Valorisation des déchets. Que prévoit la nouvelle stratégie nationale ?
Aidé par le groupement de cabinets d’études «MEVAC & ECI» et la coopération technique allemande (GIZ) dans le cadre du projet Gouvernance environnementale et climatique – ProGEC, le Secrétariat d’État chargé du développement durable a présenté une stratégie qui changera complètement la donne dans la gestion des déchets dans 10 ans.
Après Aziz Rabbah, ministre de l’Énergie, des mines et du développement durable, qui a présenté les potentialités de la biomasse au Maroc il y a deux semaines, c’était au tour de Nezha El Ouafi, secrétaire d’État chargée du développement durable (SEDD), de rendre sa copie sur le potentiel de réduction et de valorisation des déchets dans le royaume, lundi 11 mars à Rabat. El Ouafi a elle présenté une stratégie qui changera complètement la donne dans la gestion des déchets au Maroc dans 10 ans. Dénommée Stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets (SNRVD), elle devrait permettre la création de 25.000 emplois, la contribution à hauteur de 2% au PIB et l’amélioration de la compétitivité nationale de 2 points.
La Stratégie nationale de réduction et de valorisation des déchets s’est fixée comme défi de contribuer à dynamiser l’économie nationale en créant 25.000 emplois, ajouter du PIB et améliorer la compétitivité de 2 points dans un délai de 10 ans. Pour cela, la SNRVD s’appuie sur huit axes stratégiques déclinés en plusieurs actions:
1- Renforcement du cadre législatif et réglementaire relatif à la réduction-valorisation des déchets.
2- Renforcement du cadre institutionnel.
3- Financement de la gestion durable des déchets.
4- Promotion de la réduction des déchets.
5- Développement d’une économie circulaire favorable à la création d’emplois verts.
6- Soutien à la planification et à la performance territoriale.
7- Promotion de la recherche et du développement.
8- Communication, sensibilisation et éducation citoyenne.
Dans l’axe 2 portant sur le renforcement du cadre institutionnel, par exemple, la stratégie envisage deux actions phares : la mise en place d’une entité opérationnelle à portée nationale responsable de la gestion durable des déchets dotée d’une autonomie financière (exemple : une agence nationale) et l’amélioration de la coordination et de la concertation entre les différents acteurs impliqués dans la gestion des déchets (acteurs institutionnels, territoriaux et privés) en vue d’optimiser la territorialisation de la gestion des déchets et de promouvoir l’économie circulaire.
Autre exemple, dans l’axe 3 consacré au financement de la gestion durable des déchets, la stratégie prévoit de déployer quatre actions, à savoir le déploiement de nouveaux instruments financiers dédiés à la gestion durable des filières des déchets (Écotaxe, redevance, contribution ; application de la REP, etc.), la création d’un cadre attractif à l’investissement dans le domaine de la gestion et la valorisation des déchets (aides financières et avantages fiscaux), l’appui des collectivités territoriales pour assurer le tri sélectif des déchets et le renforcement des partenariats public-privé en faveur de la gestion et la valorisation des déchets.
En attendant d’activer tout ce dispositif, «ce qui se fera avec la participation de toutes les parties prenantes», insiste Nezha El Ouafi qui prône «une gestion mutualisée des déchets», les promoteurs de la stratégie ont trouvé un raccourci pour la rendre rapidement opérationnelle. Ces derniers l’ont en effet aligné aux stratégies, plans et programmes en cours de mise en œuvre.
Il s’agit notamment du Programme national des déchets ménagers (PNDM) qui a pour objectifs d’assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers pour atteindre un taux de collecte de 90% en 2020 et 100% en 2030, réaliser des centres d’enfouissement et de valorisation des déchets ménagers et assimilés au profit de tous les centres urbains, réhabiliter les décharges sauvages et développer des filières de «tri-recyclage-valorisation».
En matière de réduction des déchets à éliminer dans les décharges contrôlées et d’amélioration du taux de recyclage-valorisation, l’un des deux objectifs stratégiques de la SNRVD, il sera question de relever les taux de recyclage des DMA de 6% en 2015 à 20% en 2030, des DI (de 12% en 2015 à 25% en 2030), les taux de recyclage par filière (Exemple : plastique 25% en 2015 à 70% en 2030), le taux de valorisation énergétique des déchets de 1% en 2015 à 10% en 2030, etc.
Par ailleurs, dans la cadre du second objectif stratégique de la SNRVD, à savoir la création d’emplois verts durables, il est prévu de porter le nombre de centres de tri opérationnels dans les CEV (décharges contrôlées) de 1 en 2015 à 25 en 2030, le nombre d’unités industrielles de traitement et de valorisation des déchets de 20 en 2015 à 50 en 2030, le nombre de conventions signées entre l’État et le secteur privé (de 5 en 2015 à 15 en 2030) et le taux de formalisation des chiffonniers de 5% en 2015 à 50% à 2030, ceci pour lutter contre l’informel qui gangrène la filière des déchets.