administrateurs du FMI rejoignent nos position».
3 – Privatisation: «Il faut un bilan»
«J’ai eu l’honneur de présider la commission d’évaluation d’IAM suite à la nomination royale. Dans notre rapport transmis au gouvernement, nous avons demandé, pour les prochaines reprises, de disposer de plus de temps. Nous avons reçu la banque conseil mandatée par le gouvernement, la discussion a été dense. Suite à cela, nous avons fixé un prix de vente minimum. Mais au-delà de cette opération, j’appelle une nouvelle fois à faire un bilan des différentes cessions réalisées. Il ne faut pas faire de la privatisation une simple opération de recettes. Il faut poser les questions relatives à la valeur ajoutée créée par le privé suite à ces cessions».
4 – Amazigh: «Le sujet a été récupéré politiquement»
«Les demandes d’amendement du statut de BAM au Parlement souhaitant faire figurer l’amazigh sur la monnaie ont été suivies de près. Sur ce sujet, nous avions la même position que le ministre des Finances: il faut d’abord inscrire cette disposition, dans la Loi organique, de la langue amazighe qui prime constitutionnellement sur le statut de BAM qui demeure une loi spécifique. C’est la logique des choses. Or, à la Chambre des représentants, le débat a été détourné politiquement. Ceci étant, cette discussion a permis de débloquer le texte sur l’officialisation de l’amazigh. Et tant mieux si nous avons pu contribuer indirectement à ce déblocage ».
5 – Banques en Afrique: «La situation est sous contrôle»
«Dans le secteur financier, le risque existera toujours, mais la situation demeure sous contrôle. Je rappelle que la présence dans 27 pays d’Afrique ne pèse pas très lourd en termes de fonds propres. Pour assurer un suivi de cette situation, je préside un comité ad-hoc avec trois PDG de banques marocaines. Chaque banque présente sur le continent doit nous présenter un programme tri-annuel avec des objectifs chiffrés. Le tout est donc bien encadré. Les nouveaux risques à surveiller sont les crises transfrontalières, avec une contagion vers la maison- mère».