Opinions

Transfert de technologie. Situation et perspectives

L’innovation est devenue un enjeu majeur pour notre économie et nos entreprises car, aujourd’hui, dans une économie mondialisée, la compétitivité d’une Nation se mesure par sa capacité d’innovation et sa maîtrise des nouvelles technologies. Par conséquent, nous devons réussir le passage d’une économie basée sur les coûts des facteurs tels que la main-d’oeuvre vers une économie reposant sur la qualité et l’innovation à même de générer une véritable valeur ajoutée, source de richesse. Aujourd’hui, l’innovation est présente de façon décisive dans l’activité économique, industrielle, agricole et dans les services. La part marocaine dans la valeur ajoutée des produits industriels fabriqués localement doit aller en augmentant grâce à un meilleur taux d’intégration. Ce résultat ne peut être obtenu que par l’innovation et la Recherche et développement qui doit renforcer la notoriété du Label Made in Morocco. La même ambition doit nous guider dans le domaine des technologies de l’information où nous devons asseoir une compétitivité réelle et durable, qui ne reposerait plus sur les coûts et les avantages fiscaux de l’offshoring, mais plutôt sur la créativité de nos ressources humaines et la compétence de nos ingénieurs logiciel. Dans les technologies de l’information, nous devons absolument arrêter l’hémorragie de la fuite des cerveaux que nous subissons pour que les ingénieurs formés par notre pays puissent créer, innover et s’épanouir dans les entreprises et les administrations.

Introduire une culture d’innovation
Pour cela, nous devons adopter dès à présent une nouvelle culture et accomplir une révolution dans nos façons de penser qui s’applique à l’enseignement, à l’entreprise et à l’État qui sont les trois acteurs majeurs de la dynamique du transfert de technologie. Cette révolution commence par l’enseignement où nous devons introduire l’innovation et l’entrepreneuriat dans les cursus de formation des universités et grandes écoles. Nos étudiants doivent se familiariser avec les contraintes de l’entreprise, les nouveaux business models, le financement des phases de l’innovation qui vont de l’incubation au développement et à la commercialisation. Il s’agit également d’apprendre à nos étudiants de sortir des sentiers battus et de cultiver le goût de l’originalité, de la créativité et du risque, et de s’habituer dès l’école à chercher et proposer des solutions innovantes. Dans ce cadre, la CGEM a déjà signé une convention avec le département de l’Enseignement supérieur afin de faciliter l’accès des étudiants aux entreprises par le biais de stages et de projets de fin d’études et d’ouvrir les portes de l’entreprise aux enseignants et aux étudiants qui souhaitent y mener des projets de recherche. De même, pour renforcer cette culture de l’innovation, nos entreprises vont être amenées à modifier leurs méthodes de management car, en cette période de bataille pour la compétitivité, l’innovation constitue un enjeu majeur, une activité stratégique essentielle et un véritable challenge pour les responsables des entreprises comme pour les équipes de projets d’innovation. Nos entreprises sont appelées à concevoir des modèles de management impliquant le personnel, développant sa créativité et favorisant les prises d’initiative, et à rompre avec le modèle classique du système top-down. II y a lieu de saluer les efforts et les progrès des entreprises qui se sont engagées dans des démarches d’innovation dans les secteurs minier, aéronautique, automobile, informatique, pharmaceutique, des énergies renouvelables, etc. Il y a également lieu de saluer les efforts menés par les associations et les fédérations professionnelles de la CGEM qui ont réalisé des centres techniques pointus et des clusters qui travaillent sur des projets collaboratifs dont les résultats vont avoir un effet significatif sur la valeur ajoutée de ces branches et sur la balance commerciale. De même, nous enregistrons avec satisfaction les premiers résultats obtenus par les écosystèmes constitués depuis quelques années. L’État, de son côté, est appelé à soutenir massivement les efforts d’innovation menés aussi bien par les universités que par les entreprises. Il peut s’agir de subventions, de mesures fiscales, d’exonérations, d’incitations, de la création du statut de chercheur, de l’amélioration de l’environnement juridique de l’entreprise innovante, ainsi que de l’arsenal réglementaire visant à protéger la propriété intellectuelle et à sécuriser le transfert de technologie, et les modes de valorisation. De même, pour encourager l’innovation et le transfert de technologie, l’État devra revoir le décret des marchés publics en vue d’y introduire des dispositions visant à favoriser les offres et les variantes des entreprises qui proposent des solutions innovantes.

S’adapter aux mutations liées à l’innovation
Pour réussir le passage vers cette nouvelle culture de l’innovation, la CGEM est disposée à travailler avec les pouvoirs publics, les universités et les centres de recherche afin d’accélérer le transfert de technologie, en mettant en place des modes de collaboration et des mécanismes efficaces et opérationnels pour réduire le temps qui sépare la conception de la mise sur le marché et améliorer de façon substantielle le financement, les ratios et les indicateurs de dépenses en R&D ainsi que la position internationale du Maroc dans les classements des pays en termes d’innovation. De même, nous devons faire face aux mutations posées par ce rythme accéléré dans l’innovation. Sur le plan des ressources humaines, nous devons absolument arrêter l’hémorragie de la fuite des cerveaux que nous subissons pour que les ingénieurs formés par notre pays puissent créer, innover et s’épanouir dans les entreprises et les administrations. Sur le plan social, nous devons réfléchir dès à présent aux évolutions de l’organisation, à la révolution du savoir et de la connaissance, aux façons de travailler ainsi qu’à l’évolution des emplois, métiers et compétences qui seront provoqués par la civilisation de l’innovation et la transformation digitale de nos entreprises. Sur le plan sociétal, nous devons intensifier nos travaux sur l’innovation en vue de faire face aux grands défis planétaires posés par la dégradation de l’environnement et du changement climatique. Le transfert de technologie entre l’université, les centres de recherche et l’entreprise doit concentrer ses efforts sur des thématiques telles que les énergies renouvelables, le traitement des déchets, l’agriculture verte ou la préservation des ressources en eau. Nous devons concevoir de nouveaux produits et de nouveaux modèles économiques en liaison avec le développement durable parce que ce dernier concerne non seulement notre génération, mais également les générations à venir. Dans le même ordre d’idées, nous devons dès à présent préparer notre société aux mutations induites par l’intelligence artificielle et ses répercussions sur les relations humaines, sur l’organisation de l’entreprise et son capital humain et sur les répercussions psychologiques et sociologiques.

Abdelmajid Iraqui
Vice-président de la CGEM Rabat



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