Éco-Business

Modèle de développement. La confiance, un “deal-breaker” selon Baraka

Pour le SG de l’Istiqlal, la crise de confiance ne se limite plus aux institutions et acteurs élus mais également aux opérateurs économiques. 

Depuis son accès au Secrétariat général du parti de l’Istiqlal, l’ancien président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nizar Baraka, positionne sa formation dans le grand débat national lancé par le souverain autour de la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Invité mercredi 13 février à Casablanca par l’Alliance des économistes istiqlaliens afin de débattre des freins éventuels à la croissance, l’ancien ministre de l’Économie et des finances explique ainsi que la confiance est considérée comme le premier «deal-breaker» entre les citoyens et les institutions élues. La campagne de boycott qui a secoué autant les acteurs économiques que politiques a posé la problématique avec acuité. En effet, l’efficacité du marché repose largement sur la confiance mutuelle. La division du travail, l’expansion du commerce et des marchés créent autant d’opportunités d’investissements et d’échanges qui constituent les sources de la croissance du revenu, néanmoins pour que ces opportunités puissent se réaliser, un minimum de confiance doit unir les partenaires de l’échange. En effet, il existe très souvent une différence d’information, un laps de temps ou une distance géographique qui peuvent donner l’opportunité à l’une des parties de profiter de l’échange aux dépens de l’autre. La propension à commercer avec les autres, qu’il s’agisse de fournir un travail, d’investir ou d’acheter un bien dont la qualité n’est pas immédiatement vérifiable, est conditionnée par la croyance dans le fait que les autres honoreront leurs contrats.

Ainsi la défiance est susceptible de réduire l’efficacité du fonctionnement de l’ensemble des secteurs de l’économie. Naturellement, il est possible de pallier le déficit de confiance spontanée grâce à des règles formelles. Toutefois, leur mise en œuvre est coûteuse. La défiance agit en ce sens comme une véritable taxe sociale sur l’activité économique. C’est de ce constat qu’est parti l’Istiqlal pour sa première rupture : «Passer d’une société basée sur l’intermédiation, les avantages et les formes de privilèges à une société de droit garantissant l’équité». Le détenteur de la décision publique devra, à son tour, élaborer des lois plus souples, plus fluides et moins restrictives, accordant davantage de confiance au citoyen et aux opérateurs et permettant ainsi à l’initiative et l’innovation de s’exprimer pleinement.

En effet, à partir de comparaisons internationales, il est facilement démontrable que les pays qui réglementent le plus l’entrée sur le marché des biens sont également les pays où le niveau de défiance envers les autres est le plus élevé et de façon plus paradoxale, les pays qui réglementent davantage sont également les pays où les citoyens se défient le plus et vis-à-vis de leur gouvernement et de leurs institutions. Cette défiance n’est pas sans raisons. «Cette perception est exacerbée par le développement de la corruption et du clientélisme dont les manifestations visibles sont fortement et abondamment relayées à travers les réseaux sociaux. Par exemple, les citoyens considèrent toujours que seules les interventions permettent d’accéder à l’emploi public malgré la généralisation des concours, il en est de même pour un rendez-vous à l’hôpital quelle que soit la gravité de la maladie. Parallèlement à cela, la multiplication des affaires liées à la mauvaise gestion des deniers publics, la connivence entre la réglementation et les intérêts des grandes fortunes et la perception d’une application à deux vitesses de la loi selon que l’on soit puissant ou misérable renforce la défiance du citoyen vis-à-vis de la responsabilité publique», expliquent les istiqlaliens.

Dans ce contexte, plus de 90% des victimes renoncent à recourir à la justice pour faire valoir leurs droits. De surcroît, le corpus de lois réglementant notre pays est dense, complexe et souvent inadapté à la réalité sociale. Une loi passe généralement plusieurs années dans le circuit législatif sans être pour autant effective car les décrets et les moyens permettant son application font défaut. De ce fait, de larges pans de la législation sont inapplicables dans les faits et sont bafoués au quotidien. À titre d’exemple, on peut citer l’amende instaurée récemment à l’encontre des piétons traversant en dehors des passages réservés ou la loi concernant les employés de maisons. 


Retrouver une vision à long terme

Pour relancer le développement économique, l’Istiqlal propose de retrouver une vision à long terme : «L’une des principales faiblesses de notre dynamique de développement actuelle est la déperdition des efforts et des moyens qui sont de plus en plus mobilisées pour tenter d’apporter des réponses aussi urgentes que provisoires à des foyers de crises en l’absence d’anticipation et  de vision stratégique de long-terme». Selon Baraka, «l’approche actuelle est non seulement coûteuse économiquement puisqu’elle est de nature à favoriser la culture de l’improvisation et du provisoire mais elle a également un coût social non négligeable où la protestation devient, aux yeux de la population, le seul moyen qui permette d’obtenir des réalisations palpables impactant sa vie quotidienne. Les dernières protestations enregistrées dans les provinces d’Al Hoceima, de Jerada ou de Zagorasont des limites de cette approche».



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