Maroc

Entre opticiens et ophtalmologues, c’est la guerre des tranchées

Le bras de fer entre ophtalmologistes privés et opticiens marocains s’intensifie. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase n’est autre que le communiqué publié par le Syndicat national des ophtalmologistes libéraux (SNOL) et adressé au chef de gouvernement, pour le retrait de l’article 6 du projet de loi 45-13 qui autorise les opticiens à pratiquer la réfraction (mesure de l’acuité visuelle).

Cette action entreprise par les ophtalmologues du secteur privé par laquelle ils accusent les opticiens de pratique illégale de la médecine, a titillé le Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc (SPNOM).

Contactée par LesECO.ma, Mina Ahkim, en sa qualité de présidente du (SPNOM), affirme que “les accusations des médecins sont vides de tout fondement. Il faut distinguer les métiers de la Santé des métiers de la médecine. Un amalgame que tentent d’appuyer les ophtalmologues marocains pour semer la confusion chez les patients”.

“Nous offrons aux patients une prestation dans la limite de ce que la loi nous autorise à pratiquer, à savoir la mesure de l’acuité et l’équipement en lunettes. Nous pratiquons notre métier dans ces conditions depuis 65 ans maintenant et il n’y a jamais eu de problème à ce niveau”, appuie Mina Ahkim.

80 pays dans le monde autorisent la pratique de réfraction par les opticiens, une pratique reconnue par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), comme science à part entière, séparée de la médecine.

Ceci dit, les opticiens restent obligés de rediriger les patients vers des ophtalmologues, en cas de maladies ou pathologies. “Nous travaillons en coordination avec les ophtalmologues depuis toujours. Cela ne fait pas de nous des auxiliaires, comme le prétendent certains médecins. Nous agissons dans le cadre d’un métier à part entière, qui est régi par des lois et des stratégies claires. Nous dénonçons toute forme de dénigrement prononcé par les ophtalmologues à l’égard de notre secteur”, s’indigne la présidente du Syndicat professionnel national des opticiens du Maroc.

Au Maroc, on compte 1.200 ophtalmologues et 4.000 opticiens. Une carence que les lunetiers tentent de réduire en offrant des services, comme la mesure et le dispositif opticien, aux patients présentant des déficiences visuelles mineures pouvant être corrigés par le port de lunettes sans consultation médicale.

“Nous avons peu d’ophtalmologues au Maroc. 1.000 médecins ne peuvent pas couvrir tout le royaume, cette carence se fait sentir à la durée de rendez-vous proposée à certains patients, qui peut aller jusqu’à un an et demi, je vous parle d’un exemple vivant à Ouezzane. Cette personne n’a-t-elle pas le droit à des lunettes avant son rendez-vous?”, s’interroge Mina Ahkim.

Les médecins interviennent armés de la loi 131-13 relative à l’exercice de la médecine, pour contrebalancer le projet de loi 45-13 qui reprend de manière fidèle l’article 5 du dahir 1954 régissant la profession d’opticien. Les ophtalmologues déclarent ainsi six grèves, pour faire valoir leurs revendications et supprimer le droit de réfraction aux lunetiers marocains. “Nous ferons tout pour défendre notre cause avec des justifications issues des expériences de notre secteur. Ce seuil, franchi par les médecins, suite aux pratiques illégales de la publicité par certains opticiens, ne doit pas affecter les personnes travailleuses et sérieuses du secteur. Les tribunaux peuvent bien régler ce genre de dépassement”, déclare la présidente du (SPNOM).

Un bras de fer pour avoir le monopole de l’activité, telle est l’explication que donne le syndicat des opticiens à cette démarche entreprise par les ophtalmologues marocains “qui ne tiennent pas compte de la crise du secteur de la Santé que connaît le Maroc, et agissent en créant une polémique vide de sens ”, dénonce Mina Ahkim.



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