Aéroport de Casablanca. À bâtons rompus avec l’architecte du Terminal 1

Le Terminal 1 de l’aéroport Mohammed V a été inauguré le 22 janvier par le roi Mohammed VI. Jeudi 30 janvier, les médias nationaux ont été invités à découvrir cette plateforme qui propulse l’aéroport de Casablanca dans la cour des grands. Ce bijou architectural est signé Azzedine Baddou, architecte en charge du projet.
Vous avez un appareil-photo à la main. Vous faites des clichés de temps en temps; on dirait un reporter-photographe alors que vous êtes architecte. Un architecte inconnu du grand public et, pourtant, c’est à vous qu’on doit le nouveau terminal de l’aéroport de Casablanca. Qui est Azzedine Baddou ?
Je suis architecte passionné de peinture et de photographie. Après mes études en France, j’ai failli enseigner, mais le travail sur le train était très tentant. Je travaille en maquette et j’adore le côté manuel. La patte de meuble fait également partie de mes spécialités. C’est vrai que je ne suis pas très connu au Maroc… et je ne cherche à pas être célèbre. Tout ce qui compte pour moi, c’est le travail que je fais. J’ai ouvert de nombreux ateliers. J’expose dans de nombreux lieux.
Vous vous montrez modeste alors que vous venez d’ériger un grand édifice… Parlons de votre atterrissage à l’aéroport de Casablanca. De quoi est-il le nom ?
Il fait suite à plusieurs événements. Le projet n’est pas venu «tout seul». J’ai la chance de collaborer avec le management de l’aéroport de Casablanca depuis 2004. Nous avons débuté avec de petits projets ponctuels de décoration. Ensuite, on m’a proposé un deuxième contrat pour des agencements particuliers liés à la sécurité des bâtiments de l’aéroport. La confiance s’est installée petit à petit et, en 2008, il fallait passer à quelque chose de plus important.
Et là, on vous confie le projet de rénovation et d’extension du Terminal 1. Un bâtiment doté d’une capacité d’accueil de 7 millions de passagers par an. Un sacré challenge, non?
C’est important pour un architecte de s’engager dans un tel projet qui, une fois finalisé, va être visité par 14 millions de personnes par an. C’était donc pour moi un vrai challenge, d’autant plus que le bâtiment est emblématique pour Casablanca. Enfin, j’espère qu’il le sera. Nous avons mis un an à construire la maquette et tout ce qui va avec. Mais pendant dix ans, je me suis appliqué à être là quatre jours par semaine, à être présent dans tous les coins et recoins.
Comme vous venez de le souligner, ce projet a été un vrai challenge pour vous. Du coup, vous est-il venu à l’esprit de faire du benchmarking ?
L’inspiration était déjà là, mais j’ai eu à visiter les aéroports de Barcelone, Dubaï et Madrid.
Avec qui avez-vous travaillé pour ce projet ?
Durant tous les travaux du terminal, j’ai travaillé avec quatre architectes qui font partie de mon cabinet.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
De le finir (rires).
Avez-vous dû corriger ou supprimer certains détails du projet, à un moment donné ?
Nous avons apporté beaucoup de changements au projet initial. Dans un premier temps, nous avions prévu de faire un terminal avec une arrivée au niveau zéro et un départ au niveau 1. Finalement, le concept a été complètement changé. C’est plutôt l’inverse, aujourd’hui. Le client voulait s’adapter aux normes internationales, adapter la structure à un certain nombre d’éléments, ce qui incluait les volets technique, esthétique et matériel. Il faut rappeler que nous avons hérité d’une partie de l’ancien bâtiment qui était en structure métallique alors qu’il fallait trouver des solutions concrètes aux problèmes qui se posaient. Il y a eu de nombreux aller-retours.
Il y a aussi eu de nombreux retards. Était-ce dû à ces allers-retours ?
Les raisons sont multiples. Il y a eu des changements de programme. On partait d’une direction à une autre. Mais dès la nomination de Abdelhak Mazour en tant que directeur de l’aéroport Mohammed V, les choses ont commencé à s’accélérer. D’ailleurs, le projet a été redéfini.
Le projet a été livré après de nombreuses années de travaux. Quel est le sentiment qui vous anime aujourd’hui ?
Je me sens plus Marocain après avoir réalisé ce projet qu’au moment de m’y engager, il y a dix ans. Visiblement, tout le monde est satisfait, même au plus haut niveau de l’État. J’ai reçu de nombreuses félicitations.
Quels sont vos projets futurs ?
Nous avons un projet au niveau de la zone centrale de l’aéroport de Casablanca. C’est un projet assez complexe en ce sens qu’il faudra tenir compte de toutes les valeurs que l’on a en périphérie, les différents bâtiments et les hauteurs notamment. Les plans ont déjà été livrés, et les travaux devraient en principe commencer ce lundi 4 février. Je m’attaquerai ensuite à la tour T3 de l’aéroport… avant de prendre ma retraite.