Premier trimestre 2019. Les banques en grande forme

Le marathon de la publication des résultats trimestriels a démarré. Si l’ensemble des banques ne se sont pas encore toutes prêtées à l’exercice, les chiffres disponibles actuellement reflètent la bonne santé du secteur. Aussi et au lendemain de l’entrée en vigueur début 2019 de la nouvelle norme IFRS 16, son impact sur les résultats trimestriels semble peu significatif.
Les banques marocaines semblent avoir absorbé l’effet de l’entrée en vigueur de l’IFRS 9, un an après son application. Cette norme qui modifie en profondeur les règles actuelles de classement et d’évaluation des instruments financiers, ainsi que le modèle de dépréciation applicable à ces actifs s’est révélé être très gourmande en fonds propres. Ce qui a exercé une pression supplémentaire sur leur capitalisation. Mais la banque centrale a permis aux groupes bancaires d’étaler l’impact de la norme sur les ratios de capital sur cinq ans limitant ainsi les violations immédiates des exigences réglementaires minimales. Rappelons que les nouvelles provisions sur l’encours instaurées par la norme IFRS 9 ont impacté en 2018 les provisions sur créances des 6 banques cotées de 16,7 MMDH, soit une augmentation de 32% par rapport aux provisions sous IAS 39. L’ajustement comptable a eu au final un impact direct sur les fonds propres des banques cotées de près de 12 MMDH. Aujourd’hui, la conformité aux normes internationales semble ne plus effrayer les banques de la place. Le début de cette année 2019 a ainsi été marqué par l’application de la nouvelle norme sur les contrats de location, la norme IFRS 16. Une norme qui est liée aux contrats de location et qui vient en remplacement à l’IAS 17. Cette nouvelle norme aura moins d’impact pour les banques que la norme IFRS 9, mais elle fera néanmoins apparaître l’ensemble des locations mobilières et immobilières au bilan sous la forme d’un droit d’utilisation à l’actif en contrepartie d’un passif de location, avec des effets sur certains soldes intermédiaires du compte de résultat. Compte tenu des parcs locatifs des établissements bancaires portant notamment sur les sièges sociaux, les réseaux d’agences, les biens informatiques, et certains équipements (les distributeurs de billets par exemple), les impacts d’IFRS 16 pourraient être sensibles.
Pour l’heure, Attijariwafa Bank est monté d’un cran en se conformant aux normes IFRS 16. Au terme de ce premier trimestre 2019, AWB a enregistré un RNPG de 1,4 MMDH en hausse de 5,6%. Des bénéfices qui découlent d’un produit net bancaire de 6 MMDH, en croissance de 5,8%. Une progression qui émane principalement de l’augmentation de la marge d’intérêt de 8% en glissement annuel et de la marge sur commission de près de 1%. Pour sa part, le résultat brut d’exploitation s’est amélioré de 5,7% à 3,2 MMDH. Par ailleurs, cette nouvelle norme a généré une augmentation des immobilisations corporelles (droit d’utilisation) ainsi que les dettes locatives au passif de 1,5 MMDH.
«L’IFRS 16 a par conséquence eu un impact négatif de 10 MDH sur le résultat net part de groupe», souligne le management de la banque. Il ajoute que hormis certains éléments exceptionnels, le résultat net part du groupe aurait progressé de 11,3%. En plus de la première application de l’IFRS 16, ces éléments concernent l’application du nouvel impôt sur la cohésion sociale au Maroc (2,5% du résultat fiscal), ainsi que l’impact des retraitements IFRS relatifs à l’augmentation de capital réservée aux salariés et réalisée en décembre.
De son côté, le groupe Crédit Agricole du Maroc annonce également la réussite du passage à la nouvelle norme IFRS 16. Ses immobilisations corporelles ont augmenté durant ce premier trimestre à 7,12 MMDH, en raison de l’intégration des 411 MDH de droits d’attribution. Le passif quant à lui a atteint 2,09 MMDH, comprenant ainsi une dette locative de 410 MDH. Niveau performance, le groupe CAM poursuit dans la même tendance qu’en 2018. L’encours des crédits a augmenté au terme de ce premier trimestre de 12% à 81 MMDH. L’épargne collectée s’est élevée de son côté de 8% à 79 MMDH. Le produit net bancaire affiche ainsi une progression de 8% à 740 MDH. Une performance qui est due à l’effet conjugué de l’augmentation de 9% pour chacune de la marge d’intérêt et de la marge sur commissions. Dans la même lignée, le résultat net consolidé s’est apprécié de 1% alors que le RNPG a progressé de 4% à respectivement 156 et 168 MDH. Seules ces banques ont pu communiquer sur l’impact de l’entrée en vigueur de cette norme IFRS 16. Elles ont tenu à rassurer le marché quant à leurs performances commerciales.
Au terme du premier trimestre 2019, les principaux agrégats financiers de BMCE BOA font apparaître une hausse de 1,2% des crédits à la clientèle consolidés à 181,5 MMDH. Les dépôts consolidés, quant à eux, se sont appréciés de près de 1% à 194,3 MMDH. Au niveau opérationnel, le Produit net bancaire s’élève à 3,34 MMDH en progression de 3,58%. Le résultat d’exploitation a affiché une hausse de 4,54% à 926,87 MDH. Le résultat net ressort, quant à lui, à 692,96 MDH en repli de 0,44% par rapport au premier trimestre 2018 alors que le RNPG s’est établi à 454,401 MDH, en hausse de 3% par rapport à la même période de l’exercice précédent. Quant à la Banque Centrale Populaire, son RNPG a atteint 680,1 MDH en hausse de près de 1,9%au terme de ce premier trimestre. Le résultat net consolidé s’est élevé de 2% à 768 MDH. Le produit net bancaire s’est établi, quant à lui, à plus de 4,2 MMDH, soutenu par la bonne performance des activités au Maroc, comme à l’International. Le premier trimestre de la société générale Maroc a été marqué par l’explosion de 103% de son RNPG à 323 MDH dans un contexte de forte baisse de son coût du risque. Le PNB consolidé s’est élevé de son côté de 14,4% à 1,2 MMDH.