Éco-Business

Fuite des cerveaux. 6.000 nouveaux informaticiens pour colmater la brèche

Ce n’est pas une révélation. Au total, plus de 600 ingénieurs marocains quittent le pays chaque année. Pour tenter d’apporter une solution à la fuite des cerveaux marocains, l’Apebi en collaboration avec l’Anapec lancent un programme de formation rapide de 6.000 informaticiens. S’y ajoute le recours aux ingénieurs étrangers pour combler la rareté. 

Une véritable hémorragie ! Les grands opérateurs IT estiment que trois entreprises étrangères viennent au Maroc tous les 15 jours pour recruter une dizaine d’ingénieurs marocains. «Au total, plus de 600 ingénieurs marocains quittent le pays chaque année», a révélé lundi dernier la présidente de la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (Apebi), lors d’une conférence de presse organisée conjointement avec l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (Anapec). Résultat, il y a un manque de ressources humaines dans le secteur des nouvelles technologies au Maroc. Pour faire face à cette situation «inquiétante», les deux institutions ont imaginé un programme de promotion de l’emploi salarié.

Ainsi, pour juguler la rareté et après avoir alerté sur le préjudice de cette fuite des cerveaux, les professionnels, appuyés par le gouvernement, ont décidé de passer à l’action. Il s’agit en fait de plusieurs actions qui consistent dans un premier temps à reconnaître que le digital et l’informatique sont aujourd’hui deux métiers sous tension et de procéder ensuite à la simplification des processus de recrutement des ingénieurs étrangers ainsi qu’au lancement d’une nouvelle offre de formation gratuite dédiée aux diplômés marocains bac+3 des filières scientifiques. Concernant l’assouplissement des procédures de recrutement des ingénieurs des pays d’Afrique et d’Europe, les délais d’obtention du visa de contrat de travail ont été réduits à 48 h en lieu et place d’un mois voire plus.

Dans la même foulée, la facturation pour ces catégories de recrutements est passée à 1.500 DH contre 5.000 DH auparavant. Une condition cependant, les entreprises intéressées doivent formuler une demande de recrutement en ligne ou contacter une agence de l’Anapec pour lancer la procédure. Pour ce qui est de l’offre de formation intitulée CQP (Certification de qualification professionnelle), elle est étalée sur neuf mois dont six en formation théorique et basée sur la rencontre entre l’étudiant et le formateur et/ou à distance. À cela, il faut ajouter trois mois au sein d’une entreprise adhérente au dispositif. Le programme qui évoluera au fur et à mesure de la hausse de la demande du secteur comprend cinq unités telles que les techniques et normes, services, systèmes d’information et langages, méthodes, etc. Un win-win qui n’engage en rien l’entreprise qui prendra en charge la formation du candidat.

«S’il devait y avoir un engagement, ce serait uniquement un engagement moral mais je crois que si une entreprise forme des tuteurs et accueille des stagiaires pendant neuf mois en alternance, c’est parce qu’elle a besoin de recruter», a estimé Saloua Karkri Belkeziz.

Il est à noter qu’il revient à l’Anapec de payer la facture de cette formation à hauteur de 24.000 DH par personne. «Nous avons un budget pour assurer une formation de 4.000 informaticiens. Tout dépendra de la capacité d’absorption du secteur», rassure le directeur général de l’Anapec, Abdelmounime El Madani.

Le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que d’autres institutions devront également mettre la main à la poche pour participer au financement de ce programme de formation, ouvert deux fois par an dans toutes les régions du royaume avec dans un premier temps Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Sous-Massa, Fès-Meknès et Tanger-Hoceïma-Tétouan. «De toute façon, l’argent au Maroc, ça n’a jamais été un problème. Il suffit juste d’avoir de bonnes idées et un projet bien ficelé pour obtenir les financements nécessaires», précise la patronne de l’APEBI.


Abdelmounime El Madani
Directeur général de l’Anapec
Nous avons un budget pour assurer une formation de 4.000 informaticiens. Tout dépendra de la capacité d’absorption du secteur. 

Saloua Karkri Belkeziz
Présidente de l’Apebi
S’il devait y avoir un engagement, ce serait uniquement un engagement moral mais je crois que si une entreprise forme des tuteurs et accueille des stagiaires pendant neuf mois en alternance, c’est parce qu’elle a besoin de recruter.


Les engagements de l’ANAPEC

Au total, 2.000 diplômés bac+3 scientifiques seront disponibles immédiatement, selon les chiffres de l’ANAPEC. L’objectif affiché par l’APEBI, c’est la formation de 6.000 ingénieurs, dont 500 dans chacune des 12 régions du Maroc. La sélection des candidats, le suivi de l’insertion des bénéficiaires, la certification des centres de formations et des formateurs ainsi que la remise aux lauréats des certificats de qualification professionnelle seront assurés par l’ANAPEC en collaboration avec des centres de formation pour les développeurs à l’image du programme de 10.000 codeurs.



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